STATISTIQUES. Les non-salariés (autoentrepreneurs, gérants, professions libérales) sont nombreux en France, avec 1 actif sur 10. Ils percevaient, en moyenne, environ 2.500 euros mensuels en 2014, mais cette rémunération varie fortement selon… la région d'implantation. Découvrez tous les facteurs d'inégalité révélées par l'Insee.
Une personne en emploi sur 10 relevait du "non salariat" à la fin de 2014 dans l'Hexagone. Une catégorie hétérogène, regroupant les autoentrepreneurs, les professions libérales et les gérants de société, dont la proportion varie grandement selon les régions. L'Insee révèle ainsi que ces non-salariés sont beaucoup plus nombreux dans la moitié sud du pays - en particulier le long du littoral méditerranéen et dans les Alpes, où le taux atteint les 18 % - que dans le nord-nord est du pays où cette valeur descend sous les 9 %. L'institut note que la présence d'une métropole régionale, comme Toulouse, Grenoble, Marseille ou Bordeaux, tempère ces chiffres en les amenant au voisinage de la moyenne nationale.
Combien gagne, en moyenne, un non-salarié chaque mois ? L'Insee répond : 2.510 € en moyenne à la fin de 2014. Mais, là encore, de fortes disparités existent entre les territoires. A Paris, cette rémunération est bien supérieure, puisqu'elle atteint les 3.700 € ! Elle dépasse les 2.800 € dans toute une série de départements comme les Hauts-de-Seine, le Nord, le Pas-de-Calais ou la Seine-Maritime. En revanche, dans la partie sud du pays se concentrent ceux où les revenus sont les plus faibles, souvent inférieurs à 2.000 €. Attention toutefois, la forte proportion d'autoentrepreneurs abaisse ces chiffres, car ces travailleurs ne retirent en moyenne que 410 €/mois de leur activité, contre 3.260 € pour les autres non-salariés plus classiques. Les statisticiens notent que les départements où le revenu est plus élevé comptent souvent moins d'autoentrepreneurs. Quand bien même, une certaine quantité de non-salariés déclarent un revenu nul, en ne dégageant aucun bénéfice ou en ne se versant pas de rémunération. Une situation courante dans les DOM (21 % en Martinique, 17 % en Guadeloupe) ou à Paris (15 %) mais pas dans l'ouest de la France (7 % en Maine-et-Loire). Autre distinguo : le revenu professionnel varie selon la catégorie de non-salarié (gérant de société, profession libérale, entrepreneurs individuels) ainsi que son secteur d'activité.
Le cas particulier de la construction
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Dans la construction, la situation est la suivante : 220.100 non-salariés classiques (hors autoentrepreneurs donc) étaient en activité à la fin de 2014. Ils se versaient 2.580 € en moyenne (soit tout de même 28 % de moins que la moyenne nationale toutes activités confondues). Ces travailleurs se répartissaient en entrepreneurs individuels (112.600) et gérants majoritaires (107.200), les professions libérales étant extrêmement minoritaires (moins de 300). Les premiers se versaient mensuellement 2.190 €, un montant inférieur à la moyenne de tous les entrepreneurs individuels (-5 %), tandis que les seconds atteignaient les 2.980 €. Mais ce revenu restait très en-deçà de celui de tous les gérants (-12,5 %).
D'autres facteurs influent sur les montants, dont l'ancienneté dans l'activité. Selon l'Insee, l'expérience professionnelle jouerait bien un rôle positif sur les revenus. Le sexe et la saisonnalité impacteraient également la rémunération. Malheureusement, à situation égale, les femmes ont un revenu toujours inférieur à celui des hommes. Par ailleurs, lorsqu'un non-salarié emploie lui-même un ou plusieurs salariés, ses revenus sont généralement élevés. Une situation rencontrée plus couramment dans la région Grand-Est ou en Seine-Maritime, que dans la zone sud où la part de ces employeurs est plus faible que la moyenne nationale. Les statistiques soulignent également l'importance du marché local dans l'activité non salariée, qu'il s'agisse de taux de chômage modéré ou de niveau de vie élevé. In fine, l'Insee conclut : "Même une fois neutralisés les facteurs cités précédemment, ce sont toujours dans les départements du nord, où les non-salariés sont relativement moins nombreux, que le revenu moyen est le plus élevé. Ce phénomène pourrait suggérer que les revenus les plus élevés proviendraient d'une moindre concurrence (…) Pourtant, il est difficile de tirer une conclusion générale sur un groupe aussi hétérogène". Les chercheurs continueront donc à décortiquer les chiffres.