Le Pavillon de l'Arsenal poursuit son travail entamé lors de l'exposition "Matière Grise", sur le réemploi des matériaux de construction, en bâtissant un "Pavillon circulaire" sur le parvis de l'Hôtel de ville de Paris. Cette structure d'accueil temporaire démontre la possibilité de réutiliser des objets, initialement destinés à la benne, et de leur offrir une seconde vie.

A l'approche de la COP21, le Pavillon de l'Arsenal érige un démonstrateur de construction durable, posé devant l'Hôtel de ville de Paris. Ce bâtiment d'accueil temporaire, qui restera ouvert pendant trois mois, accueillera un café solidaire, des débats, des projections, des ateliers pour les enfants et des spectacles, et a été conçu à partir de matériaux de récupération. La démarche s'inscrit dans la suite de l'exposition Matière Grise et fait appel aux mêmes concepteurs, les architectes du collectif Encore Heureux, Nicola Delon et Julien Choppin.

 

Ces derniers se sont astreints à respecter toutes les contraintes d'un ERP, en termes de bureau de contrôle, de bureau d'études ou d'assurance. Les deux architectes racontent : "L'ensemble des matériaux viennent de la ville, et ont été retraités par ses services techniques". La conception du "Pavillon circulaire", confortable et accessible, bien isolé et bénéficiant d'un bon apport de lumière naturelle, n'a pas été classique. Et, contrairement à son nom, il n'est pas circulaire mais rectangulaire… "Avant tout, il fallait trouver le gisement de matériaux. Les 180 portes, qui ornent l'extérieur, ont été trouvées en fouillant dans les stocks de la ville. Elles avaient été récupérées lors d'une opération de réhabilitation de logements dans le 19e arrondissement. Le dessin de calepinage a donc été conditionné par leurs dimensions", racontent Nicola Delon et Julien Choppin. Même chose pour l'isolant : "C'est de la laine de roche qui provient d'un entrepôt sinistré où une partie a été endommagée mais où 4.000 m² restaient utilisables. Nous en avons prélevé une partie", poursuivent-ils. Et tous les lots ont ainsi été traités de la même façon : le plexiglas provient de surplus de commandes, les plinthes sont des tasseaux réemployés, les sols ont été utilisés lors d'expositions et les luminaires sont d'anciens éclairages publics…

 

Paris Habitat intéressé par la démarche de réemploi

 

Les concepteurs estiment que, si une véritable économie circulaire n'est pas encore à l'ordre du jour dans le bâtiment et que les filières restent à développer, leur démarche sera bientôt aussi naturelle que l'auto-partage aujourd'hui. "Bientôt, il sera plus cher de mettre en décharge que de réutiliser. Après la parenthèse industrielle où l'on extrait, consomme et jette, on va retourner vers le réemploi des choses", déclarent les architectes d'Encore Heureux. Ils se félicitent d'ailleurs du lancement d'une réflexion chez Paris Habitat qui procédera au cloisonnement des caves au moyen de portes réemployées. "C'est nouveau pour les services de la ville, il y a des méthodes à trouver", préviennent-ils.

 

Environ 80.000 € d'achats de matières nouvelles ont tout de même été nécessaires, afin de compléter la récupération et les dons. "Les panneaux OSB de contreventement proviennent pour moitié de chutes mais l'autre moitié est neuve. Les câbles électriques, la visserie et la membrane d'étanchéité sont neufs, pour des raisons évidentes de sécurité ou d'efficacité", énumèrent les deux architectes. En tout, cinq semaines de chantier auront été nécessaires à l'assemblage de cette structure à ossature bois, partiellement préfabriquée, sans colle, ni joints, afin de faciliter son futur démontage. Fidèle à la logique de réemploi, le pavillon ne sera pas détruit mais il sera démonté et remonté, à Porte d'Orléans, dans le 14e arrondissement parisien, où il sera mis à la disposition d'une association sportive, avec quelques ajouts techniques, notamment des sanitaires qui font aujourd'hui défaut à la construction. Les matériaux qui composent le pavillon n'ont donc pas fini de vivre…

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