ETUDE. A fin mai, la quasi-totalité des entreprises de TP ont retrouvé le chemin des chantiers selon la dernière enquête publiée par la FNTP, dont les résultats complets sont à télécharger. Mais les conséquences de la crise sanitaire sur le chiffre d'affaires de l'année et sur l'emploi seront très lourdes.
Après un mois d'avril catastrophique à cause de la crise sanitaire et de l'arrêt des chantiers, l'activité des travaux publics en mai a été plus soutenue. Les résultats de la dernière enquête réalisée par la FNTP montrent en effet des signaux plus favorables, à défaut d'être véritablement positifs.
La bonne nouvelle : la quasi-totalité des entreprises a désormais repris son activité. Seul 1,4% des répondants à l'enquête explique être toujours à l'arrêt au 29 mai 2020, contre 17% un mois plus tôt.
Une reprise pas encore totale
Cependant, le niveau d'activité n'est pas encore revenu à la normale. En moyenne pondérée, il s'établit à 81% à fin mai. Avec des situations très hétérogènes puisqu'un quart des entreprises répondantes évalue leur niveau de reprise à 100%, quant environ autant l'estime inférieur à 80%.
La reprise n'est donc pas encore totale, et les conséquences sur le chiffre d'affaires du mois de mai se font d'autant plus sentir. En moyenne, il ne représente que 68% de celui réalisé un an plus tôt. Seules 7% des entreprises sont parvenus à le stabiliser par rapport à mai 2019.
Un long retour à la normale
Et le retour à la normale prendra du temps. Malgré une montée en puissance anticipée durant l'été, une reprise à 100% n'est pas envisagée dans les trois prochains mois.
Ainsi, à fin juin, les entreprises de travaux publics devraient réaliser 80% du chiffre d'affaires par rapport à un mois "normal", avec seulement 36% parvenant à atteindre les 100% (dont 1% feront même plus). En moyenne 88% de l'activité serait réalisée à fin juillet, 89% à fin août, la moitié des entreprises envisageant d'atteindre les 100% et plus durant ces deux mois.
Pas de miracle sur 2020
Les entreprises semblent commencer à y voir plus clair sur les conséquences de la crise sanitaire sur l'ensemble de l'exercice 2020. Et sans surprise, les prévisions sont peu optimistes.
à lire aussi
Selon les données remontées par la FNTP, le chiffre d'affaires du secteur devrait baisser de 19% sur un an. Seules 5% des entreprises ayant répondu à l'enquête pensent pouvoir maintenir leur niveau d'activité par rapport à 2019. A l'inverse, un quart estime que la baisse sera de plus de 20%.
Lourd impact sur les perspectives d'emploi
Ces prévisions peu optimistes risquent par ailleurs d'avoir de forts impacts sur l'emploi. Un coup dur pour la profession qui, d'ici à fin 2024, estimait avoir besoin de 200.000 embauches (dont 50.000 nettes) et s'était engagée à passer de 8.000 à 12.000 apprentis.
La FNTP rappelle qu'en début d'année, 10% des entreprises envisageaient de freiner leurs embauches sur 2020. Désormais, 20% pensent diminuer leurs effectifs permanents, ce qui devrait passer par un tiers de licenciements.
Intérim et apprentissage pas épargnés
L'intérim ne sera pas épargnée. Représentant "traditionnellement environ 15% des effectifs, (…) 56% des entreprises envisagent de moins y recourir, voire plus du tout" dans 11% des cas, souligne la FNTP.
L'organisation professionnelle s'inquiète également d'un potentiel coup d'arrêt de la stratégie du secteur sur le développement de l'apprentissage. Selon son enquête, 38% des entreprises envisagent de baisser leurs effectifs d'apprentis, et même 15% pensent ne plus du tout y avoir recours.