La catastrophe du tunnel du Gothard (Suisse) a mis une nouvelle fois en cause la conception des tunnels "monotubes" et le transport de matières dangereuses, tout en démontrant les difficultés des pompiers à lutter contre le feu dans un milieu confiné.

L'incendie du tunnel routier présente des similitudes avec celui du Mont-Blanc en mars 1999. Tous deux se sont produits dans des tunnels monotubes (les voies de circulation sont réunies dans une seule galerie) et ont été déclenchés par des camions qui transportaient des charges très inflammables.
Dans les deux cas, le feu s'est propagé très brutalement, empêchant une intervention immédiate des pompiers.

Même si le dispositif de sécurité dans le Gothard paraissait plus moderne, le bilan (au moins 11 morts et de nombreux disparus) s'explique par le dégagement de fumées et la montée en puissance de la chaleur, qui ont asphyxié les automobilistes pris au piège.

Mais à la différence du Mont-Blanc, dont les abris de secours se situaient tous les 600 mètres et n'étaient pas reliés à une galerie d'évacuation, le Gothard disposait de refuges tous les 250 mètres, chacun étant relié à une voie de secours.

Certains automobilistes ont pu s'enfuir, mais le problème de la propagation des fumées et du dégagement de chaleur est resté entier, indique Michel Marec, expert des tunnels au ministère français de l'Equipement.

Il a souligné que la plupart des accidents dans les tunnels sont provoqués par des collisions, ce qui rend plus sûrs les ouvrages "bitubes", évidemment plus chers.

Le député Christian Kert (UDF), qui a établi un rapport sur les tunnels français, a dénoncé la circulation de poids-lourds transportant des matières dangereuses. "Il est difficile de revenir sur la conception d'un tunnel monotube, en revanche nous pouvons lutter contre la circulation de matières dangereuses", a-t-il indiqué.

Dans le cas du Gothard, l'ampleur de l'incendie s'explique par la nature de la charge transportée, des pneus, qui brûlent en dégageant une épaisse fumée noire. Dans le tunnel du mont Blanc il s'agissait également de matières très inflammables (margarines et farines).

"Pour améliorer la sécurité il faut soit interdire l'entrée des camions transportant des matières dangereuses, soit les escorter sous haute surveillance", a souligné M. Kert.
Il revendique également la pose de portiques de détection de fumée à l'entrée des tunnels pour éviter que des véhicules, déjà en surchauffe, ne pénètrent à l'intérieur comme ce fut le cas dans le Mont-Blanc et dans le tunnel sous la Manche en 1996.

Tous les experts s'accordent pour souligner que la circulation en milieu confiné doit être mieux réglementée. Les automobilistes doivent être davantage conscients que les tunnels ne sont pas de simples prolongations d'une route, mais représentent un espace de circulation bien différent et nettement plus dangereux.

M. Marec souligne que des efforts d'alerte doivent être renforcés à l'entrée des tunnels où de nombreux accidents se produisent, notamment en raison de la différence de luminosité.

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