La ville autrichienne inaugure le Kunsthaus Graz, nouveau musée d’art contemporain au design biologique, surnommé affectueusement le "gentil extraterrestre".

Une goutte d’eau en suspension au-dessus du sol, une bulle d’air aux reflets bleutés close sur un espace qu’on imagine sans pesanteur, et dont on traverserait les parois liquides pour s’y glisser comme dans un cocon. Cette grande chose aquatique, d’une espèce non répertoriée, échouée sur les rives de la Mur, à Graz en Autriche, abrite depuis deux semaines un nouveau musée d’art contemporain.

Deux architectes londonniens, Peter Cook et Colin Fournier ont imaginé ce bâtiment, saugrenu jusqu’au comique, immédiatement attachant, ou repoussant, selon les goûts. La radicalité des plans de départ n’a pas empêché le projet d’arriver à son terme, sans controverses ni scandale, à la grande surprise de l’architecte lui-même, qui le qualifie de " miraculeux". On imagine difficilement une telle réalisation quelque part dans Paris sans cris d’indignation, menace de guerre civile un drink à la main et polémique médiatique à la clé.

Sur les rives de la Mur, au coin de la Südtirolerplatz et du Lendkai, le Kunsthaus Graz, puisque c’est son nom, s’impose déjà comme un événement architectural majeur, qui devrait transformer pour longtemps l’image de la ville. La structure « biomorphique » du bâtiment tranche violemment avec le décorum majoritairement baroque qui l’entoure. Plutôt que de rupture, la ville de Graz et la direction du musée préfère parler de "dialogue spectaculaire" entre les différents éléments architecturaux, avec notamment l’nteraction surréaliste du nouveau musée et de la fameuse horloge du Schlossberg.

La bulle , bleutée et miroitante, est suspendue au-dessus d’un rez-de-chaussée aux murs de verre. Deux larges halls d’exposition sont contenus dans les 60 mètres de largeur de la bulle, sans support additionnel. De l’extérieur, on peut admirer d’étonnantes cheminées, orientées au nord pour faire entrer le maximum de lumière naturelle à l’intérieur du bâtiment.

Dans les étages supérieurs, des ponts relient la nouvelle structure de 23 mètres de hauts avec le Eisernes Haus, bâtiment classé monument historique pour sa structure en fonte, qui a d’ailleurs été spécialement rénovée à l’occasion de la construction du Kunsthaus.

Le caractère “biomorphique du musée vient semble t-il de la fascination des designers pour ‘la présence animale de l’architecture" selon leurs termes. L’histoire du concours de dessin fournit aussi une part d’explication. Au départ, le Kunsthaus devait être construit sur un autre site (le Schlossberg-la colline de Graz) et une membrane aux contours organique devait être utilisée par les designers pour adoucir la structure complexe des murs dans le relief naturel. La membrane pouvait finalement se prolonger hors de la montagne en direction de la ville comme une "langue de dragon". Après le changement de site, le concept de la langue de dragon donna naissance à celui du "friendly alien" qu’on peut admirer aujourd’hui.

M. Stroble, l'initiateur du projet, ne cache pas son espoir que le Kunthaus devienne un nouveau Guggenheim, susceptible de produire un "effet Bilbao" à Graz et en Autriche. A voir...


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