Trois associations de défense de l'environnement ont déposé un recours contre le projet de ferme éolienne en mer d'EDF de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) auprès de la cour d'appel administrative de Nantes. Elles estiment que l'impact environnemental n'a pas été correctement évalué et demandent que le parc soit éloigné des côtes.

Les trois premiers parcs éoliens offshore français, tous pilotés par EDF Energies Nouvelles, avaient reçu le feu vert des préfets de région au début du mois de juillet 2016. Cette autorisation d'implantation et d'exploitation avait ouvert la voie à des recours qui, dans le cas de Saint-Nazaire, devaient être déposés au plus tard le 25 juillet. Trois associations ("Prosimar" de Pornichet, "GRSB" de La Baule et "Aspen" du Pouliguen) ont saisi cette opportunité et déposé un recours "en début de semaine dernière, auprès de la cour d'appel administrative de Nantes", a indiqué à l'AFP Alain Doré, coordinateur du collectif "Défense de la mer", hostile à l'installation de 80 turbines Haliade à 12 km des côtes.

 

Homard m'a tué

 

Les opposants affirment que l'étude d'impact a été insuffisante, que l'enquête publique a été entachée d'irrégularités et que le parc éolien porterait finalement atteinte à l'environnement. En conséquence, ils réclament "qu'on étudie une alternative pour déplacer le projet plus au large, de 5 à 10 km", afin de le sortir du banc de Guérande, une zone que les associations souhaitent préserver pour sa biodiversité. Des études néerlandaise et allemande démontraient pourtant, en 2011 et 2013, que bien loin de constituer une nuisance pour la faune et la flore marine, les éoliennes offshore offraient en fait un espace de préservation pour les espèces - en particulier pour les moules et les homards - la pêche et la circulation de grands navires étant interdite entre les machines pour des raisons de sécurité maritime. L'éloignement pur et simple des turbines sur fondations apparaît d'autant plus difficile qu'il faudrait mener une nouvelle campagne de sondage du plancher océanique et augmenter la profondeur d'installation des machines, des opérations qui entraîneraient retards et surcoûts.

 

Outre cette préoccupation environnementale, les associations se sont également émues de l'impact visuel des éoliennes, implantées à l'horizon, qui pourraient avoir des conséquences négatives sur l'attractivité des lieux et donc, indirectement, sur les revenus du tourisme. Mais là encore, des études avaient été menées sur des parcs déjà existants à l'étranger. Des membres de la commission s'étaient rendu à Ramsgate, dans le Kent (Royaume-Uni), où ils avaient constaté "à quel point cet impact visuel était susceptible de varier très rapidement au cours d'une même demi-journée, jusqu'à en faire disparaître en partie la vision", selon les conditions de luminosité et d'humidité de l'atmosphère. Les enquêteurs avaient ajouté : "Aucune étude, ni retour d'expérience, ne confirme la crainte que la présence d'un parc éolien en mer s'accompagne d'une dévaluation des biens et d'une chute de la fréquentation touristique".

 

 

Fécamp sera aussi visé par un recours

 

Le futur parc éolien de Fécamp (Seine-Maritime) sera sans doute le prochain à être visé par un recours, la date limite de dépôt étant fixé cette fois au 22 août 2016. La Fédération Environnement Durable a d'ores et déjà annoncé qu'elle rejoindrait celui qui est en cours de constitution. Là-bas, ce sont 83 éoliennes qui doivent être installées à 13 km du littoral. Pro et anti-éoliennes vont donc continuer à affuter leurs arguments pour s'affronter dans les prétoires. De son côté, EDF EN, qui prévoit d'investir environ 2 Mrds € par parc, attendra le premier semestre 2017 pour se lancer définitivement. L'entrée en service est prévue pour 2020, au plus tôt.

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