Un nouveau bâtiment clinique à l'hôpital de la Croix-Rousse (diaporama)

 

Le nouvel édifice s'inscrit dans donc la continuité des bâtiments existants, qui datent de 1860. Selon l'architecte Christian de Portzamparc « (le) travail d'amplification géométrique et rythmique est le trait majeur par lequel la nouvelle construction va consacrer l'unité du site ». Ainsi, la création d'une grande terrasse établit le principe urbain qui unifie l'hôpital. Un axe nord-sud est créé, répondant à l'axe historique est-ouest, et reliant le plateau hospitalier à l'une des rues principales du quartier, la Grande Rue de la Croix-Rousse. Le plan unificateur relie également la rue Hénon (au sud du projet), destinée à devenir un mail piétonnier, à la Montée de la Boucle (au nord), une rue passante constituant l'un des principaux accès du quartier.

 

La construction du nouveau bâtiment médico-chirurgical a nécessité la démolition de deux bâtiments en 2005 et de nombreuses relocalisations. Le BMC se développe de la façon suivante : deux niveaux en sous-sol (parking de 200 places et locaux techniques) ; deux niveaux en rez-de-chaussée (accueil, consultations, urgences, imagerie, hospitalisation) ; un 1er étage (blocs opératoires, chirurgie ambulatoire, salle de réveil) ; un 2e étage (réanimation, nutrition) ; et trois étages supérieurs du 3e au 5e (services spécialisés : ophtalmologie, orthopédie, chirurgie générale, chirurgie digestive, hébergement).

 

Un hôpital moderne au cœur d'un site historique
Le terrain et son dénivelé naturel ont été utilisés : il a permis la création d'un socle habité abritant le service des urgences. Afin de dissocier les flux, le service bénéficie d'une entrée et d'une circulation indépendantes. Des patios ont été créés dans le socle afin d'amener de la lumière naturelle dans les locaux situés sous l'esplanade. Les abords ont fait l'objet d'une importante végétalisation : l'escalier monumental a été remis en état et les grands marronniers ont été conservés. A leurs côtés, plus de 200 nouveaux arbres ont été plantés, ainsi que 1.200 arbustes dans des massifs et des haies, avec 9.000 m² de pelouse. Une quinzaine de ces massifs, de 45 m² chacun, ont été créés et les neuf patios ont été plantés de plantes médicinales. La création d'une coulée verte nord-sud crée une interface entre la ville et l'hôpital.

 

Le projet établit une progression douce intégrant peu à peu la modernité architecturale dans le site, grâce au travail des matériaux. Très travaillées, les façades opposées (nord et ouest) sont traitées en béton architectonique à partir d'une matrice de béton coloré, coque protectrice qui protège le bâtiment du boulevard. La morphologie du bâtiment, en redans, établie le long de la façade ouest, créée une succession de repères. Elle permet de retrouver de la vue grâce aux patios et à des bow-windows orientés vers l'extérieur. Les fenêtres, trapézoïdales, asymétriques, sont une volonté de rupture franche de la part de l'architecte. Dans les chambres, un jeu de dièdres vitrés redonne des vues sur le paysage lointain aux patients, visibles même alité. La couverture en zinc rappelle également les toits anciens. Le BMC est prolongé par une extension moderne, en verre-métal, de forme prismatique. Et l'ensemble est relié par des passerelles aux édifices déjà existants, notamment le Centre de Biologie et de Pathologie ouvert en 2004 et situé au nord du site.

 

Christian de Portzamparc a été le premier architecte français à recevoir le prestigieux Prix Pritzker, en 1994. Il a formalisé le concept d' « îlot ouvert » s'opposant aux îlots qui ont dominé l'architecture depuis le 19e siècle : le « bloc haussmannien » (offrant une façade continue se refermant sur une cour intérieure) et le « plan ouvert » des grands ensembles aux bâtiments autonomes (où les immeubles ne s'orientent plus par rapport aux rues). Le projet d'extension de l'hôpital de la Croix-Rousse a été mené en prenant en compte tous les impératifs liés à l'utilisation du bâtiment (aspects médicaux et fonctionnels) ainsi qu'à son intégration dans le tissu urbain.