LOI CLIMAT. Un collectif de treize acteurs du secteur de la rénovation énergétique s'indignent de l'adoption d'un "amendement passé inaperçu" au projet de loi climat et résilience, redéfinissant le concept de "rénovation performante".
"Un bond en arrière pour la rénovation énergétique" : un collectif d'associations et d'acteurs du secteur (dont l'Association française des industries des produits de construction et le groupement du Mur manteau, cf encadré ci-dessous), n'y va pas de main morte pour qualifier le projet de loi climat et résilience, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale. En cause : un amendement au texte, adopté en commission et soutenu par le gouvernement, permettant de qualifier de "rénovation performante" des travaux faisant aboutir un logement à une étiquette de DPE "C voire D", peut-on lire dans un communiqué de presse daté du 25 mars 2021. Ce texte, "passé inaperçu" assurent les auteurs, marquerait un "profond recul" sur la rénovation du parc existant. Les 13 signataires en appellent au retrait de cet amendement au profit de la définition formulée par l'Ademe, cohérente "avec les propositions de la convention citoyenne pour le climat et la mission d'Olivier Sichel".
Les députés invités à "rectifier le tir"
Jusqu'à présent, seules les rénovations aboutissant à des étiquettes A ou B du DPE pouvaient avoir droit au qualificatif de "performantes", en correspondance avec le niveau "BBC rénovation". La nouvelle version pourrait ainsi concerner des logements ayant des seuils de consommation jusqu'à trois fois plus élevés. Pour les auteurs du communiqué, les conséquences néfastes seraient innombrables : non-respect de la trajectoire de neutralité carbone en 2050, gaspillage des fonds public finançant des travaux peu efficaces, factures toujours élevées pour les ménages... "Ce n'est pas en trafiquant le thermomètre que l'on guérira la fièvre", commente Vincent Legrand, directeur général de Dorémi. "Les rénovations de classe A ou B, en partant de passoires énergétiques, ne sont pas des rénovations exceptionnelles et inaccessibles : ce sont les rénovations réalisées quotidiennement par Dorémi et d'autres acteurs de terrain aujourd'hui, et ce sont ces rénovations que nous devons généraliser pour respecter nos engagements nationaux." Étienne Charbit, du Cler, invite ainsi les députés à "rectifier le tir" en séance publique.
(1) Cler - réseau pour la transition énergétique, Dorémi, Négawatt, France nature environnement, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot, Mur manteau, Les Eco-isolateurs, Effinergie, Isolons la Terre contre le CO2, Shift Project, AIMCC, Association nationale compagnons bâtisseurs.