La «Villa N.», maison particulière conçue par les architectes Ken Mimran et Robert Chazette et construite à Romorantin (41), explore de nouvelles voies dans le bioclimatique et se positionne entre la basse consommation et le passif. Visite.
Réalisée à Romorantin (41), la «Villa N.» a été pensée dès les premières esquisses comme une maison compacte et accessible financièrement et ce pour 1.100 euros TTC/m² réels (hors terrain et honoraires) ! «La conception de ce bâtiment ne souhaitait pas une architecture trop contemporaine, afin de conserver les caractéristiques régionales, tout en proposant un bilan écologique aussi satisfaisant que les modèles du label passif et BBC dont la tendance est de simplifier leurs typologies en ignorant le patrimoine local», explique Ken Mimran, architecte et concepteur de cette maison.
Un concept inédit
L'idée majeure et novatrice de ce projet était de valoriser les énergies produites, dont les calories normalement perdues sont récupérées naturellement dans le projet.
Ainsi, plutôt que de considérer le local technique comme une «zone tampon», l'architecte l'utilise pour le transformer en une réserve de chaleur centralisée. C'est-à-dire qu'il associe à ce local technique un escalier massif. Ce dernier, redistribue, grâce à son inertie importante, les calories emmagasinées dans la journée et à toutes les pièces de la maison durant la nuit. L'espace de vie a donc été développé autour de ce noyau central qui est entouré, d'une part par le local technique, et d'autre part par la cheminée. «L'ensemble créant une véritable colonne vertébrale», précise Ken Mimran, ajoutant que c'est cette configuration qui concentre toute l'originalité de la démarche bioclimatique, car la maison est ainsi équipée d'un noyau d'énergie qui devient alors l'âtre du foyer.
«Un bloc central véritable usine à calories»
L'escalier proposé par l'architecte est un monolithe de béton. Celui-ci joue le rôle de supraconducteur pour la chaleur reçue de l'exposition du salon au sud et emmagasinée en partie par l'inertie de la dalle de sol qui transmet ses calories au noyau, mais aussi pour la chaleur générée par les installations présentes dans le local technique (VMC, pompe à chaleur, ballon d'eau chaude solaire, nourrices ECS et ECC).
Ce bloc central se révèle ainsi être une véritable «usine à calories», souligne l'architecte, où la moindre source de chaleur est exploité pour se substituer aux besoins initiaux de chauffage, et formant l'essentiel de la nouveauté du principe bioclimatique appliqué dans cette maison.
L'implantation du projet s'est ensuite faite traditionnellement, c'est-à-dire avec la pièce de vie (chaude) au sud, bénéficiant d'une casquette pour limiter le trop plein de lumière estivale de sud-ouest, les pièces tièdes en pourtour du bâtiment pour conserver les bénéfices des apports solaires directs et les zones tampons (froides) au nord, telles que les garages et l'entrée, afin de limiter les déperditions, et enfin un espace tampon en partie haute des combles.
Enfin, une pergola, suspendue aux deux piliers de soutènement, complète la casquette présente au sud-ouest, le tout permettant d'occulter les rayons solaires de l'été dont les apports calorifiques seraient trop importants. Un système similaire sera réalisé ultérieurement au sud lors de la construction de la terrasse afin de ventiler le coin repas extérieur.
Début du chantier en octobre 2009
Mise en place des soubassements.
Vue des armatures d'acier
Début du chantier, l'emplacement de l'escalier central sur vide sanitaire isolé, avant mise en place des rupteurs thermiques.
L'escalier proposé par l'architecte est un monolithe de béton
Au bloc central, sera adossée une cheminée qui viendra renforcer le rôle du bloc calorifique rayonnant intégré entre deux sources de chaleur utilisées en journée essentiellement.
Vue de la façade nord-est
Vue du bardage en ardoise.
Vue de la façade sud et ouest
Ici, la "casquette" protège l'ouest de la maison.
Mise en place d'une casquette pour limiter le trop plein de lumière estivale
La casquette projette son ombre à l'étage afin de protéger celui-ci du soleil.
Vers la fin du chantier
Le chantier en phase d'achèvement et ombre projetée par la casquette.
Ombre portée sur une façade
Ombre portée en mouvement pour refroidir le mur sans ôter de lumière entrante.
façade Est
Vue de la façade Est avec peu de lumiere donc peu d'ouvertures.
Le puits canadien devant la façade nord ouest
"L'orientation générale de la maison au sud, son système de puits canadien de 50 mètres, une isolation active allant jusqu'à 60 centimètres dans les combles, le soin apporté à limiter les ponts thermiques et un chauffe-eau solaire performant, permettent ensuite de proposer un bilan écologique positif, plaçant la «Villa N.» dans la liste des éco-constructions qui cherchent à améliorer le bioclimatique et l'esthétique passive en respectant les typologies traditionnelles afin de ne pas dénoter dans le paysage environnant composé de bâti traditionnel."
Pour accéder à l'étage supérieur
Vue de l'escalier depuis l'entrée et panoramique.
Vue du garde-corps à l'étage
Détail du garde-corps de l'escalier et luminosité intérieure.
Vue de l'«usine à calories»
Vue de l'escalier avec des tablettes de chêne clair de 3x6 cm.
Maître d'ouvrage : NC
Maitre d'œuvre : Ken Mimran et Robert Chazette (Architectes DPLG DSUR)
Entreprises
Blanchet : Maçonnerie VRD
Bouchart : Charpente/Couverture
Fournier : Menuiseries
D.R.B : Isolation et Placo
Romo Energies : Electricité, VMC, Chauffage…
Maridet : Carrelage
Sologne Ravalement : Enduits et ravalement
Lacour : Peinture
Surface SHON : 235.55 m²
Durée du chantier : 9 mois
Date de livraison : Mi-juillet 2010
Budget : NC