Inspirée des voiliers, l'éolienne "VoileO" imaginée et conçue par Charles Sarrazin et Sébastien Damageux, est un système léger innovant permettant de produire de l'électricité. Le premier exemplaire, qui a nécessité 5 ans de R&D, vient d'être installé au stadium du Littoral de Grande-Synthe.
Les éoliennes ne sont pas forcément d'immenses mâts de béton et de métal portant de grandes pales en fibre de verre. VoileO développe une autre vision, inspirée des technologies de la navigation à voile qui a été conçue au sein de l'Ecole des Mines de Douai et de l'Ensait de Roubaix (Nord), en partenariat avec des écoles d'ingénieurs de la région Nord-Pas-de-Calais. Ses concepteurs ont souhaité apporter une réponse aux critiques soulevées contre les turbines classiques, à savoir nuisance sonore, pollution visuelle, infrastructure lourde, démarches d'installation longues et complexes… "Charles Sarrazin, spécialiste de la mécanique, a eu l'idée d'une éolienne verticale à voiles il y a 6 ans. Il a construit un démonstrateur qui faisait 8 mètres de haut et 12 mètres de diamètre. Et il a été surpris par les premiers résultats, très encourageants. Il s'est alors lancé à la recherche de partenaires pour passer à une phase d'industrialisation et de commercialisation", nous explique Sébastien Damageux, directeur général de VoileO.
Plus efficace mais moins de nuisances
Après plus de 5 ans de travaux de recherche et développement, menés avec l'aide des incubateurs du Nord-Pas-de-Calais, le concept aboutit à l'installation, à Grande-Synthe du premier exemplaire d'éolienne à voiles. "Il y sera testé pendant quelques mois afin de recueillir des informations qui seront utiles pour la future version commercialisable", poursuit le directeur général. Techniquement, l'éolienne se présente comme un manège de voiles, offrant 200 m² de gréement pour une puissance de 75 kWc. En tout, douze "focs" (voiles triangulaires), répartis par groupes de deux, tournent autour d'un axe de 6 mètres de haut et génèrent le courant électrique. Un principe qui présente, selon ses promoteurs, plusieurs avantages.
"L'investissement offre une rentabilité supérieure à celle des éoliennes classiques car les douze voiles présentent une géométrie variable, contrairement aux pales rigides. Leur taille, leur tension et leur forme s'ajuste en fonction du vent grâce à un cerveau électronique qui gère leur enroulement suivant les indications d'un anémomètre. Ainsi, l'éolienne présente une grande surface et capte le moindre souffle d'air afin d'extraire l'énergie du vent, même faible", détaille Sébastien Damageux. "De plus, ce type d'éolienne bénéficie d'un montage simplifié, ne nécessitant pas de permis de construire car le mât est d'une hauteur inférieure à 12 mètres. Elle est livrée en kit, dans un gabarit qui lui permet un transport routier classique, sans convoi exceptionnel. Notre turbine n'est pas en béton mais en acier recyclable et ses voiles sont réalisées dans un matériau à base de PVC. Mais nous recherchons un nouveau matériau qui sera encore plus recyclable". Les voiles, qui ne sont pas exactement des voiles de bateau, généralement réalisées en Kevlar ou en Dacron, génèrent moins de bruit du fait de leur souplesse. "C'est un autre avantage de VoileO : l'installation de faible hauteur - moitié moins haute qu'une éolienne standard de puissance équivalente - n'émet aucun sifflement désagréable. Et le bruissement des voiles se propage moins loin", développe le directeur général.
Une solution pour les pays en voie de développement ?