Dans la lutte contre le gaspillage de l'énergie et le rejet des gaz à effet de serre, la rénovation des bâtis existants est l'un des enjeux majeurs. En Alsace, un programme intitulé «50 chantiers pionniers», lancé par la région et Electricité de Strasbourg, filiale d'EDF, permet la réalisation de rénovations thermiques exemplaires. Découvrez la première maison à en avoir bénéficié.
Dans le village Belhenheim, situé à quelques encablures de Strasbourg, une maison fait événement. Inaugurée en grande pompe le 6 octobre dernier, elle est la première maison à avoir bénéficié du programme «50 chantiers pionniers», lancé par la région et le groupe EDF par l'intermédiaire de sa filiale, Electricité de Strasbourg (ES). «L'idée de ce programme», explique Sabine Mirtain-Roth, chef de projet du programme pour EDF, «est la rénovation thermique exemplaire "Facteur 4" de 50 maisons individuelles en Alsace pour qu'elles atteignent les futurs critères de basse consommation "post Grenelle", soit la division par 4 de leurs consommations et de leurs émissions de CO2, d'où le facteur 4». 50 maisons modèles, prouvant s'il en était besoin, qu'une rénovation durable est possible.
L'aventure a commencé le 21 novembre 2008, avec la signature d'une convention entre le président regretté de la région, Adrien Zeller - «Adrien Zeller a porté le développement durable en Alsace», a tenu à rendre hommage Bernard Gsell, directeur général d'ES - et Pierre Gadonneix, alors président du groupe EDF, le 21 novembre 2008. Une convention qui s'inscrit pleinement dans le programme «Alsace énergivie», qui promeut et soutient notamment la construction de bâtiments basse consommation, le développement d'une économie verte, la protection du patrimoine, etc, mis en place dans ce territoire précurseur du développement durable. L'Alsace est en effet la première région à avoir adopté un plan climat.
A Belhenheim
Mais revenons à Belhenheim. La famille Ducotey, Alice, Fabrice et leur petite fille, achète un pavillon, construit en 1971, d'une surface de 132 m2. «Un coup de cœur» nous raconte Alice. Mais très vite, il leur a fallu se rendre à l'évidence : c'est une vraie passoire thermique. La maison, avant rénovation, présente une consommation de 412,5 kWhEP/m2/an. «Il fallait vivre bien et ne pas avoir froid, les travaux à faire en conséquence étaient très importants». De même sont-ils très soucieux de l'environnement. Mais pour mener à bien leur projet, il leur faut le soutien de professionnels et également des aides financières. C'est leur architecte, Fabien Rionn, qui leur parle de l'appel à projets «50 maisons pionnières». «On a bien réfléchi, parce que le budget était supérieur à ce que nous avions prévu, puis, très vite, nous nous sommes lancés». Concrètement, leur devis initial portait sur des travaux de rénovation de 31.200 €, le surcoût d'investissement pour atteindre le facteur 4 a été évalué à 18.300 €. Grâce à l'inscription dans ce programme, le surcoût sera réparti entre le professionnel (qui s'engage à réaliser l'amélioration à prix coûtant, sans marge), EDF-ES et le client (pour la famille Ducotey, ce surcoût sera de 7.000 euros). Sachant d'autant plus, qu'au final, d'importantes économies d'énergie seront également réalisées.
Grâce à une étude thermique poussée et notamment la réalisation d'un test d'étanchéité, les points essentiels sur lesquels devaient porter la rénovation ont été définis. Les efforts ont d'abord porté sur le renforcement de l'isolation de toutes les parois et dur l'étanchéité à l'air du bâti. Côté équipements, la maison est équipée désormais d'une ventilation mécanique hygro-réglable, d'un poêle à bois et de radiateurs électriques à inertie de faible puissance, de panneaux solaires thermiques pour l'eau chaude sanitaire et de fenêtres double vitrage haute performance.
Une division par 4
Désormais, après trois mois de travaux, les consommations d'énergie ont été estimées à 95,4 kWhEP (énergie primaire, soit celle nécessaire pour livrer l'énergie finale)/m2/an : loin des 412,5 kWhEP/m2/an initiaux ! L'économie annuelle sur le chauffage devrait être de près de 5.000€/an, le budget annuel passant de 5.800 euros de fioul par an soit 44€/m2/an à 925€/an pour le bois et l'électricité, soit 7€/m2/an. Quant aux émissions de CO2, elles devraient diminuer de 20 tonnes à 500 kg/an. «Participer à l'appel à projets a été pour nous un moyen de réduire nos dépenses de consommation d'énergie, mais aussi de pouvoir s'inscrire dans une démarche écologique, à laquelle nous sommes particulièrement sensibles», explique le couple.
En sélectionnant des projets différents, tant sur les modes constructifs que sur les âges de construction, ce programme permet ainsi la mise en place d'un véritable «laboratoire» à ciel ouvert de la rénovation thermique qui permet également aux professionnels de se former aux standards de demain. A la fin novembre, 42 projets étaient en cours ainsi, d'ici la fin de l'année, les 50 maisons devraient sur les rails, en route vers la basse consommation.
Pour découvrir la maison de la famille Ducotey, cliquez sur suivant.
