Les ministres de l'Ecologie, de l'Energie et du Logement ont lancé mardi l'Observatoire de la précarité énergétique. Celui-ci doit définir un programme de travail, dans un pays où 3,4 millions de foyer consacrent plus de 10% de leurs ressources à leur facture d'énergie. Mais les associations de consommateurs doutent de l'utilité d'un tel observatoire. Dans le même temps, le prix du gaz doit bientôt augmenter de 5%.
Diminuer la facture énergétique et améliorer le confort de vie : c'est l'enjeu de l'Observatoire national de la précarité énergétique, lancé mardi conjointement par les ministères du Développement durable et de l'Energie. Actuellement, environ 3,4 millions de foyers consacreraient plus de 10% de leurs revenus à régler cette facture. «Ces situations ont des conséquences sociales, sanitaires et accentuent la dégradation des ménages». Tout aussi préoccupant, un Français sur dix (soit 6,5 millions) «a souffert du froid en janvier car il était mal chauffé», a indiqué la ministre du Développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet.
L'Observatoire national de la précarité énergétique se veut donc «un outil-clef au service d'une action efficace». Il réunit une quinzaine d'organismes spécialistes de l'habitat, de l'énergie et du bâtiment (Ademe, Plan bâtiment, GDF Suez, Fondation Abbé Pierre, Union sociale pour l'habitat…). Ensemble, ils devront notamment définir et caractériser la notion de précarité énergétique, identifier les zones les plus concernées, et assurer le suivi des aides financières apportées aux ménages précaires. «Cette connaissance précise permettra d'éclairer l'action publique et d'impulser des politiques innovantes», indique le ministère du Développement durable.
Mais pour la CLCV, «il est plus urgent d'agir que d'observer». L'association estime en effet que «les consommateurs n'ont pas besoin d'un énième observatoire mesurant des phénomènes de précarité, mais de moyens pour les prévenir». La CLCV souligne que «les causes sont largement identifiées : envolée des prix de l'électricité, du gaz, du fioul, des carburants mais également nécessité pour les consommateurs les plus modestes d'investir pour agir sur les causes de leur consommation», à savoir l'isolation des logements ou le changement de dispositif de chauffage. L'association de consommateurs réclame notamment la création d'un «dispositif global de solvabilisation des ménages, qui s'appliquerait à l'ensemble des phénomènes de précarité essentiels : eau, électricité, gaz et internet».
Parallèlement, les prix du gaz augmentent
Le prix du gaz a justement été abordé lors de la présentation de l'observatoire par le ministre de l'Energie, Eric Besson. Celui-ci a confirmé la hausse des tarifs pour les consommateurs, qui «sera en principe de 5%», à partir du 1er avril. «Cette hausse ne génère aucune marge supplémentaire pour le fournisseur : elle permet seulement de couvrir la hausse des coûts d'approvisionnement de notre pays en gaz», a indiqué Eric Besson. Une augmentation que dénonce UFC-Que Choisir, la trouvant «inacceptable d'un point de vue économique», d'une part parce que «le cours du gaz sur les marchés de gros sur lesquels s'approvisionne GDF Suez a fortement baissé ces dernières années», d'autre part car «GDF Suez a renégocié ses contrats d'approvisionnement pour qu'ils ne soient plus entièrement indexés sur les produits pétroliers», et donc n'augmentent pas aussi vite que le prix du baril.
Plus tard dans la soirée, Eric Besson a annoncé que le rabais pour le tarif social du gaz serait augmenté de 20%, et qu'il allait mettre en place, avec GDF Suez, une prime à la casse pouvant aller jusqu'à 250 euros pour le remplacement des chaudières anciennes.