La Maison de la Radio (Paris) a connu un important incendie, ce vendredi 31 octobre 2014, dans une zone du bâtiment actuellement en chantier. Un sinistre d'ampleur qui rappelle qu'un incendie de chantier se déclare tous les trois jours dans la capitale.
C'est ce que l'on appelle l'ironie de l'histoire : alors que la mise en conformité aux normes incendie de la Maison de Radio France était l'objectif premier du chantier de réhabilitation (voir encadré), le bâtiment a été victime d'un important sinistre ce vendredi 31 octobre. C'est dans une zone en chantier du 8e étage, entre les portes E et F de la grande couronne, que le départ de feu serait situé selon les premiers témoignages. D'importants moyens ont été dépêchés sur place par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, dont 16 engins et un hélicoptère de la Sécurité civile. Après plusieurs heures de lutte, les soldats du feu ont réussi à circonscrire l'incendie.
Certaines personnes présentes sur place ont déclaré que l'alarme n'aurait pas fonctionné dans le reste du bâtiment. L'étage étant en travaux, ses systèmes d'alerte étaient hors service. De plus, étant donné la forme circulaire et l'étendue du bâtiment, la Maison de la Radio est segmentée en plusieurs tronçons dont chacun est indépendant des autres en matière d'alarme incendie. Un événement sans conséquence humaine, l'ensemble du bâtiment ayant été évacué pendant plusieurs heures, mais qui vient rappeler combien les sinistres de chantier sont courants.
De nombreux incendies de chantier
A Paris, un départ de feu est enregistré tous les trois jours sur un chantier. Car les zones de travaux cumulent les éléments dangereux : utilisation d'outillages de découpe et de percement qui s'échauffent, présence de chalumeaux, branchements électriques multiples, stockage de matériaux non protégés, zones non encore confinées par des portes coupe-feu… Le colonel Michel Truttmann de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, nous révélait au mois de juillet : "Les feux les plus courants sont ceux liés aux travaux d'étanchéité, en terrasse. Ils sont violents, spectaculaires, et leur accès est malaisé. L'extinction est longue et les risques d'explosions de bombonnes de gaz existent". Le professionnel note également la recrudescence des incendies touchant les ouvrages modulaires : "Ces structures temporaires sont présentes aux abords des chantiers et quelquefois empilées sur plusieurs niveaux. Leur potentiel calorifique est important et leur combustion dégage une fumée âcre et noire (…) Sur ces interventions, la progression est difficile et nécessite des moyens de découpage". Les pompiers et assureurs appellent les acteurs de la construction à prendre toutes les précautions nécessaires pour s'assurer que tous les intervenants soient correctement formés au risque incendie et la prévention.
Dans sa présentation du chantier de rénovation, la Maison de Radio France détaille : "Un travail considérable a été mené afin de proposer un dispositif de sécurité incendie sur mesure (…) Cette opération portera sur plusieurs pôles : la stabilité au feu de l'ensemble des structures, les dégagements, le désenfumage, les moyens de secours…". Le document évoque un renforcement de la structure (charpentes métalliques, poteaux et planchers béton) par un flocage et le compartimentage de l'édifice en blocs, isolés par des parois coupe-feu de deux heures. "Ce procédé permet d'assurer la continuité de l'activité en cas d'incendie dans les compartiments non touchés et d'assurer la sécurité du personnel plus efficacement". Des arguments validés par l'actualité. Le système d'évacuation doit également être renforcé par la création de deux escaliers supplémentaires dans le bâtiment A et de trois sorties sur l'extérieur. Dans la tour centrale, chaque escalier sera équipé d'un sas coupe-feu et d'un système de désenfumage.