SOLUTIONS/MATERIAUX. Comment transformer une vieillotte maison des années 1940 en maison contemporaine tout en l'isolant thermiquement par l'extérieur ? En la relookant grâce à des bardages de tuiles en façade. Une utilisation inattendue de ces tuiles de terre cuite qui nous est expliquée par Olivier Lafore, directeur marketing d'Imerys Toiture.
"L'architecte Thierry Barreau voulait un résultat moderne", nous annonce Olivier Lafore, directeur marketing d'Imerys Toiture. "L'opération consistait à redynamiser une maison des années 1940, située à Dôle dans le Jura, mais avec de la tuile en façade", poursuit-il. Car, outre la toiture, la tuile de terre cuite peut également être utilisée en vertical, afin d'embellir et de protéger l'isolant des éléments.
La mise en œuvre reste, pour sa part, très classique : pour réaliser le bardage, une structure bois est fixée au gros œuvre par le biais d'équerres métalliques. Puis, un isolant, typiquement de la laine de verre ou de la laine minérale, est inséré dans l'espace contenu entre le mur et ce bardage. "Ici, c'était de la ouate de cellulose biosourcée, sur une épaisseur de 20 centimètres", nous précise Olivier Lafore. Sur la structure porteuse, se met en place le système de protection, constitué des tuiles, de la lame d'air verticale et, éventuellement, d'un pare-vapeur. "La tuile terre cuite est facile à poser : elle ne nécessite pas de technique particulière. Un seul intervenant, le couvreur, peut réaliser à la fois la toiture et la façade. La seule différence ? Les vis de fixation sont doublées", poursuit le directeur marketing d'Imerys.
Esthétisme et performance thermique
Les avantages attendus sont avant tout d'ordre esthétique. La variété des tuiles en termes de couleurs et de profils ou dimensions autorise une grande liberté aux architectes. "De plus, la tuile ne nécessite aucun entretien spécifique mais présente cependant une très grande durabilité dans le temps, d'au minimum 30 ans", explique Olivier Lafore. Outre la protection mécanique et physique de la tuile sur l'isolant, elle jouerait également un rôle dans l'efficacité thermique de la solution. "Elle apporte une inertie thermique et participe à la performance. Mais dans quelles proportions, là il faudra attendre les résultats d'une étude dans quelques mois", glisse le directeur marketing. Ce dernier insiste sur la sensibilisation des couvreurs à ce nouvel emploi et aux nombreux débouchés potentiels : "Des milliers de mètres carrés pourraient être revêtus de ces bardages chaque année". Car cette isolation par l'extérieur nécessite moins de maîtrise, pour sa mise en œuvre, que la délicate ITE sous enduit.
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Fiche technique
Les façades bardées de tuiles terre cuite, encore rarissimes voilà quelques années, sont en plein boom : plusieurs dizaines de chantiers sont actuellement en cours sur le territoire français, concernant aussi bien des opérations de construction que des rénovations, et des maisons individuelles autant que du résidentiel collectif ou du tertiaire. Un immeuble d'habitation en R+7 serait ainsi paré à Ris-Orangis (Essonne). Les producteurs de tuiles attendent donc beaucoup de ce nouveau marché potentiel, plein de promesses.
Pavillon avant
Le pavillon dans son état initial, avant les travaux. Construit à Dôle, dans le Jura, dans les années 1940, il manquait (légèrement) d'originalité.
Pavillon après
L'esthétique a guidé les choix techniques de l'architecte. Deux façades sont donc traitées de la même façon que la toiture, avec des tuiles en terre cuite sombres, qui donnent l'impression d'une carapace d'écailles.
Performance thermique
Outre le bardage en tuile, l'ensemble de l'isolation de la maison a évidemment été revue : les menuiseries ont été remplacées par des produits hautes performances.
Détail
On distingue la structure de bois secondaire qui supporte le bardage de tuile et renferme l'isolant, ici vingt centimètres de ouate de cellulose.
Mise en oeuvre
Les tuiles HP 10 Huguenot sont posées, quasiment de la même façon qu'en toiture. Seule différence : les vis de fixation sont doublées. Mais le produit en lui-même est strictement identique et le geste technique reste le même, celui du couvreur.
Pare-pluie
L'ITE, rapportée sur les murs de pierre de la maison, est constituée d'une structure en bois qui renferme l'isolant ainsi qu'une membrane pare-pluie, ici bien visible. L'ensemble est recouvert par les tuiles en terre cuite.
Angles
Les angles de toiture et les jointures avec les façades sont traitées en métal dans la même couleur que les tuiles de terre cuite, de façon à obtenir une homogénéité esthétique.
Toiture
Les tuiles sont les mêmes en toiture et en façade, ne nécessitent aucune adaptation particulière. Le nouveau marché naissant est donc particulièrement intéressant pour les acteurs de la tuile de terre cuite qui y voient un débouché prometteur de plusieurs milliers de m².
Murs : pierre (50 cm)
Isolation par l'extérieur : 20 cm ouate de cellulose dans ossature secondaire, pare-pluie, bardage tuiles terre cuite sur lame d'air ventilée
Toiture : chevrons et bardage en tuiles HP 10 Huguenot
Sol : plancher chauffant sur 12 cm fibre de bois, isolation des rampants 40 cm ouate de cellulose
Chauffage/ECS : PAC géothermale sur puits vertical
Ventilation : hygro B
Consommation : 72 kWh/m²/an
SHON : 180 m²
SHAB : 129,7 m²
Livraison : septembre 2013