Le chantier de la nouvelle ligne à très haute tension (THT) qui doit doubler la capacité d'échange de courant électrique entre la France et l'Espagne vient de démarrer ces jours-ci côté français à Montesquieu-des-Albères (Pyrénées-Orientales). C'est une étape clé dans l'avancée de cette interconnexion attendue depuis 30 ans. Découverte.
Après vingt années de tractations, de pourparlers poussés jusqu'à des manifestations sans précédent rassemblant jusqu'à 12.000 personnes à Perpignan, le projet de la nouvelle ligne baptisée « Très Haute Tension » (THT) entre la France et l'Espagne via les Pyrénées- Orientales vient de démarrer côté français. En effet, cette interconnexion électrique, qui doit doubler la capacité d'échange de courant pour la porter à 2.800 mégawatt, est en longue gestation depuis 1994. Pour rappel, ce gigantesque projet s'était enlisé en 2003-2004 en raison de la vive opposition des riverains catalans à l'installation d'une ligne aérienne. Ainsi, les deux pays ont opté en 2008 pour une ligne souterraine, au coût beaucoup plus élevé, de 700 millions d'euros…
Aujourd'hui, le décor est planté : il s'agit d'un immense chantier pour construire une « rallonge électrique » géante entre les deux pays, qui seront reliés par 65 km de câbles à haute tension enterrés dont 8,5 km sous les Pyrénées. Ce démarrage des travaux « constitue une étape clé dans l'avancée de cette interconnexion attendue depuis 30 ans », nous confirme Dominique Maillard, le directeur de Réseau de transport d'électricité (RTE) et Carlos Collantes Pérez-Arda, président d'Inelfe* Et de préciser que le tunnel devrait être achevé fin 2013, en vue d'une mise en service de la ligne électrique en 2014.
Sous la bonne garde de Sainte-Barbe…
Côté ibérique, un premier tunnelier nommé Alberas a commencé à creuser en février 2012 à La Jonquera. Huit mois plus tard, le percement de la galerie a bien démarré côté français, cette fois-ci avec un second tunnelier baptisé Canigou. C'est donc sous la bonne garde de Sainte-Barbe, patronne des pompiers, mais aussi des mineurs, ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains, que le chantier a été lancé dans la partie nord du tunnel sur le versant français de la chaîne des Albères, à Montesquieu-des-Albères (Pyrénées-Orientales).
« Après avoir entrepris 150 mètres de creusement, les choses sérieuses vont commencer avec cette machine de 250 mètres et 780 tonnes, conçue spécialement par l'entreprise allemande Herrenknecht. C'est la même machine du côté espagnol », nous assure José Ruiz responsable sécurité de l'entreprise HVDC.**
Les deux équipes doivent maintenant se rejoindre sous le massif des Albères en mars 2013. « Mais la nature friable de la roche côté français a rendu nécessaire la construction préalable d'une galerie traditionnelle de 200 mètres de long pour y installer le tunnelier, poursuit José Ruiz. De même, sa progression sera plus lente que côté sud. Il faut compter environ 2,60 mètres par heure. »
Pour avancer ainsi de 40 millimètres par minute, cinq équipes de 22 personnes se relaient 24 heures/24 et 7 jours/7, nous précisent les équipes d'Eiffage TP. Car l'engin a des proportions efficaces : une tête de coupe rotative de 4,30 m de diamètre d'excavation, un corps de 11,5 mètres de long, auquel est rattaché un petit train de 300 m transportant toute la logistique, le tout pour 780 tonnes. Les déblais issus de l'excavation, soit 120.000 m3 au total, sont évacués vers l'extérieur sur les wagons. Lesquels transportent aussi une unité de pompage pour injecter du mortier liquide dans le 'vide annulaire', compris entre la paroi du tunnel et les blocs de béton, ajoute un conducteur de travaux de HVDC.
*Inelfe (Interconnexion électrique France Espagne) : C'est une société commune détenue à parts égales par RTE le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France, et son homologue espagnol Red Elétricita de Espana (REE).
**HVDC : Consortium formé de Eiffage, Dragados, Arcadis, Sener et Setec.
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