UN PROJET/UNE PARTICULARITÉ. Dans la capitale danoise, l'architecte Dietmar Feichtinger conjugue design, urbanisme et transports doux. Il a imaginé une passerelle qui relie trois îles au cœur de la ville : deux de ses tabliers peuvent se redresser, afin de laisser passer les bateaux, et lui donnent un air de papillon. Découverte.
Copenhague présente un paysage urbain caractérisé par ses nombreuses îles, ses ponts et ses fronts de mer. L'autre trait dominant de cette capitale à échelle humaine est d'encourager l'utilisation des transports doux. L'usage du vélo est très répandu, grâce aux 400 km de pistes cyclables : près de la moitié des habitants se rendent à leur travail en pédalant. La municipalité espère même parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2025. Afin de faciliter les déplacements des piétons et cyclistes, une nouvelle passerelle a été jetée entre trois îles du quartier de Christianshavn. Adoptant la forme d'un "Y" géant, elle a été imaginée par Dietmar Feichtinger Architectes, à qui l'on doit déjà le pont-passerelle du Mont-Saint-Michel.
La spécificité du "Butterfly bridge" danois réside dans son mécanisme de bascule, qui concerne deux tabliers. Fixés à une plateforme commune, ils s'élèvent indépendamment afin de laisser passer les voiliers ou bateaux à moteur. L'agence d'architectes explique : "Lorsque les deux tabliers sont relevés simultanément, ils forment un papillon, une forme magnifique, d'une taille spectaculaire". Leur profil, très pur, contraste avec les bâtiments environnants, très classiques. "Les ponts, conçus pour les piétons et les cyclistes, offrent un maximum de transparence et de lumière", ajoutent les architectes.
Une structure métallique légère
La structure principale du pont est une poutre qui court tout le long de l'ouvrage. De forme trapézoïdale, elle est soudée hermétiquement, afin de lutter contre la corrosion. Quant au tablier, il est constitué de plaques minces orthotropes (dont les propriétés mécaniques sont différentes selon l'axe considéré). Les deux parties mobiles du pont ne disposent d'aucun contrepoids et sont mues par des vérins. La portée, depuis le point de pivot jusqu'à l'extrémité du tablier, dépasse les 23 mètres. Les points d'ancrage des vérins sont situés, pour leur part, à 5 mètres de l'axe de rotation qui est implanté sur l'îlot central d'où rayonnent les trois passerelles. En position fermée, les deux tabliers reposent sur les berges opposées, l'ouvrage adoptant alors une architecture cantilever aplatie.Le système de suspension est muni de roulements élastomères et d'amortisseurs hydrauliques. La zone où toutes les parties se connectent en une plateforme centrale repose sur trois couples de piliers en "V", toujours selon un schéma très léger et discret. Là encore, les concepteurs de l'ouvrage ont souhaité minimiser l'impact sur l'environnement. Situé à deux pas du Noma, le restaurant le plus renommé de la ville, la passerelle-papillon a été inaugurée au début de l'année, après presque trois années de construction.
Découvrez le pont papillon en images dans les pages suivantes.
Fiche technique
Commanditaire : ville de Copenhague
Architectes : Dietmar Feichtinger Architectes
Ingénierie : Wtm Engineers
Etudes aérodynamiques : Schippke
Dimensions : longueur totale 63 m ; tablier fixe 20 m ; tabliers basculants 24 m ; largeur 7,8 m
Calendrier : début de planification en juillet 2009 ; début de construction en mars 2012 ; inauguration en janvier 2015
Coût : 4,7 M€
Architectes : Dietmar Feichtinger Architectes
Ingénierie : Wtm Engineers
Etudes aérodynamiques : Schippke
Dimensions : longueur totale 63 m ; tablier fixe 20 m ; tabliers basculants 24 m ; largeur 7,8 m
Calendrier : début de planification en juillet 2009 ; début de construction en mars 2012 ; inauguration en janvier 2015
Coût : 4,7 M€
Eclairage
Transparence et éclairage étaient les deux caractéristiques recherchées par les architectes. On admire ici les passerelles de nuit, empruntées par les cyclistes.
Ilot central
La légèreté de la structure est visible sur ce cliché : l'îlot central repose sur des piliers en "V" et non sur un lourd ouvrage bétonné.
Les ailes se plient
Les deux tabliers se plient indépendamment pour laisser passer des navires sur les canaux. La forme, qui évoque deux ailes rigides, a donné son nom au pont.
Mécanisme
La coupe longitudinale du pont dévoile le mécanisme de basculement des tabliers, au moyen de vérins et sans le moindre contrepoids.
Poste de commande
La petite guérite dorée implantée à la base du "Y" est celle du pontonnier qui commande à l'ouverture/fermeture des tabliers.
Structure du tablier
La coupe transversale révèle la construction en caisson étanche du tablier et la légère asymétrie entre les deux chaussées (cycliste et piétonne).
Vue d'ensemble
Le pont papillon vu depuis l'ouest, à proximité du Noma.
Localisation
La passerelle triple est implantée au cœur du quartier de Christianshavn, un ensemble d'île connu pour son église, ses fortifications et le squat d'artistes autogéré Christiania.