Inhabitable et partiellement détruit, cet ancien abri paysan du 19e siècle était voué à disparaître. C'est sans compter sur l'architecte Cyril Chênebeau qui en redessine l'architecture. Aujourd'hui, une extension contemporaine cohabite en subtilité avec une maison traditionnelle niçoise. Visite.
"Il fallait absolument travailler autour de la préservation de ce patrimoine historique situé dans l'arrière-pays niçois", explique l'architecte Cyril Chênebeau de l'agence Cyril Chênebeau Architecture, en charge des travaux de réhabilitation. Les propriétaires de la parcelle lui font appel dans l'espoir de pouvoir transformer le vieux bâtiment en une maison de vacances.
Lorsque ce dernier réalise l'état des lieux, il comprend que le programme nécessitera un chantier d'envergure. "L'abri était inhabitable et détruit en partie. Le terrain en pente ajoutait une autre difficulté", explique le professionnel.
Mais le savoir-faire et l'audace de l'architecte ont permis de remettre sur pied l'édifice. Une extension contemporaine enveloppe aujourd'hui la bâtisse existante. Les deux blocs s'épousent naturellement et donnent un nouveau visage à l'ancien abri de paysan. "Le traditionnel se lie au contemporain de manière subtile", glisse l'architecte.
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La maison s'est distinguée à l'occasion du Prix Maisons Paysannes de France - René Fontaine. Dans la catégorie Bâti contemporain, elle s'est glissée à la 2e place.
Avant : Un ancien abri paysan dans l'arrière-pays niçois
Lorsque Cyril Chênebeau, architecte en charge du projet, fait l'état des lieux du bâtiment, le constat est clair : la maison est inhabitable, car extrêmement délabrée. De grands travaux sont à prévoir avant l'emménagement de la jeune famille.
Autres difficultés majeures : le terrain est en pente et la maison adossée à une restanque (mur de retenue en pierre sèche, typiquement provençal). Il est impératif de déblayer la zone et de l'assainir avant d'envisager la construction de l'extension contemporaine.
Pour autant, le potentiel architectural de la bâtisse est indéniable : "Nous avions affaire à un ancien abri rural, dans l'arrière-pays niçois. Il y avait une pièce de quelques mètres carrés au rez-de-chaussée et un second espace à l'étage", explique l'architecte Cyril Chênebeau, en charge des travaux de réhabilitation.
Bon à savoir : La maison a été rehaussée d'un étage dans les années 1950.
Après : Une extension pour envelopper l'ancien abri rural
Rapidement, l'architecte imagine la réhabilitation comme un moyen de conserver le bien existant. La valorisation du patrimoine est au cœur de la démarche.
"Pour commencer, nous avons dégagé tout l'arrière de la maison et détruit la restanque. Il a fallu creuser pour créer un aménagement très fluide", précise l'architecte.
L'idée est de venir envelopper l'ancienne bâtisse avec deux blocs en béton blanc, à l'arrière et sur le côté (sur la photo ci-dessus). Les espaces (l'ancien et le nouveau) viennent se lover l'un dans l'autre et redessinent intégralement l'architecture du vieux bâtiment.
Quand le traditionnel épouse le contemporain
Pari réussi pour l'architecte. "Nous sommes parvenus à faire dialoguer les deux espaces. Le traditionnel se mêle tout en subtilité au contemporain", décrit Cyril Chênebeau.
Visuellement, les deux blocs se distinguent. L'architecte a misé sur un crépi en béton blanc mouchardé pour l'extension contemporaine. "Du côté de l'ancienne maison, j'ai choisi de ravaler la façade dans sa teinte initiale", glisse l'architecte. Un marron-rouge digne des maisons niçoises se fond maintenant dans le paysage méditerranéen.
Une maison aux multiples visages
Selon les points de vue, la maison change de visage. Sur le côté, par exemple, la mixité des matériaux utilisés frappe le visiteur. De ce premier constat s'ensuit une technicité liée à la mise en valeur du bâtiment : un enduit à la chaux vient recouvrir l'intégralité de la maison de campagne. "Nous voulions rester dans le traditionnel", explique l'architecte. Finalement, c'est l'aspect contemporain qui ressort sur ce pignon-ci de la maison.
Aussi, les lignes architecturales attirent le regard et domptent le volume du bâtiment. Les différents niveaux, les jeux de contraste ou encore les larges menuiseries disséminées sur chacune des orientations, apportent une note résolument contemporaine et chaleureuse au lieu.
Avant : Un escalier extérieur pour se rendre à l'étage
Rappelez-vous : la maison a été rehaussée dans les années 1950. Date à laquelle un escalier est venu se greffer sur le pignon de la maison pour accéder à ce nouvel espace. A l'époque et jusqu'à sa rénovation, il représentait l'unique moyen pour monter à l'étage.
Après : escalier enlevé et ouvertures redessinées
Le changement est radical. L'escalier a disparu et une nouvelle ouverture a même été créée au rez-de-chaussée.
