Un bâtiment en terre de 11 mètres de haut à Lyon, qui l'eut cru ?

La façade de ce bâtiment de 1.000 m2 sera entièrement réalisée en matériaux bio-sourcés : pierre, ossature bois, pisé. Grâce à des murs pouvant aller de 40 à 80 cm d'épaisseur, le bâtiment sera juste ventilé, et n'aura pas besoin d'isolant ! Les propriétés thermohysiques de la terre régulent la température et l'hygrométrie. Respirant et thermiquement performant, il devrait satisfaire les usagers des bureaux qui disposeront de 6 plateaux de 145 m² environ.

Aux commandes de la construction en pisé, on trouve Nicolas Meunier, un entrepreneur de la Loire passionné de cette technique, qu'il tente de faire revivre : "Elle a disparu au profit de l'acier après les deux guerres mondiales, mais l'impasse du réchauffement climatique nous pousse à revoir nos systèmes constructifs", souligne-t-il lors d'une visite de chantier. La fabrication d'un mur en pisé passe par la compression de terre argileuse et de gravier dans un coffrage, "et rien d'autre. Le matériau a la capacité de travailler seul. Il n'est pas fixé", note le bâtisseur, qui a été initié à ce procédé empirique en Afrique. Du côté de la terre, elle est particulière et provient d'un terrassement situé à peine 20 km du quartier de la Confluence.

Pour monter les murs, Nicolas Meunier a inventé une machine mobile capable de fournir des blocs de pisé pouvant aller jusqu'à 2,5 tonnes. Implanté sur le chantier, cette équipement fabrique au fur et à mesure les éléments, qui sont ensuite juste empilés les uns sur les autres (préfabrication sur site) de manière très soigneuse par cinq jeunes artisans : "Il n'y a pas de stockage, pas de transports et pas de remblais," souligne le bâtisseur. En une journée, la machine peut fournir jusqu'à 4 blocs : "A titre d'exemple, il faut 2 heures de compactage pour créer 1m2", glisse Nicolas Meunier. Et pour réaliser le bâtiment, ce sont 280 blocs qui sont nécessaires, soit 610 m3 de terre.

Quid de la suite ? Le bâtiment devrait être inauguré en juin 2020, et accueillir ses premiers occupants durant l'été. Nul doute qu'ils devraient apprécier la fraîcheur de la réalisation. Et si un jour, le bâtiment devait disparaître, sa matière première pourra être détruite, retournée à l'état de terre et donc réutilisée facilement. Un cercle vertueux…

OGIC LYON RHÔNE-ALPES - Promoteur + MOA,
CLÉMENT VERGÉLY ARCHITECTES - Architectes + MOE +DIENER & DIENER ARCHITEKTEN
LE PISÉ (Nicolas Meunier) - Entreprise pisé
BET BATISERF - BET Structure pisé + Jean-Claude Morel (Université de Coventry) + Antonin Fabbri (ENTPE)

Le bâtiment étonne par sa structure en terre.