Pour se préparer à une hausse de 5°C des températures estivales, la Ville de Paris vient de commanditer une étude baptisée « Epicea » auprès de Météo-France et du CSTB, qui met en avant des solutions comme l'humidification des chaussées, plus de végétation et des façades réfléchissantes. Cette étude s'inscrit dans le cadre du programme de recherche « Paris 2030 ». Précisions.
Les résultats de l'Étude pluridisciplinaire des impacts du changement climatique à l'échelle de l'agglomération parisienne (Epicea) viennent d'être présentés à l'occasion des journées parisiennes de l'Énergie et du Climat organisées par la Ville de Paris. Au final, cette étude financée par la Ville de Paris et menée conjointement par Météo-France, et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) prédit que la capitale sera écrasée de chaleur d'ici à la fin du siècle par des températures estivales en hausse de 3,5 à 5°C. « La canicule de 2003 ne sera finalement pas un phénomène isolé », préviennent les chercheurs de Météo-France.
De plus, ce projet scientifique lancé en 2008 analyse en fait l'impact du réchauffement climatique sur la capitale. Globalement, d'après l'étude, les Parisiens doivent s'attendre à vivre des hivers plus doux, mais des étés bien plus chauds... Paris enregistrerait de 10 à 25 jours de canicule par an contre un seul jour aujourd'hui. Mais l'impact serait très inégal sur le territoire francilien. « Hors de Paris, dans la petite et la grande couronne, on compterait deux fois moins de jours de canicule », indique également Météo-France.
Par ailleurs, l'étude révèle dans le détail que des îlots de chaleur urbains apparaîtront dans les arrondissements de Paris (les 2 e, 3 e, 8 e, 9 e, 10 e et 11 e), où les températures atteindront 4 à 7°C de plus en fin de nuit. En cas de vent, il pourra se former un « panache urbain » qui s'étendrait aux alentours.
Vers un « Paris » plus blanc ?
Les chercheurs de Météo-France et du CSTB en coopération étroite avec l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) ont donc examiné les aménagements urbains que Paris pourrait réaliser pour réduire la chaleur. La première solution ? Recouvrir les toits et les façades des immeubles de matériaux réfléchissants, avec un impact de 1 à 3°C de moins dans le centre-ville.
Cependant, « de nombreuses questions nécessitent des investigations complémentaires », estiment les scientifiques. Quid du maintien dans le temps des propriétés des matériaux et leur résistance face à la pollution ? De plus, les murs réflecteurs « peuvent générer en journée de l'inconfort thermique supplémentaire pour les piétons », poursuit l'étude. Et d'ajouter : « En plus du rayonnement solaire direct, ils recevraient en effet le supplément de rayonnement réfléchi par les murs (Erell et al. 2012). Générer de l'ombre artificielle par la plantation d'arbres ou l'installation de pare-soleil s'avérerait alors nécessaire. »
Seconde hypothèse : planter de l'herbe arrosée sur les 862 hectares de terres nues et les 300 hectares de chaussées larges. Ce qui pourrait faire baisser la température de 3 à 5°C. Et troisième et dernier scénario : humidifier l'ensemble des chaussées de la Ville de Paris, grâce au vaste réseau d'eau non potable de la ville. Toutefois, le résultat est mitigé, entre 0,5 à 2°C de baisse pointe l'étude.
Combiner les trois scénarios
Sans se référer à la faisabilité technique ou chiffrer les investissements, les chercheurs plaident pour une combinaison des trois scénarios, « ce qui aboutirait à la baisse de 1 à 2°C sur six jours consécutifs de canicule », poursuit le rapport final du projet.
« Cette baisse peut paraître faible, mais, lors d'un épisode caniculaire, rien que quelques degrés en moins ont des effets importants en termes sanitaires », conclut de son côté Météo-France. Les conséquences de la canicule de 2003 restent toujours dans les esprits…