Batiactu s'est rendu sur place en cette rentrée 2022 pour faire le point sur l'avancement des travaux avec Grégory Chaumet, président de l'association Paris historique, fondée en 1963 et qui milite pour sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine de la capitale. C'est donc par une leçon d'histoire que la visite a débuté : « La maison d'Ourscamp a été construite au milieu du XIIIe siècle par l'abbaye d'Ourscamp, située dans l'Oise. Au Moyen Âge, il est en effet très fréquent que les abbayes cisterciennes, qui arrivent très bien à être autonomes, se retrouvent avec une surproduction de denrées alimentaires », explique le responsable.
« Elles décident donc de revendre leur surplus dans les cités, et s'installent dans des maisons de villes pour écouler sur les marchés urbains leur surproduction. À Paris, on a ainsi plusieurs maisons de ce type, majoritairement situées sur la rive droite, proches du quartier du Marais du fait de la proximité avec l'ancienne place de Grève et son port marchand, mais aussi du Forum des Halles, le cœur économique de Paris à cette époque. »
Classement en îlot insalubre
Avec un tel enjeu commercial à s'implanter sur cet axe, le choix stratégique des moines est donc pour le moins logique. Ayant reçu une maison en donation à cet emplacement, ils reconstruisent une grande maison en pierres à un étage, dont le seul témoignage parvenu jusqu'à nous est son cellier médiéval, d'une superficie de 200 mètres carrés. « Ce qui est très rare sur Paris, car pour une grande maison en pierres comme celle-ci, il fallait un certain pouvoir financier », relève Grégory Chaumet.
Au XVIe siècle, de nouveaux bâtiments sont édifiés. À ce moment-là, les propriétaires profitent de la qualité des fondations pour modifier le cellier, surélever (3 à 4 étages) et opérer une partition en trois lots du foncier, débouchant sur autant d'immeubles et de caves privatives - l'accès actuel date d'ailleurs de cette époque.
Lors de la Révolution, les biens appartenant à l'Église et aux institutions religieuses sont vendus. Différents propriétaires se sont ensuite succédés au fil des siècles, louant les surfaces à des artisans ou commerçants. Mais le bâtiment s'est dégradé et a fini par être classé dans « l'îlot insalubre n°16 », une zone urbaine qui devait être détruite.