Aéroports de Paris (ADP) a choisi l'association RQE et onze de ses entreprises membres pour mener le premier chantier de rénovation "Zéro Carbone" de France, sur le site du Bourget. Diverses mesures seront mises en place pour limiter et compenser toutes les émissions de gaz à effet de serre lors des travaux sur les cinq hangars aéronautiques du premier aéroport d'affaires d'Europe.
C'est un signe du destin : alors que Paris va accueillir la grande conférence sur le climat au mois de novembre prochain sur le site du Bourget (Seine-Saint-Denis), c'est également ce haut-lieu de l'aviation qui doit profiter du premier chantier de rénovation "Zéro Carbone" de France. Aéroports de Paris a en effet choisi l'association Recherche Qualité de l'Environnement (RQE) pour mener à bien la rénovation des cinq hangars, conçus au début des années 1920 par l'ingénieur suisse Henry Lossier (voir encadré).
En tout, onze petites et moyennes entreprises du bâtiment participeront au projet qui doit avoir une empreinte carbone nulle. "L'association RQE est particulièrement fière de réaliser ce premier chantier totalement inédit en France, puisqu'elle est aujourd'hui la seule à pouvoir proposer aux maîtres d'ouvrage la possibilité de réaliser des travaux pour un impact carbone, et plus généralement environnemental, nul", précise Stéphane Carmine, porte-parole de l'association. Il poursuit : "L'intérêt de cette opération réside dans le fait qu'une filière entière d'entreprises s'organise pour additionner ses compétences, et propose des solutions permettant de réaliser des chantiers de rénovation à impacts négatifs réduits, et émanation de GES nulle".
Les émissions de CO2 seront fixées par des arbres malgaches
Diverses mesures seront mises en place afin de diminuer ces émissions durant l'exécution des travaux : les cantonnements notamment seront alimentés de façon autonome par des bouteilles de gaz et des panneaux solaires, et deux stations de nettoyage des outils et de traitement des déchets de peinture seront installées et également reliées à des capteurs photovoltaïques. Les divers produits utilisés ont été choisis pour leur faible impact environnemental (décapant, revêtements) et une attention particulière sera apportée à la prévention des troubles musculo-squelettiques ainsi qu'au respect des règles d'hygiène et de sécurité. Les déchets générés par le chantier seront triés et recyclés tandis que l'inévitable empreinte carbone sera compensée par une opération de reboisement à Madagascar.
Les cinq hangars en série ont été construits pour l'aérodrome civil du Bourget en 1921-1922 pour être loués aux compagnies aériennes souhaitant y abriter les premiers avions de lignes internationales. Chaque hangar devait pouvoir abriter six Farman Goliath. La conception a été confiée à l'ingénieur Henry Lossier qui avait construit, en 1917, le hangar à dirigeable d'Ecausseville (Manche). La voûte en béton armé est supportée par des poutres échelles avec un tirant pour reprendre les poussées latérales. Les fermes soutiennent des pannes et les tuiles "Minard" de béton armé. La couverture en tuile de béton a été remplacée par une forme de béton recouverte d'un produit d'étanchéité. En façade, le pignon ouvert dispose d'un auvent qui se prolonge latéralement pour soutenir et stocker les portes coulissantes. En 1932, les hangars ont été prolongés d'un atelier, portant leur profondeur à 60 mètres. Ils ont été endommagés en 1944 (verrières et toitures), mais leur structure a résisté.