Il y a plus de deux ans et demi, Jean-Philippe et Françoise Billarant ont confié à Xavier Prédine-Hug la restructuration d'un silo à grain pour en faire un temple dédié à l'art contemporain. Pari réussi, qui se dessine comme un véritable manifeste pour ces collectionneurs engagés en faveur de la création contemporaine.
Le «Silo», c'est la restructuration d'un ancien silo à grain en lieu d'exposition privé. Depuis près de 30 ans Jean-Philippe et Françoise Billarant ont tissé des liens étroits avec les artistes contemporains tels que Daniel Buren, François Morellet, et autres Cécile Bart et Robert Barry. Le couple de collectionneurs a rassemblé des pièces de premier ordre, dont certaines ont été réalisées spécialement pour le bâtiment. Xavier Prédine-Hug s'est vu confié, après un appel d'offres, la restructuration d'un silo à grain situé à Marines (95). Après un an et demi d'étude, de septembre 2008 à octobre 2009 et un an de chantier, de mai 2010 à mars 2011, ainsi qu'un budget de 1.600.000 euros, Le «Silo» a été inauguré le 15 mai dernier.
Une cohabitation fusionnelle entre l'art et la structure
«La restructuration d'un bâtiment est question d'interprétation. La construction existante et le programme qui doit y prendre place sont les éléments contextuels déterminants qui définissent ce travail d'interprète», souligne Xavier Prédine-Hug, l'architecte qui s'est occupé de la rénovation du Silo. Dans ce contexte, le complexe agricole s'est imposé d'emblée par sa puissance structurelle et la radicalité des espaces qui «demandaient à être révélés et exploités». S'appuyant sur cette partition dont le cadre rythmique est préexistant, la dimension actuelle qui est celle de porter et d'accueillir des œuvres d'art contemporain est venue en superposition pour entrer en résonance. La conservation des éléments datant de 1948, date de la construction du silo à grains, apporte une notion intemporelle au lieu. «Le bâtiment témoigne d'une activité et d'une fonctionnalité technique en conservant les traces de son passé.» Il révèle également une affectation nouvelle en portant les œuvres plus qu'il ne les abrite. Dans cette cathédrale de béton, les œuvres des artistes sont exposées sur des murs blancs, flottant dans des espaces découpés et rythmés tout au long de la grande nef de cet ancien silo, sans pour autant détériorer l'essence des œuvres.
«Nombreuses sont celles (les œuvres, ndlr) qui questionnent l'espace, le mettent en abîme, et interagissent avec lui : le bâtiment se devait d'être plus un vecteur qu'un contenant», conclut l'architecte.
Entrée
Vue de l'entrée principale et de l'espace d'exposition du rez-de-chaussée avec des œuvres de Véronique Joumard, Richard Serra et Daniel Buren.
Vues du Silo avant et après restructuration
Pour les artistes qui interviennent à l'échelle de l'architecture, le bâtiment devient un support d'expression portant les géométries ou les expressions conceptuelles. À l'intérieur, cette cathédrale de béton est un volume ouvert au centre telle une nef dont les espaces latéraux sont dédiés aux artistes.
1er étage
Vue de l'espace d'exposition du 1er étage avec des œuvres de Krijn de Koning, Carl Andre, Lawrence Weiner, Cécile Bart, Niele Toroni.
1er étage
Vue de l'espace d'exposition du 1er étage avec des œuvres de Sol Lewitt, Claude Rutault et Krijn de Koning.
Rez-de-chaussée
Vue de l'espace d'exposition du rez-de-chaussée avec une œuvre de François Morrelet.
Une symbiose entre le complexe et les oeuvres
Les façades ont été révélées comme un instrument de musique en sommeil, dépoussiéré, dont le vernis historique aurait été conservé et son caractère affirmé.
Un concept novateur
Les voiles structurels majeurs, découpés, deviennent de grandes cimaises ou des supports directs et bruts de l'intervention. La parcelle elle-même est un lieu où les installations prennent place. Le bâtiment, les interventions sur les façades ou sur le terrain, ainsi que les œuvres exposées en son sein, participent à un tout cohérent.
Une collection atypique
Sortir des caisses les œuvres collectionnées depuis 30 ans, les exposer dans un écrin à la «forte et belle architecture», telle était «l'évidence passionnée» de Françoise et Jean-Philippe Billarant.
Une experience artistico-architecturale
«Au-delà du geste architectural, il y a ici la volonté de faire cohabiter et participer deux éléments fondamentaux et fondateurs de la démarche : la collection d'oeuvres d'art et le lieu,» explique Xavier Prédine-Hug.
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES
Dimensions :
Surface : 2.210 m² SHON (Surface hors œuvre nette)
2.340 m² SHOB (Surface hors œuvre brute)
Surface parcelle : 4.200 m²
Emprise au sol : 920 m²
Longueur : 49 mètres
Largeur : 19 mètres
Hauteur totale : 20,5 mètres
Calendrier :
Date de construction : 1948
Études : 14 mois (Septembre 2008 à Octobre 2009)
Chantier : 11 mois (Mai 2010 à Mars 2011)
Budget : 1.600.000€ HT
Maitre d'œuvre : Xavier Prédine-Hug