QUARTIERS. En s'associant à Perl, spécialiste de l'investissement en nue-propriété, l'Anru élargit son modèle économique et se pose en co-investisseur d'opérations neuves dans les quartiers prioritaires de la ville, et acteur d'une nouvelle attractivité sur ces territoires en rénovation.
Son stand posé dans les allées étriquées du Salon international de l'immobilier d'entreprise (Simi), l'Anru est un peu loin de sa zone de confort qui est celle de la rénovation urbaine. Mais depuis quelques années, l'agence s'est vue attribuer par l'Etat la fonction d'opérateur dans le Programme d'investissement d'avenir (PIA) assortie d'une enveloppe de 250 millions d'euros d'investissements, en partenariat avec des opérateurs privés.
Aux côtés de Perl, spécialiste des solutions pour le logement abordable, l'Anru entend investir au-delà des façades des bâtiments bénéficiaire du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) pour s'attaquer au développement économique et à la mixité sociale des quartiers prioritaires de la politique de la ville. "L'action économique est très importante mais aussi très difficile à mettre en œuvre. Nous avons à cœur de pouvoir accueillir des projets différents, d'investir et de co-investir avec des partenaires sur les quartiers situés dans un périmètre de l'Anru", a développé Olivier Klein, président de l'agence nationale.
Attractivité des quartiers
Ce fonds d'investissement a été baptisé "Initial", comme pour signaler le caractère pionnier de ce fonds dédié à l'immobilier. Le montage financier consiste en un partage temporaire de l'usage et de la propriété entre l'Anru et Perl, pour une durée n'excédant pas les 17 ans. Ces deux co-investisseurs restent donc propriétaires de la nue-propriété tandis que l'usufruit sera acquis par des bailleurs sociaux.
Compte tenue la période d'usufruit qui va de 15 à 20 ans, les deux investisseurs font un pari sur l'avenir. Celui, d'abord, de l'attractivité des quartiers en cours de rénovation, et de l'arrivée de nouveaux locataires participant de la mixité sociale dans un parc qui sera alors devenu privé.
Car si le but premier de la création du fonds "Initial" est "de renforcer l'attractivité des quartiers", il doit, à plus long terme "encourager la diversification de l'habitat et faciliter le parcours résidentiel des jeunes actifs" par des loyers modérés, un des arguments censé appuyer le caractère "socialement responsable" du fonds.
Démembrement
Avec l'objectif de lever 50 millions d'euros, l'Anru cible 400 logements situés en territoires tendus, "en veillant à un équilibre entre Ile-de-France et grandes métropoles régionales", précise Anne Mollet, directrice générale déléguée de Perl. Certaines opérations susceptibles de bénéficier de ce fonds ont déjà été identifiées, notamment en petite couronne parisienne et dans la métropole lyonnaise. Le fonds d'investissement financera uniquement des ensembles de logements neufs, jugés plus performants sur le plan énergétique.
Le principe de "démembrement" prôné par ce type de fonds d'investissements traduit la quête d'un nouveau modèle économique pour les acteurs du logement, avec un partage des risques et la possibilité de proposer des loyers plus abordables aux ménages. En septembre dernier, Perl s'était déjà associé à In'li (filiale d'Action logement) dans la création d'un fonds d'investissement en nue-propriété destiné au logement intermédiaire.