ARCHITECTURE. Des rénovations énergétiques "ambitieuses" qui ne détruisent pas notre patrimoine esthétique ; des lieux de vie et de travail présentant une meilleure qualité d'usage ; la structuration d'une filière francilienne du biosourcé : voilà quelques thèmes abordés par le nouveau président du Conseil régional de l'ordre des architectes d'Ile-de-France.
Fabien Gantois, le nouveau président de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France, a présenté, le 6 avril, les "rendez-vous" de son mandat, qui doit durer trois ans. A la tête d'un des ordres régionaux les plus importants, avec un tiers des 30.000 architectes du pays, il vient de succéder à Christine Leconte, qui avait lancé plusieurs initiatives. S'il compte poursuivre les actions lancées par sa prédécesseure, le contexte de ce début de décennie lui font insister sur plusieurs points.
Pour le nouveau président, "une attente extrêmement forte s'est créée sur l'après-covid", même si les choses "restent un peu figées au niveau de la commande, publique comme privée, pour l'instant". Les "questionnements internes" des maîtres d'ouvrages ont changé, affirme-t-il : le besoin de logements plus qualitatifs, plus spacieux, d'espaces extérieurs agréables, d'une isolation phonique correcte entre les pièces…
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Si ces nouvelles problématiques font désormais partie de la réflexion, Fabien Gantois pointe le risque que tous les territoires n'est bénéficient pas. "Là où il y a de la pression foncière, beaucoup de demande, les élus vont pouvoir renforcer leurs exigences, par exemple via les chartes promoteurs. Mais dans les autres territoires ?" Il juge nécessaire de "mener des actions pour un minimum de prestations" sur tout le territoire.
"La relance et la SNBC ne peuvent pas prendre notre patrimoine en otage"
A côté de cette réflexion sur la qualité des logements et du cadre de vie, d'ailleurs déjà initiée par l'ancienne présidente, Fabien Gantois a tracé les trois "rendez-vous" de son mandat, à commencer par la transition écologique. Celle-ci, insiste le nouveau président, ne doit pas être "seulement énergétique" et doit inclure des questions de confort, notamment d'été, mais aussi de patrimoine. Il fustige les rénovations qui "recouvrent des maisons en pierre de meule sous 15 centimètres de polystyrène expansé" et "détruisent notre patrimoine esthétique".
"La relance et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) ne peuvent pas prendre notre patrimoine en otage", s'offusque Fabien Gantois, qui préconise "un travail d'acuponcture" sur le bâti pour le rendre performant, loin de l'industrialisation prônée par certains. "On ne peut pas réduire nos constructions à des normes techniques", explique encore celui qui défend "des solutions qui ne vandalisent pas notre patrimoine". Et qui soient réalisées en une fois, pour atteindre un niveau ambitieux.
Structurer une filière francilienne de matériaux biosourcés
La transition écologique est aussi une question de matériaux, selon Fabien Gantois, qui va poursuivre le travail engagé avec la chambre d'agriculture pour permettre la structuration d'une filière de la construction biosourcée et locale. Enthousiaste sur le développement des matériaux biosourcés après "des décennies de tout-béton", il estime pour autant qu'il faut "le bon matériau au bon endroit", et que la variété des modes constructifs peut servir l'architecture.
Le deuxième rendez-vous du mandat qui s'ouvre concerne "l'écosystème de l'architecture" : la qualité des lieux de vie et de travail "ne dépend pas que des architectes", et si "l'architecture est considérée dans la loi comme d'intérêt public", elle "dépend de toute la chaine de production de la ville, pas seulement des architectes". Il poursuivra, là encore, l'action commencée pendant le mandat précédent pour travailler de concert avec les professionnels de l'immobilier.
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Enfin, le troisième rendez-vous, en lien avec les deux premiers mais aussi et surtout avec les réflexions sur l'après-covid, est celui de travailler à "une région où l'on vit mieux", en repensant les modes de faire les lieux. Il appelle à "penser la métropole de demain". Or, entre augmentation de la population et objectif de zéro artificialisation, "on se dirige vers une augmentation mécanique de la densité", déduit Fabien Gantois. Ce qui induit un risque d'augmentation des prix du foncier. Dans cette équation, "si on veut améliorer les qualités d'usages des lieux de vie et de travail, il faut aller beaucoup plus loin en termes de foncier, avec le bon exemple des offices fonciers solidaires" (OFS).