Autre constat frappant : les tuiles mécaniques, abîmées et moins esthétiques, ont été remplacées par des tuiles canal. Leur couleur orangée apporte une énième touche provençale à l'architecture et sublime inévitablement la toiture.
Un escalier extérieur grimpe le long de la maison
Un petit escalier grimpe le long de la maison. Il achemine les habitants sur la partie haute du bâtiment, nouvellement créé. Sa couleur blanche fait écho au crépi choisi pour l'extension et vient magnifier le muret en pierres apparentes. (à gauche sur la photo)
Une maison baignée de lumière
Qui dit réhabilitation, dit aussi création et valorisation de menuiseries. Sur les quatre façades de la maison, de multiples ouvertures ont été installées. "La maison est largement vitrée afin de laisser pénétrer, tout au long de la journée et des saisons, la lumière et les images de la nature environnante", explique l'architecte.
Une large baie vitrée d'angle, par exemple, fait la jonction entre l'ancien abri et l'extension. Dans un premier lieu, il a fallu créer une ouverture. Une ouverture directement rattachée au nouveau bloc. (sur la photo, à droite)
Une baie vitrée d'angle pour effacer la frontière intérieur/extérieur
Les portes s'ouvrent et se ferment au gré des envies. La frontière entre l'intérieur et l'extérieur se fait discrète : "La connexion entre la maison et son extension se fait par le vide au moyen d'une large baie d'angle qui, ouverte, offre une parfaite fluidité entre l'intérieur et l'extérieur", ajoute Cyril Chênebeau.
Des sols au même niveau pour renforcer la confusion
Le sol de la maison et celui de la terrasse sont au même niveau. Cet effet accentue la notion de va-et-vient entre les deux zones.
S'ajoute à cela, la pose d'un rail encastré... Discret et pratique.
Une vue imprenable sur le jardin
"Les habitants sont directement plongés dans la nature qui les entoure", précise l'architecte.
Une façade valorisée par le soleil méditerranéen
Quelques pas de plus et ... Vous êtes à nouveau dehors ! De ce point de vue, vous pourrez admirer la façade principale de la maison. Elle est baignée de lumière tout au long de l'année.
L'encadrement des fenêtres, d'un blanc éclatant rappelle la couleur du crépi de l'extension. La couleur grise-anthracite des menuiseries souligne, quant à elle, le style contemporain du bâtiment.
Enfin, la terrasse, en bois exotique, sublime le décor. Ses lames, disposées ainsi, créent du dynamisme. Selon notre position, notre regard est propulsé soit vers la maison, soit vers le jardin.
Une surface surestimée grâce à son architecture volumétrique
Les différents volumes de la maison, la variation des hauteurs sous-plafond ou encore la multitude d'ouvertures favorisent l'effet de perspective. Tous ces éléments donnent une impression d'espace. Pour autant, la maison ne s'étend que sur une surface de 60 mètres carrés !
Un intérieur contemporain et spacieux
Le teck est partout. Au sol et sur les meubles ! L'idée est d'apporter une note chaleureuse et contemporaine à l'espace. Les veinures du bois renforcent ces notions et font écho à la nature environnante.
Le blanc attrape, quant à lui, la lumière naturelle et donne un coup de fraîcheur à l'aménagement intérieur.
Un escalier encastré pour se rendre à l'étage
L'escalier se fond dans le décor. Son style fait écho au mobilier de la cuisine. Il cache de nombreux rangements. Un réel gain de place pour la famille. Le teck est, quant à lui, une nouvelle fois valorisé dans l'installation.
A noter : les marches de l'escalier sont hautes. C'est l'étroitesse de la trémie qui a dicté la forme de la structure. "Il fallait optimiser l'espace", glisse l'architecte.
Un salon volumineux pour laisser pénétrer la lumière
Le salon est spacieux et, là-encore, baigné de lumière. Les différents volumes créent un jeu de perspectives. L'impression d'espace est possible grâce à l'importante hauteur sous-plafond.
L'ouverture, juste au-dessus de la cheminée, est comme un puits de lumière. Elle valorise l'installation et sa forme rectangulaire.
Une douche originale pour une touche de folie
La douche vient clore la visite en beauté ! Les habitants se douchent à ciel ouvert grâce à un système de conduit ouvert. Sur le dessus, c'est une verrière qui a été discrètement déposée pour magnifier l'espace.
Enfin, les parois en béton ciré adoptent un style industriel pour donner un coup de fraîcheur à la pièce d'eau.
Extension d'une maison rural dans l'arrière-pays niçois
Fiche pratique :
Maître d'œuvre : Cyril Chênebeau Architecte
Maître d'ouvrage : privé
Durée des travaux : 1 an et demi
Coût : non-communiqué
Surface : 60 mètres carrés
Maisons paysannes de France
Maître d'œuvre : Cyril Chênebeau Architecte
Maître d'ouvrage : privé
Durée des travaux : 1 an et demi
Coût : non-communiqué
Surface : 60 mètres carrés
Maisons paysannes de France