Nicolas Sarkozy a confirmé jeudi le remplacement du prêt à taux zéro par une déduction fiscale sur les intérêts d'emprunt pour le premier achat immobilier, dans le cadre du budget 2005.

Le ministre de l'Economie veut ainsi aider les particuliers qui souhaitent accéder pour la première fois à la propriété, alors que le nombre de "primo-accédants" a progressivement fondu ces derniers mois. "L'objectif, c'est alléger le poids de l'emprunt pour que celui qui n'a pas beaucoup de mise de fonds puisse le faire", a déclaré sur Europe 1 M. Sarkozy.
"Ce que nous voulons faire, c'est un crédit d'impôt pour ceux qui achèteraient dans le neuf et dans l'ancien" et les "(autoriser) à déduire les intérêts de leur emprunt de leurs revenus", a-t-il indiqué. La Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM) se félicite de ce rééquilibrage en faveur de la mixité sociale.

Le gouvernement avait déjà fait savoir début septembre qu'il réfléchissait à un mécanisme de remplacement du prêt à taux zéro et privilégiait la piste d'une aide fiscale sur les intérêts d'emprunt. "Jusqu'ici, la politique d'aide au logement a été plus une politique d'aide aux constructeurs et aux promoteurs, ce qui est très bien, qu'aux personnes, et nous, nous voulons une aide pour le neuf et pour l'ancien", a ajouté M. Sarkozy.

Deux scénarios sont actuellement étudiés: soit le crédit d'impôt bénéficiera directement au particulier, soit il sera directement reversé aux banques qui le répercuteront ensuite auprès des clients, selon le secrétariat d'Etat au logement. La déduction devrait osciller entre 10 et 40%, et sera calculée en fonction des revenus et de la situation familiale, a-t-il été précisé. Les ménages non imposés ou peu imposés bénéficieront d'un chèque en lieu et place de l'avantage fiscal.

Actuellement examinée par le Conseil d'Etat, le nouveau dispositif pourrait rapidement se traduire par un décret, une fois avalisé par la présentation du budget la semaine prochaine. Il pourrait alors démarrer au 1er janvier prochain, l'ancien système continuant de s'appliquer jusqu'à cette date. En 2007, le dispositif devrait coûter "au moins le double" que le prêt à taux zéro, auquel l'Etat avait consacré environ 600 millions d'euros en 2004.

Pénalisés par la flambée des prix de l'immobilier, les personnes accédant à la propriété pour la première fois représentent actuellement 45% du total des acheteurs, contre 55% au milieu des années 90. Avec "ce super prêt à taux zéro", comme l'a surnommé le ministère du logement, l'ambition du gouvernement est de doubler le nombre de primo-accédants et d'en faire une mesure "plus sociale" et "plus familiale". En outre, ce crédit d'impôt s'appliquera à l'immobilier ancien, alors que le prêt à taux zéro concerne essentiellement l'immobilier neuf et à très grande proportion les maisons individuelles.

Nombre de professionnels et même d'élus de la majorité avaient critiqué ce projet de crédit d'impôt dans un premier temps, soulignant que le prêt à taux zéro faisait souvent office d'apport personnel pour les ménages modestes, indispensable au moment de boucler un plan de financement. Bercy avait ensuite indiqué travailler pour faire en sorte que le nouveau système, bien que fiscal donc différé dans le temps, puisque présenter les mêmes avantages que le prêt à taux zéro.

Depuis son lancement en 1995 par Pierre-André Périsol, 900.000 prêts à taux zéro, ont été accordés pour un montant 13,6 milliards d'euros, selon des chiffres de la Fédération bancaire française (FBF), soit entre 100.000 et 110.000 par an.

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