La préfecture du Haut-Rhin fait marche arrière : après avoir autorisé le défrichage du terrain destiné à accueillir un parc éolien au col du Bonhomme au mois de juin, elle a annoncé avoir engagé une procédure contradictoire préalable. Une décision qui fait suite au dépôt d'un recours par une association de défense de la faune qui s'inquiète pour les Grands Tétras, une espèce classée.

Le Grand Tétras (ou Grand coq de bruyère) va-t-il remporter son combat contre des moulins à vent ? Suite au recours déposé devant la Commission européenne par l'association "Sauvegarde Faune Sauvage 68", le ministère de l'Agriculture a demandé à la préfecture du Haut-Rhin "d'envisager le retrait" de l'arrêté d'autorisation d'implantation d'un parc éolien au col du Bonhomme dans les Vosges. La Commission européenne s'inquiétait en effet de la proximité entre les installations de production d'électricité et d'une zone de présence du gros volatile. La préfecture avait pourtant autorisé, au mois de juin, le défrichement du terrain de 2,78 hectares, une "première étape en vue de l'implantation d'éoliennes", cinq en tout, d'une puissance unitaire de 2,3 MW. Mais cette première décision ne préjugeait pas de l'obtention des autres autorisations nécessaires. Les services de l'Etat ont donc lancé la "procédure contradictoire préalable au retrait de l'arrêté préfectoral" du 12 juin 2013. Selon le ministère de l'Agriculture : "L'étude d'impact du dossier de défrichement présente des insuffisances".

 

Défenseurs des oiseaux contre partisans des énergies renouvelables
Grand Tétras
Grand Tétras © Nudelbraut - Wikimedia
La société d'exploitation du parc éolien du col du Bonhomme dispose donc de 10 jours pour faire valoir ses observations et remettre son projet sur les rails. Du côté de l'association écologiste, Jean-Paul Burget, son président, déclare à l'AFP : "On est satisfait : il faut que les directives européennes soient appliquées en France", faisant référence aux directives "Oiseaux" 2009/147/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009, notamment motivées par la préservation des espèces vulnérables. Le maintien du projet pourrait enclencher des poursuites devant la justice européenne avec un risque d'amende pour la France qui aurait laissé se monter le parc éolien privé.

 

De leur côté, les élus du secteur, qui étaient favorables à l'implantation des éoliennes, expriment leur mécontentement : "Tous les experts consultés disent qu'il n'y a pas de danger pour le Grand Tétras", explique Roger Bleu, le président de la communauté de communes de la vallée de Kaysersberg. "Il faut savoir ce que l'on veut : on ne peut pas dire qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique et s'opposer aux énergies renouvelables". La bataille va donc se poursuivre entre défenseurs de la faune et… partisans de la transition énergétique.

 

actionclactionfp