Le Gouvernement renforce la lutte contre les fraudes au détachement de travailleurs et le travail illégal. Les entreprises et leurs filiales devront s'acquitter de nouvelles obligations afin de se montrer davantage responsables tant sur le plan environnemental que sur les conditions de travail. Détail.

Un décret d'application de la loi "Savary" vient de paraître afin de renforcer l'arsenal législatif destiné à lutter contre les fraudes au détachement de travailleurs et le travail illégal.

 

Les employeurs auront à respecter davantage de règles s'ils ne veulent pas être soumis à des amendes. Ainsi, ceux qui sont établis hors de France devront conserver sur le lieu de travail du salarié détaché sur le territoire national ou, en cas d'impossibilité matérielle, dans tout autre lieu accessible à son représentant désigné, certains documents parmi lesquels  : l'autorisation de travail permettant au ressortissant d'un Etat tiers d'exercer une activité salariée ; les bulletins de paie de chaque salarié lorsque la durée de la mission est supérieure ou égale à un mois ; un relevé d'heures indiquant le début, la fin et la durée du temps de travail journalier de chaque salarié etc.

 

"Dans le cas où l'entreprise est établie en dehors de l'Union européenne, le document attestant la régularité de la situation sociale au regard d'une convention internationale de sécurité sociale ou, à défaut, l'attestation de fourniture de déclaration sociale émanant de l'organisme français de protection sociale chargé du recouvrement des cotisations sociales lui incombant et datant de moins de six mois" doit pouvoir être fourni à l'inspection du travail, précise le décret. De nombreux autres documents spécifiant des informations sur le travailleur détaché devront aussi être disponibles comme "les modalités de prise en charge par l'employeur des frais de voyage, de nourriture et, le cas échéant, d'hébergement".

Obligation de vigilance des maîtres d'ouvrage et des donneurs d'ordre

Avec ce décret, les maîtres d'ouvrage et des donneurs d'ordre sont encouragés à être vigilants, plus particulièrement ceux qui travaillent avec un employeur établi hors de France. Ils devront lui demander, avant le début de chaque détachement, des documents précis comme une copie de la déclaration de détachement transmise à l'unité territoriale de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l'emploi.

 

Si des manquements sont constatés par un inspecteur du travail, des amendes administratives pourraient être infligées. Avant d'en arriver là, l'entreprise pourra présenter ses observations dans un délai de quinze jours. Concernant les actions en justice, l'organisation syndicale représentative aura désormais le droit de lancer une procédure. Bien sûr, le salarié pourra s'y opposer.

 

A noter que les agents de contrôles vérifieront les conditions d'accueil et d'hébergement. Seront observés les locaux, la salubrité des installations d'hébergement collectif, leur taille, leur nombre ou les équipements.

 

Reste à savoir si ces nouvelles dispositions pourront être appliquées puisque les groupes français soulignaient notamment les difficultés à mettre en place cet arsenal en raison des disparités de législation d'un état à l'autre.

 

Réactions...

 

Jacques Chanut, président de la FFB salue ce texte : "Ce décret était très attendu puisque de sa publication dépendait la mise en œuvre de la plupart des dispositions inscrites dans la loi 'Savary' de 2014, adoptée à la demande de la FFB. Ainsi, les contrôles et le devoir de vigilance des maîtres d'ouvrage vont rendre la fraude au détachement et l'intervention des travailleurs low-cost beaucoup plus compliquée sur notre territoire. La carte d'identification professionnelle des salariés prévue par le projet de loi Macron viendra compléter cet arsenal de mesures, dont la FFB se félicite vivement".

 

Patrick Liébus, Président de la CAPEB, commente dans un communiqué : "La parution de ce décret est un première étape très positive. Pour que ce texte ne demeure pas lettre morte, il reste à renforcer les contrôles sur le terrain. Mais, nous attendons également la parution du décret permettant l'élaboration d'une liste noire d'entreprises identifiées comme ayant des pratiques illégales afin de les exclure des commandes publiques, mais ce dernier nécessite encore l'accord de la CNIL".

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