L’association de consommateurs UFC-Que choisir dénonce, dans son enquête publiée lundi, un prix de l’eau « abusif » dans les grandes villes françaises. Les résultats relèvent en effet des différences importantes entre le prix de revient et le prix de vente de l’eau. Revue de détails.

L’étude menée sur 31 communes françaises pointe du doigt les tarifs de l’eau appliqués dans les grandes agglomérations urbaines. Les taux de marge nette sur chiffre d’affaires des entreprises ou régies publiques en charge de cette activité oscillent entre 26 et 42 %. « Les marges dans le secteur de l'eau sont d'autant plus étonnantes qu'il s'agit de rentes de situation, avec des concessions sur 15 ou 20 ans et une consommation peu susceptible de baisser », explique le président de l’UFC-Que choisir, Alain Bazot.

« Les prix de l’eau des villes de plus de 300.000 habitants sont beaucoup trop élevés », déclare UFC-Que choisir, qui estime que « les services des eaux constituent des profits inacceptables sur ces marchés ».

Disparités selon la taille des villes

Ainsi, selon l’étude, le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France (SEDIF), le plus grand de France, dessert quatre millions de consommateurs et facture son eau « 2,5 fois plus cher que ce qu’elle coûte », avec « une marge nette de 59 % ». Le préjudice des « clients » du SEDIF se chiffrait à 230 millions d’euros sur l’année 2004. L’association indique qu’au vu de ces résultats, il sera évident que le SEDIF renégocie immédiatement son contrat avec son délégataire.
D’autre part, « Lyon facture l’eau 1,7 fois plus cher que ce qu’elle coûte alors que Strasbourg et Nantes la facturent 1,5 fois plus cher », indique l’enquête qui compare un prix de revient hors taxe estimé et le prix de vente constaté dans les 31 villes.
Les villes moyennes (entre 100.000 et 300.000 habitants) facturent quant à elles l’eau en moyenne 1 à 1,7 fois plus cher. Reims ou Angers la propose respectivement à 1,7 et 1,5 fois plus cher.
D’une manière générale, la situation des petites villes (moins de 100.000 habitants) est plus disparate. Certaines communes proposent une eau proche de son prix de revient (Beauvais, La Hague, Clamecy), tandis que d’autres, comme Saint-Raphaël, la proposent 1,8 fois plus cher.
Deux entreprises, Véolia (Générale des Eaux) et Lyonnaise des Eaux (Suez) « se partagent le marché des grandes villes », qui fait figure de « duopole quasi-immuable », relève l’association. Face à cette situation, en novembre dernier, le Conseil de la concurrence avait demandé plus de concurrence sur le marché de l’eau en Ile-de-France et avait infligé une amende de 400.000 euros à la Lyonnaise des Eaux et de 100.000 euros au SEDIF pour non-respect des règles du marché.
Mais de son côté, le Syndicat professionnel des entreprises de services d'eau et d'assainissement (SPDE), qui représente les entreprises privées, a estimé auprès de l'AFP que les résultats de cette étude sur le coût de l'eau « ne sont pas fiables ».

UFC-Que choisir demande une réforme

L’association indique dans son étude qu’elle « appelle à une réforme de la politique industrielle de l’eau » et demande que le projet de loi sur l’eau rende obligatoire, pour chaque renouvellement de contrat des villes de plus de 100.000 habitants, l’avis du Conseil de la concurrence. D’autre part, elle souhaite que le projet de loi crée un haut conseil de l’eau qui mettra en place des normes de prix et des comparatifs entre les villes. Pour finir, UFC-Que choisir demande au Parlement de mettre en place une mission d’information qui vise à étudier les moyens de mettre fin à la concentration industrielle du secteur de la distribution et de l’assainissement de l’eau.

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