Un bâtiment miroir pour des malades d'Alzheimer

 

Il s'agit donc d'un bâtiment - autrefois Centre de réadaptation et de rééducation pour aveugles de guerre, puis centre hôtelier pour anciens combattants - qui a été préempté par la Ville de Paris et loué à la société Aximo, filiale de Paris Habitat. Pour lui conférer sa vocation actuelle, les architectes ont dû déjouer nombre de contraintes administratives, environnementales et techniques, puisque l'immeuble est notamment situé en cœur d'îlot. Point positif : il est attenant à un espace vert protégé, héritage des anciens jardins de Tivoli, haut-lieu de divertissement aux 18e et 19e siècles. "Notre choix s'est donc naturellement porté vers une solution qui fait écho à cet espace vert", nous confie Jean Kalt. Qui ajoute : "Ce fut une réhabilitation lourde car il a fallu augmenter considérablement - de 35% - la surface existante, tant dans son épaisseur que dans sa hauteur".

 

Une double peau fait office de miroir à la nature
L'autre grande contrainte consistait à libérer des accès pompier, obligatoires et réglementaires. Après maintes négociations, la solution trouvée a été de créer des passerelles, sur la façade ouest côté jardin, recouverte d'une double peau en Ductal. "L'idée finale était de conserver un rythme vertical à la façade. Mais aussi de trouver une matière minérale, pérenne et suffisamment fine qui joue sur la transparence et la lumière", explique Jean Kalt. Cette double peau permet également d'ouvrir de très larges baies dans les chambres tout en assurant une protection solaire. Composée de lames de béton fibrées élancées qui s'entrecroisent sur le parement vert en tôle de la première peau, la façade résonne ainsi avec le jardin, aménagé en un parcours simple mais travaillé destiné aux malades. Le Ductal, outre la légèreté qu'il confère, possède aussi des propriétés mécaniques de durabilité et de résistance aux intempéries.

 

Un Ehpad, mais pas un hôpital
L'établissement, qui compte 72 chambres, est conçu tel un immeuble d'habitation. Ici, point de connotation médicale. "C'était la volonté des gérants de l'Ehpad, tous des médecins spécialisés dans la maladie d'Alzheimer, que de ne pas faire un établissement qui rappelle l'hôpital. Leur constat : la maladie réussit à se stabiliser si le patient évolue dans un environnement qui lui est proche, tel son appartement. Aussi, avons-nous conçu cet établissement de cette façon. Chacun des étages ressemble à un appartement, avec son salon, sa cuisine, ses chambres…", conclut Jean Kalt.

 

Ici, pas d'accueil ni de réception. La circulation est libre, mais surveillée, afin de garantir le maximum de sécurité et d'autonomie aux patients. Le 49 rue Blanche est plus qu'un centre pour malades d'Alzheimer, c'est toute une philosophie.