Rare est de pouvoir établir un premier bilan d'une construction basse consommation. Pourtant, deux ans après sa mise en service, le lycée HQE Germaine Tillion (Rhône-Alpes), fait état d'un premier retour d'expérience. Impliqué dans le projet du début à la fin, l'architecte Michel Maurice tire déjà quelques enseignements. Détails.
Une première rentrée en 2008 avec des élèves de seconde, puis en 2009 avec des élèves de première, le lycée HQE Germaine Tillion, situé à la jonction des communes de Sain Bel, l'Arbresle et de Savigny (69), tourne à plein régime depuis la rentrée 2010.
Après plus de deux ans de fonctionnement, l'heure est donc au premier bilan. Afin de vérifier les objectifs énergétiques du site, un bureau d'études techniques a été mandaté par le maître d'ouvrage, la Région Rhône-Alpes. Au programme, effectuer des mesures contrôlant l'efficacité des solutions choisies : chaufferie bois, eau chaude solaire thermique, récupération des eaux de pluie pour l'arrosage des espaces verts, éclairage naturel et confort thermique.
Un retour sur expérience chiffré
Parmi les équipements passés au crible, on trouve la chaufferie bois dont l'objectif est de couvrir 80% des besoins énergétiques et qui atteint, au bout de deux ans, un taux de 75% : «Un bon résultat mais il reste à peaufiner certains paramètres pour optimiser l'appareil, dont la stabilisation des températures qui étaient au-dessus des normes et le combustible qui est, pour l'instant, trop humide», note l'architecte du projet, Michel Maurice. Outre le chauffage, la consommation d'eau chaude sanitaire, qui est surtout utilisée pour le réfectoire, est produite à 60% par des capteurs solaires thermiques : «L'objectif fixé est atteint», se félicite l'architecte, ajoutant qu'ils seront bâchés durant les mois d'été pour éviter les déperditions parasites. Enfin, concernant l'électricité, les résultats sont en cours d'étude.
Favoriser le rapport à la nature
Une fois l'aspect chiffré dévoilé, ceux du bien-être et de l'appropriation sont plus difficilement mesurables, toutefois le projet semble avoir l'adhésion : «J'ai rencontré les professeurs, certains proposent des visites du lycée aux parents d'élèves en abordant des questions de biodiversité liées au cadre de l'établissement», précise Michel Maurice. Pour ce dernier, il était important de favoriser et de valoriser le rapport à la nature, notamment pour les élèves, c'est pourquoi une douve en argile alimentée par les eaux de pluie et comprenant 2.500 plantes a été aménagée le long des façades : «Ici, une faune s'est construite», confie Michel Maurice : «De plus, un mix- boarder avec 4.500 plantes vivaces et aromatiques ont été étiquetées dans un souci pédagogique. Toutefois, on peut soulever un problème : ces espaces ont un coût supplémentaire pour le lycée car personne n'a de formation de jardinier au sein du personnel. Du coup, la proviseur doit faire appel à un prestataire». Quant aux élèves, s'il est difficile de savoir comment ils appréhendent réellement leur nouvel établissement, on peut noter qu'ils aiment se reposer dans les espaces verts ou encore organiser des événements sous le préau. Une manière de jouer et de reconfigurer les espaces et leur fonction : «Un lycée a un taux d'occupation de 15%, il faut donc penser à l'évolution des usages. Dans l'avenir, la modularité sera un enjeu majeur pour les établissements», conclut Michel Maurice.
Entrée du lycée Germaine Tillion
Le lycée Germaine Tillion est l'oeuvre de l'architecte Michel Maurice de l'Atelier de l'Arche. Il est situé à la jonction des communes de Sain Bel, l'Arbresle et de Savigny dans la Région Rhône-Alpes.
Porte d'entrée
Le lycée a connu sa première rentrée en 2008, mais il tourne avec un effectif plein depuis la rentrée 2010.
Un lycée dans la nature
Le lycée s'inscrit dans un paysage verdoyant. Situé entre les Monts du Lyonnais (à l'est) et les Monts du Crêt d'Arjoux (à l'ouest), le lycée fait face à la colline des Grands Fonds.
Façade
Les matériaux de construction utilisés sont tous d'origine locale, essentiellement des matériaux à faible énergie grise comme la pierre grise, le bois et la terre cuite.
Perspectives façades
le toit en herbage du bâtiment central facilite la rétention thermique, le recyclage des eaux et la génération de biodiversité.
Façade de l'entrée
Au total, le lycée accueille 900 personnes.
Volets et persiennes
Les volets favorisent l'éclairage naturel, la ventilation et la gestion thermiques.
Douve
Ici, on peut voir la douve en bordure. Elle valorise et filtre les eaux de pluie.
Accueil
L'architecte Michel Maurice a privilégié les circulations, les mouvements, la fluidité, la pluralité des échelles et des contacts visuels et physiques avec le paysage.
Réfectoire
Le réfectoire utilise de l'eau chaude sanitaire produite par des capteurs solaires thermiques.
Vue du ciel
Vue du lycée et de ses alentours.
Coupe transversale
Souple, modulaire, très étendu, pas plus d'un étage, le bâtiment se veut lisible et simple d'utilisation.
Plan Masse
L'architecte a opté pour la modularité et l'horizontalité. Il a dissocié les structures permanentes des locaux techniques situés en RDC pour faciliter la gestion des évolutions techniques futures, minimiser les coûts des transformation et les impacts environnementaux.
Discret et passionné, Michel Maurice appartient à l'Atelier de l'Arche situé à Lyon. Attaché aux valeurs du développement durable, il est titulaire d'une certification en qualité environnementale. Selon l'Atelier de l'Arche, le HQE «n'est pas la source du projet. Un projet durable est en adéquation avec un programme, en cohérence avec un budget, un site géographique, sa géologie et son histoire».
Dans un souci de créer des bâtiments simples et lisibles, Michel Maurice favorise une architecture de confort d'usage en privilégiant le savoir-faire artisanal. Parmi ses principales réalisations, on peut citer l'Université Lyon 2.