Un premier immeuble sans clim ni chauffage sera inauguré en France en 2025

 

Elle a déjà fait ses preuves en Autriche tout d'abord, puis en Suisse. Le premier bâtiment de ce type a 8 ans et offre un recul suffisant pour évaluer le succès de la démarche, "surtout dans le tertiaire", admet Anne Speicher, architecte managing partner. En effet, les bureaux permettent un pilotage plus facile en raison d'une maîtrise des flux d'énergie et des occupants : "Dans les logements, il y a encore des inconnus de comportements que nous ne savons pas mesurer. C'est d'ailleurs pourquoi nous préconisons un chauffage d'appoint", ajoute l'architecte. Des logements, c'est ce dont il est question dans le projet lyonnais baptisé "Essentiel" qui pourra bénéficier de l'analyse des datas de retours d'expériences précédents actuellement en cours. Porté par le promoteur Nexity, le programme, dont le coût de construction tourne autour de 2.000 euros HT pour la superstructure, proposera des appartements allant du 2 au 5 pièces.

Une enveloppe super performante

Ici, pas de pompes à chaleur et autres systèmes de double flux… mais une enveloppe performante visant à protéger de la surchauffe et limiter les déperditions thermiques. En été, l'épaisseur des parois permettra la régulation de la température, et selon les calculs du cabinet elle ne devrait pas dépasser 28° ; en hiver, elle favorisera l'inertie et la capacité de stockage de la chaleur et rayonnement. "Les parois fonctionnent comme un accumulateur et retiennent la chaleur produite par les activités des habitants", explique l'agence. Côté matériaux, en façade, on trouve des briques monomur de 60 cm avec isolation en fibre de bois dans les capillaires, un enduit à la chaux et le socle sera en béton. Quant à la toiture, elle sera constituée des panneaux solaires photovoltaïques.

 

 

Les grandes ouvertures disposeront d'un triple vitrage pour profiter de l'éclairage naturel et des apports solaires. Enfin, les ouvrants seront automatisés afin de réguler la ventilation naturelle, la qualité de l'air intérieur, le contrôle du taux de CO2, l'hygrométrie et la température : "Il y aura des capteurs un peu partout afin d'ajuster les mouvements des volets en bois" qui s'ouvrent et se ferment selon un algorithme, note l'architecte, soulignant que cela ne sera presque pas perceptible par les foyers. Elle tempère toutefois un point : "Nous avons tout de même équipé les pièces sanitaires d'une ventilation double flux". Une petite dérogation que l'on retrouve également pour le chauffage puisque les appartements seront dotés de systèmes d'appoint raccordés au réseau de chauffage urbain. "Le logement travaille avec la chaleur humaine et les usages. C'est pourquoi nous avons opté pour un chauffage d'appoint. Notre concept met les habitants et les citoyens au cœur de leur bâtiment. Ces derniers deviennent responsables de leur mode de vie", observe la conceptrice. Ils pourront et devront donc suivre leur consommation via une application.

 

Pour accompagner la démarche, un assistant à maîtrise d'usage effectuera un suivi de comportement de l'immeuble et ses habitants. Un retour est prévu après 3 ans d'occupation. Les architectes affichent un objectif ambitieux d'une consommation de 2 kWh/m²/an. Pour savoir si le pari sera réussi, il faudra patienter plusieurs années puisque les premiers habitants devraient emménager en 2025.