L'ouverture d'une information judiciaire a été démentie rapidement dans la soirée par le parquet de Lille, mais il est confirmé qu'un ancien élu de la ville de Lambersart a déposé plainte ce mercredi sur les conditions d'attribution du chantier du stade au groupe Eiffage. Il devrait être reçu le 22 mai pour examiner la recevabilité de sa plainte. Décryptage.
Éric Darques, l'ancien élu de la ville de Lambersart (Nord), spécialiste des questions de transparence financière, veut comprendre pourquoi, alors que le projet présentait un surcoût de 108,5 M€ par rapport à celui de son principal concurrent - le consortium Norpac-Bouygues - c'est finalement le groupe Eiffage qui a emporté le chantier du Grand Stade de Lille. A l'époque, un rapport des services de Lille métropole communauté urbaine (LMCU) donnait ainsi l'avantage au projet de Norpac, qui coûtait effectivement 108,5 M € de moins que son concurrent: «34% d'écart, ce n'est pas rien!», avait-t-il commenté.
Pierre Mauroy, alors président de la Communauté urbaine, est à nouveau dans sa ligne de mire. Cependant, M. Darques souligne que l'élu avait soutenu le projet Norpac et qu'il avait pointé le «coût prohibitif» du dossier Eiffage. M. Darques voudrait aussi que soient entendus Marc-Philippe Daubresse, député du Nord, ou même Martine Aubry maire de Lille, et les présidents des différents groupes politiques. Il voudrait comprendre sur quelles bases a été fait le choix, précisant qu'il peut prouver que le document technique justifiant cette décision n'aurait été distribué aux conseillers communautaires que plusieurs mois après leur vote.
Ce sont donc toutes les composantes politiques de la Communauté urbaine de Lille qui sont visées par sa plainte pour «atteinte à l'égalité des candidats, avec faux et usage de faux». Ainsi, Eric Darques vient de porter plainte avec constitution de partie civile mais, pour l'instant, et contrairement à ce qui avait été dit dans un premier temps, aucune information judiciaire n'est ouverte. Il devrait être reçu le 22 mai prochain pour l'examen de la recevabilité de sa plainte. « C'est simplement après cette audition que sera examiné si les conditions juridiques sont réunies pour ouvrir une information judiciaire ou pas. Pour l'instant, il n'y a pas d'information judiciaire en cours », a précisé le procureur de Lille Frédéric Fèvre à l'AFP.
Contactée ce jeudi 10 mai, par ailleurs, la Communauté urbaine de Lille n'a pas souhaité réagir, alors qu'une porte-parole de la direction d'Eiffage Travaux Publics nous précise : « C'est une volonté voulue de notre groupe de ne pas s'exprimer à ce sujet et nous gardons la même ligne que lorsque M. Darques avait déposé plainte en décembre 2010.»
Cette plainte n'est pas la première d'Eric Darques : en décembre 2010, il s'était déjà adressé au procureur de la République de Lille, en portant plainte contre X sur les mêmes faits. Mais cette dernière avait été classée sans suite l'année suivante.
Une première plainte classée sans suite
« Il utilise la dernière voie qui lui restait, celle de se constituer partie civile. Tout cela était attendu et conduira au même résultat », a réagi un responsable de la communauté urbaine, interrogé par l'AFP. C'est une procédure qui a été examinée sous toutes les coutures. La justice administrative avait jugé sur le fond, estimant que la procédure avait été parfaitement menée ». Et de rappeler que la Chambre régionale des comptes avait également avalisé ce dossier.
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Pour rappel, le projet du Grand Stade de Lille, une enceinte ultramoderne de plus de 50.000 places - avec toit rétractable - et dont les travaux en proche banlieue de Lille sont déjà bien avancés, constitue l'un des premiers PPP de France.
Autre structure à avoir vu son action rejetée par le tribunal administratif: Nord écologie conseil. Sous la présidence du scientifique Alfred Leclercq, l'association déposera la semaine prochaine une plainte au pénal. NEC veut savoir si toutes les précautions ont été prises lors de la mise en œuvre de cendres, provenant d'une centrale électrique à charbon, dans le sous-sol du stade. « Ces cendres, contenant des métaux lourds et des éléments radioactifs, ont été mélangées à du béton pour combler les catiches, ces carrières souterraines qui truffent le secteur », estime l'association. NEC craint qu'avec l'humidité du sous-sol, ces cendres ne finissent par contaminer la nappe phréatique qui alimente la métropole lilloise.