Pour relancer la filière bois en perte de vitesse, les trois ministères de l'Agriculture, du Redressement productif et du Logement, viennent de dévoiler un "plan national d'action pour l'avenir des industries de transformation du bois", avec la création d'un fonds stratégique de 30 millions d'euros. Objectif : "Donner un cadre rénové à la politique forestière". Explications.
Dans un contexte où la filière bois est déficitaire dans l'Hexagone, Stephane Le Foll, Arnaud Montebourg et Cécile Duflot ont présenté, jeudi 17 octobre, un "plan national d'action pour les industries de transformation du bois". L'objectif est clair : relancer ce secteur qui emploie actuellement 450.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 50 milliards d'euros.
Quatre axes stratégiques
Les quatre axes stratégiques du plan de relance consistent à "affirmer une nouvelle dynamique de la filière, prendre en compte les enjeux de financement pour développer une offre compétitive, mobiliser des leviers comme la formation, l'innovation etc., et à lancer une dynamique de filière en créant au sein du Conseil national de l'Industrie un comité stratégique de la filière bois, chargé d'élaborer un contrat de filière et des propositions de mesures en lien avec les régions" signalent les trois ministères dans un communiqué commun.
Un "effort important de qualification des matériaux et procédés constructifs" est engagé sans délai, affirment-ils aussi "dans la perspective notamment de constructions de hauteur en bois, sur des systèmes constructifs français tel qu'entrepris dans le plan industriel 'Industries du bois' dirigé par Franck Mathis et Dominique Weber dans le cadre des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle."
Quelles ressources de financement ?
Côté financement, un Fonds stratégique de la forêt et du bois, initié par Jean-Yves Caullet, député de l'Yonne, sera institué par la "loi pour l'avenir de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt" et dans le cadre de la future loi de finances. Il s'appuiera, en effet, sur de nouvelles sources de financement destinées à appuyer la filière "en amont et en aval (Ndlr : transformation, construction…)" pour renforcer la compétitivité des entreprises.
Toutefois, le Gouvernement se montre moins ambitieux que cette dernière recommandation du parlementaire : le fonds sera doté de 30 millions d'euros contre 100 millions d'euros proposés dans son rapport. Cela permettra "d'améliorer la desserte et l'accès aux différents massifs, de financer des actions de recherche et d'innovation en fonction des priorités arrêtées dans les stratégies régionales", complètent les trois ministères respectifs.
En aval, le fonds bois créé en 2009 sera renforcé au sein du groupe public de financement et d'investissement pour les entreprises, Bpifrance. Il financera ainsi des projets d'équipements de production dans la construction, l'ameublement en "recueillant à parité des fonds privés et publics pour un objectif de 40 millions d'euros", ajoutent les ministères concernés.
Compte d'investissement forestier et d'assurance
En outre, plusieurs mesures incitatives seront inscrites dans le projet de loi de finances rectificative pour 2013. Tout d'abord, les taux d'amortissement dégressifs de certains matériels seront majorés. Le but est de renforcer l'outillage, a précisé Arnaud Montebourg. Un compte d'investissement forestier et d'assurance (Cifa) entrera en vigueur au 1er janvier 2014. Cet argent permettra de "reconstruire la forêt en cas de sinistre", a ajouté Stéphane Le Foll. Enfin, le Gouvernement compte reconduire le Dispositif d'encouragement fiscal à l'investissement (Defi) afin "d'encourager la gestion groupée des forêts privées".
Les régions pourront elles aussi "s'associer aux efforts financiers nouveaux par leurs actions propres" : renforcement de la garantie sur les cautions bancaires pour le financement des achats de bois sur pied, préfinancement des travaux dans les zones difficiles d'accès…
Créer aussi de nouveaux débouchés dans la construction
Au final, ce plan de relance vise, pour rappel, à créer de nouveaux débouchés, globalement dans le secteur de la construction. Il s'agira notamment de prendre des mesures en accord avec le ministère du Logement et de l'Egalité des Territoires pour imposer le bois dans la construction, en remplacement du décret "bois" non validé par le Conseil constitutionnel le 24 mai 2013. Les fédérations professionnelles seront invitées dans les semaines qui viennent à signer un protocole interprofessionnel de manière à garantir une part nouvelle du matériau bois dans l'offre des constructeurs, pour la construction elle-même mais aussi pour la rénovation thermique. Les moyens sont lancés car le défi de relance ce secteur est de taille.