Ma Maison durable en web 2.0
Bleu ciel d'EDF a lancé un nouveau site communautaire Web 2.0 «mamaisonbleucieledf.fr», pour s'exercer, en ligne, à réduire ses consommations énergétiques. Le principe est très simple : en quelques clics, vous devenez propriétaire (gratuitement) d'une maison interactive. A vous de concevoir son aménagement, parmi tous les accessoires proposés et de l'équiper au mieux pour réduire son impact sur l'environnement. Grâce à trois jauges présentes en permanence, vous pouvez accéder au calcul en temps réel de vos consommations, de vos émissions de CO2 et de votre confort. Vous trouverez également des conseils donnés par les experts EDF, mais aussi par les autres villageois, notamment grâce au forum. Il est possible aussi de faire entrer la vraie vie dans son «home sweet home» virtuel, en consultant des journaux, en prenant connaissance de la météo de sa ville ou encore, en regardant une vidéo You Tube sur sa télévision en ligne. A noter que le site est en «co-construction» permanente : les internautes suggèrent ainsi des améliorations ou de nouvelles fonctionnalités aux administrateurs, comme, par exemple, l'adaptation aux saisons. Au fur et à mesure de la création de nouvelles maisons, un véritable «village virtuel» se crée : il compte déjà 15.000 maisons.
Une maison à ossature bois
La famille Ducotey a acheté ce pavillon à Belhenheim, dans la banlieue strasbourgeoise. Datant de 1971, il était avant rénovation, une vrai passoire thermique et consommait 412,5 kWhEP/m2/an ! Pour parvenir aux 95,4 kWhEP/m2/an estimés actuels, les efforts ont principalement été portés sur l'isolation intérieure et extérieure. La structure initale d'ossature bois a été conservée.
Une rénovation exemplaire
Un test d'étanchéité a permis d'identifier les principaux points de fuite. Au final, pour ce qui est de l'isolation, les travaux ont consisté :
- Toit : laine de verre déroulée entre montants Th40, 25 cm (Isover)
- Pose du pare-vapeur sur le toit et les murs (Isover)
- Murs : ouate de cellulose en panneaux Th40, 9,5 cm (Homatherm) ; panneaux fibres de bois Th50, 5,2 cm (Pavatex) ; doublage intérieur laine de verre Th40, 5 cm (Isover) et descente d'isolant devant la dalle de façade sur 40 cm Th38, 5 cm (Roofmat)
- Escalier vers la cave : isolant fibreux Th40, 15 cm (Isover)
- Plancher bas : polystyrène sous dalle Th38, 7 cm (Roofmat)
- Fenêtres : double vitrage - Menuiseries PVC Monobloc 4*20*4 - Haute performance (Bieber)
Solaire thermique
Pour l'eau chaude sanitaire, deux panneaux solaires ont été installés sur le toit (WOLF modèle Top pack 16N avec station solaire Oventrop).
Chauffage
Pour le chauffage, oublié le fioul ! De petits radiateurs à inertie de faible puissance (Délonghi) ont été installés, tandis qu'un poêle à bois a pris place dans le salon.
Poêle à bois
Le poêle est le modèle Axior (Richard Le Droff).
Petit bureau
La maison est équipée désormais d'une ventilation mécanique hygro-réglable : hygro B MicroWatt bahia basse consommation (Aldès).
Petit salon
Les travaux de rénovation ont duré en tout trois mois. Le résultat est époustouflant !
Chambre des parents
"En diminuant fortement le besoin de chauffage et en remplaçant un chauffage au fioul par deux énergies faiblement carbonées, le bois et l'électricité, les émissions annuelles de CO2 de la maison passent de près de 20 tonnes à 500 Kg/an pour les 3 membres de la famille Ducotey. Les émissions de carbone pour chaque membre de la famille Ducotey diminuent ainsi de 6,5 tonnes par an", explique-t-on chez Electricité de Strasbourg.
Chambre enfant
Les consommations d'énergie ont été estimées désormais à 95,4 kWhEP (énergie primaire, soit celle nécessaire pour livrer l'énergie finale)/m2/an : loin des 412,5 kWhEP/m2/an initiaux ! L'économie annuelle sur le chauffage devrait être de près de 5.000€/an, le budget annuel passant de 5.800€ de fioul par an soit 44€/m2/an à 925€/an pour le bois et l'électricité, soit 7€/m2/an. Quant aux émissions de CO2, elles devraient diminuer de 20 tonnes à 500 kg/an.
Cuisine
L'économie annuelle sur le chauffage devrait être de près de 5.000€/an, le budget annuel passant de 5.800€ de fioul par an soit 44€/m2/an à 925€/an pour le bois et l'électricité, soit 7€/m2/an. Quant aux émissions de CO2, elles devraient diminuer de 20 tonnes à 500 kg/an.
La propriétaire
A la réception des travaux, les particuliers bénéficiaires de ce programme "50 maisons pionnières" se voient remettre un petit livret, un guide des gestes et de conseils utiles pour un comportement responsable dans son habitat. Pendant deux ans, ils réaliseront également un suivi précis de leurs consommations d'énergie pour s'assurer de la bonne maîtrise de ces dernières.
L'architecte et la chef de projet chez Electricité de Stratsbourg
Fabien Rion, l'architecte qui a réalisé la rénovation de la maison de Behlenheim et Sabine Mirtain, Chef de projet Programme Energie Alsace au sein d'EDF.
Une maison exemplaire
Cette maison est la première rénovation thermique exemplaire réalisée dans le cadre du programme "50 chantiers pionniers", une rénovation qui doit permettre de diviser par 4 ses consommations d'énergie et par 40 ses émissions de gaz à effet de serre. Elle rejoint ainsi les standards énergétiques en matière de rénovation prévus dans le secteur à l'horizon 2020.