« Spécialement conçu pour cette mission pyrénéenne, Canigou devrait avoir achevé fin 2013 de creuser une galerie de 7,5 km sur 3,5 m de diamètre, nous confie Loïc Thevenot, directeur des grands travaux de génie civil d'Eiffage Travaux Publics. Cette dernière est parallèle au tunnel construit par Eiffage TP et notre confrère Dragados (groupe ACS), il y a plusieurs années, pour accueillir la ligne à grande vitesse (LGV) entre Perpignan et Barcelone.» Et d'expliquer : « Nous nous retrouvons donc dans un consortium nommé HVDC, formé de Dragados, Arcadis et Setec. Nous connaissons bien les acteurs du projet, des habitudes de travail se sont installées depuis le creusement du tunnel du Perthus lors du chantier de la LGV. C'est également une aubaine pour l'emploi local côté français car cela représente 80 emplois locaux et un investissement local de 20 millions d'euros. » Par ailleurs, le cadre d'Eiffage TP se réjouit de participer à ce projet de grande envergure qui a soulevé le doute des deux côtés de la frontière.
Au final, ce sont donc 700 millions d'euros de travaux destinés à assurer un recours mutuel en cas de défaillance électrique. A chaque extrémité de la ligne à très haute tension (THT), à savoir Baixas et Santa Llogaia, une station de conversion transformera le courant alternatif en courant continu grâce à une technologie de pointe très peu utilisée dans le monde.
Car ce qui fait de cette ligne d'interconnexion électrique une première mondiale, selon ses concepteurs, c'est, outre sa longueur (64,5 km) et son caractère « enfoui », sa puissance inédite de deux fois 1.000 mégawatts.
Après la montagne, les océans ?
Mais tout cela suffira à intégrer la péninsule ibérique à la transition énergétique européenne ? Un nouveau projet est lancé. Cette fois, il pourrait s'agir d'une liaison sous-marine du côté atlantique.
Ce mois-ci, le président français François Hollande et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, ont affirmé leur soutien à ce projet, et confirmé la volonté des deux pays de porter les capacités d'échange d'électricité franco-espagnole à 4.000 mégawatts d'ici à 2020, en privilégiant l'option d'une liaison sous-marine qui passerait par le Golfe de Gascogne. Dans la foulée, ce mercredi 17 octobre, le patron de RTE, Dominique Maillard a annoncé que la France devra d'ici à vingt ans doubler les interconnexions avec ses voisins, notamment espagnols et italiens : « Pour gérer, en effet, l'arrêt programmé des centrales nucléaires allemandes et la fermeture de Fessenheim, il est nécessaire de construire plus de 1.000 km de lignes à très haute tension souterraines et sous-marines et en renforcer au total plus de 2.000 existantes ». Justement les appels d'offres dédiés à une nouvelle liaison Savoie-Piémont utilisant la galerie technique du tunnel de Fréjus ne vont pas tarder de commencer. A suivre…
Découvrez le diaporama dès la page 3 dédié au projet de l'interconnexion électrique France-Espagne.
-Fin 2013 : réalisation de la galerie technique. La mise en service de cette liaison électrique est prévue pour fin 2014.