RENOVATION. Un bâtiment d'un nouveau genre vient de faire son apparition à Sarreguemines en Moselle. Outre le fait d'être construit sur le site d'un ancien entrepôt SNCF de la fin du 19ème siècle, il se distingue par sa couture architecturale mêlant patrimoine et modernité. Des éléments qui font de cette réalisation, un lieu résolument atypique. Visite.
Si certaines transformations misent sur le renouveau total, d'autres choisissent de préserver et de rendre hommage au passé. C'est le cas de la métamorphose de l'ancien entrepôt SNCF de Sarreguemines en pôle tertiaire. Une rénovation qui laisse entrevoir avec audace et humilité les traces d'antan.
Et pourtant, ce défi n'était pas gagné d'avance : "Cela faisait 20 ans que le bâtiment était à l'abandon. D'ailleurs, il était complètement en ruine lorsqu'on l'a visité la première fois, on aurait même pu se prendre un morceau de toiture sur la tête", nous confie l'architecte Axel Delouvrier de l'agence R+D architectes, en charge du projet. Ce n'est donc pas innocent si, à l'époque, un arrêté de démolition avait été pris. Mais pour Heinz Immobilier, impossible de laisser mourir ce site, d'autant plus qu'un des responsables de l'entreprise est originaire de la région : "Ce qui est intéressant dans ce type de collaboration, c'est que le promoteur reste propriétaire du lieu et, par conséquent, il porte une attention particulière à la qualité de l'opération", précise l'architecte.
Un dialogue entre différentes écritures
C'est donc dans un état d'esprit d'audace mais également de respect du patrimoine que le projet a été lancé. Côté chantier, si la charpente était irrattrapable, des morceaux de la façade en pierre de taille en grès rose ainsi que les quais de déchargement possédaient de nombreuses qualités pour être conservés. Une manière également de rappeler la silhouette d'origine. "Avec les Architectes des Bâtiments de France, nous avons cherché un dialogue entre une écriture contemporaine et les parties historiques", souligne l'architecte. Et pour la touche de modernité, le choix s'est porté sur la construction d'un bardage en acier naturel noir, en hommage au passé industriel de la région. Ainsi, cette nouvelle réalisation vient se nicher dans les murs existants. Et pour l'architecte, "cet effet de 'glissement' permet aux deux parties de cohabiter".
Une charpente métallique et une verrière en polycarbonate
Concernant le reste du bâti, il a été repensé de manière à offrir un édifice cohérent et intégré au paysage environnant. Ainsi, la forme de la charpente et de la verrière en toiture sont restées identiques, mais les matériaux ont changé. Exit le bois ! Désormais, l'armature de 28 mètres se veut métallique et sans appui intermédiaire : "Une petite prouesse rendue possible grâce à la solidité des fondations et des murs de 60 cm d'épaisseur", nous glisse l'architecte. Quant à la verrière, elle a été remise en place sur toute sa longueur (100 m), mais cette fois, elle est conçue en polycarbonate pour des raisons budgétaires. Au final, cet élément permet de dispenser de la lumière naturelle à l'ensemble et surtout aux activités qui s'y sont installées depuis quelque temps. En effet, cette nouvelle halle abrite désormais les locaux de Pôle Emploi, d'une agence d'intérim Manpower ainsi qu'un centre de formation pour esthéticienne. Il reste encore quelques mètres carrés à louer, mais la reconversion de l'ancien entrepôt SNCF est assurément sur de bons rails…
Ce projet concourt aux Trophées Batiactu 2013, dans la catégorie rénovation
Halle de Sarreguemines
Avant d'opérer le chantier de rénovation, la halle de Sarreguemines était à l'abandon depuis 20 ans. Située en entrée de ville, elle est aujourd'hui un bâtiment emblématique.
Murs de façade d'origine
Cet ancien entrepôt est un témoin de l'activité industrielle du XIX° siècle et de la ligne de chemins de fer créée en 1860.
Vue sur la charpente en bois avant travaux
La charpente en bois n'a pas pu être conservée en raison de son mauvais état. Elle a été remplacée : "Grâce à la solidité des fondations et des murs en grès rose de 60cm d'épaisseur, nous avons pu établir un principe de charpente métallique sans appui intermédiaire de 28m libérant ainsi intégralement l'espace intérieur", expliquent les architectes du projet.
Vue sous la neige
Ici, on peut voir la façade en pierre de taille en grès rose, comme les quais de déchargement de part et d'autre du bâtiment.
Halles de Sarreguemines en travaux
L'idée du projet repose sur la création d'un pôle tertiaire de 2800 m2 favorisant la modularité des espaces. Objectif : mixer les traces du passé et l'écriture contemporaine.
Une verrière en polycarbonate
"Nous avons également respecté au maximum la silhouette d'origine avec sa couverture à deux pans et son lanterneau assurant l'éclairage zénithal du bâtiment dans toute sa longueur et réalisé en polycarbonate. Cette verrière fait bénéficier aux locaux situés aux centre de la halle d'un éclairage naturel malgré la largeur de l'édifice".
Halles de Sarreguemines en chantier
"La partie de façade effondrée a été remplacée par un bardage
en acier naturel faisant référence au passé industriel de la région et de l'édifice".
en acier naturel faisant référence au passé industriel de la région et de l'édifice".
Halle de Sarreguemines mêle patrimoine et modernité
"En concertation avec les architectes des bâtiments de France nous avons proposé une solution contemporaine composée d'un
bardage acier naturel noir en remplacement d'une partie de la façade du bâtiment en ruine", expliquent les architectes.
bardage acier naturel noir en remplacement d'une partie de la façade du bâtiment en ruine", expliquent les architectes.
Détail de la façade préservée
La façade conservée est en pierre de taille en grès rose.
Mixité d'écriture
Le bardage acier naturel noir côtoie les pierres en grès rose d'origine.
La halle de Sarreguemines vue de nuit
Autrefois entrepôt SNCF, aujourd'hui la Halle de Sarreguemines abrite désormais les locaux de pôle emploi.
Locaux
La verrière joue un rôle important dans le projet. Elle fait bénéficier aux locaux situés aux centre de la halle d'un éclairage naturel malgré la largeur de l'édifice. Aujourd'hui, les locaux sont utilisés par une agence pôle emploi sur plus de la moitié de la surface de la Halle.
Eclairage naturel
La remise en place d'une verrière en polycarbonate sur toute la longueur du bâtiment (100m) nous a également permis de gérer l'éclairage naturel au centre de l'espace.
Maître d'ouvrage : Heinz immobilier
Architectes : R+D Architectes Associés
Bureau d'études : RC France
Début des travaux : septembre 2011
Fin des travaux : fin 2012
Inauguration : janvier 2013
Surface : environ 3.000 m2
Budget : 3 à 4 millions d'euros