Faute de soutien financier et de partenaires, la start-up toulousaine Viha Concept, qui a créé un trottoir à récupération d'énergie cinétique, devrait fermer ses portes et poursuivre son aventure industrielle aux Etats-Unis. Un beau gâchis pour son p-dg, Laurent Villerouge, qui estime que le système français est trop verrouillé.
L'idée semblait lumineuse : récupérer l'énergie cinétique des pas de piétons et la transformer en courant électrique afin d'alimenter des équipements urbains. Viha Concept, la start-up méridionale à son origine, avait convaincu la municipalité de Toulouse de réaliser une installation test : dix dalles productrices d'énergie reliées à un lampadaire à Led sur les allées Franklin Roosevelt en centre-ville. L'entrepreneur est reçu par les départements de R&D de filiales de Veolia et de Bouygues, et présente son projet à la Commission européenne en avril 2011. Mais tout cela ne suffit pas : faute de financements, le passage à l'étape industrielle se fera outre-Atlantique. Car Laurent Villerouge, le p-dg de Viha Concept devait obtenir 1,5 M€ pour parfaire le produit et le commercialiser. Mais les banques ont trouvé le projet trop risqué et ont renvoyé le dirigeant vers des sociétés de capital-risque. « J'ai présenté mon dossier au Conseil régional, à la Caisse des Dépôts et à Oséo », explique le chef d'entreprise à Objectifnews.com. Mais les temps de retour sur investissement auraient été trop longs selon ses interlocuteurs. En désespoir de cause, Laurent Villerouge remet son dossier à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Energie, lors de sa venue au forum de l'innovation Futurapolis au mois de février 2012. Mais le dossier est égaré et les demandes n'aboutissent pas…
Quatre heures pour convaincre les Américains
Las, le p-dg de Viha Concept empoigne son téléphone et règle en 4 heures le problème de financement. Contactant tout d'abord le prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), il est réorienté vers l'université Stony Brook de New York avec qui il signe un accord de confidentialité. « Ici, on attend toujours une réponse sur une éventuelle possibilité », ironise Laurent Villerouge. « Au début, l'accueil est toujours encourageant, mais par la suite les retours se font attendre. Il faut sans cesse revenir à la charge, passer de services en services, justifier du caractère innovant du produit », explique-t-il. L'université de New York, elle, s'est engagée sur la finalisation de la partie R&D et a mis en contact Viha Concept avec une société privée susceptible d'exploiter la licence. L'aventure se poursuivra donc aux Etats-Unis. « Je considère que l'affaire est définitivement réglée ici. Il y a tellement d'inertie, aussi bien dans les administrations que dans les grandes entreprises », confie le dirigeant au webmagazine Ouvertures. « Nous ne sommes pas les seuls à proposer de l'innovation verte et à rencontrer ce type de mur… Je ne sais pas si c'est de l'immobilisme, de la résistance psychologique, de la frilosité ou une volonté de nous épuiser pour mieux récupérer l'idée ».
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