Delphine Batho a annoncé le nom des cinq « sages » choisis pour animer le débat national sur l'énergie à partir du 20 novembre prochain. Parmi eux, figurent Anne Lauvergeon, ex-patronne d'Areva, et Pascal Colombani, qui a dirigé le CEA entre 1999 et 2002. Une décision inacceptable pour Greenpeace et les associations qui militent contre le nucléaire.
Le débat sur la transition énergétique doit débuter le 20 novembre prochain et promet d'être « animé ». Avant même le début des échanges, la composition même du comité de pilotage est controversée. Cinq « sages » ont été désignés par le gouvernement : Bruno Rebelle, un ancien de Greenpeace ; Jean Jouzel, climatologue ; Laurence Tubiana, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales ; Pascal Colombani, président du conseil d'administration de l'équipementier Valeo qui a dirigé le Commissariat à l'Energie Atomique au début des années 2000 ; et Anne Lauvergeon, ex-patronne d'Areva.
Selon la ministre de l'Ecologie, « ce comité est une bonne alchimie : Anne Lauvergeon est un grand serviteur de l'Etat ». Delphine Batho, évoquant également Pascal Colombani explique que c'est « un homme doté d'une grande expérience industrielle (qui) a tout à fait le droit de ne pas partager les idées du gouvernement sur la transition énergétique : c'est cela le respect de la diversité justement ». Car l'engagement de François Hollande est précisément de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d'ici à 2025. La ministre assume la composition du comité et assure que le débat sera « contradictoire, pluraliste et respectueux de la diversité des points de vue ». Delphine Batho explique : « Si nous avons besoin d'un débat national et citoyen sur des choix décisifs pour l'avenir de la nation, c'est parce qu'il y a des avis et des positions parfois diamétralement opposées ».
Lobby nucléaire ?
Certaines associations comme Greenpeace (qui envisage de boycotter le débat) ou NégaWatt s'interrogent tout de même sur la présence de personnalités connues pour être des défenseurs de l'atome civil. « Comment espérer que soit sérieusement discutée la possibilité de fermer d'autres centrales que Fessenheim ? », demande Sortir du Nucléaire. Le Comité de pilotage doit en effet étudier tous les scénarios énergétiques possibles et animer les débats entre différents collèges : patronat, syndicats, associations, pouvoirs publics, collectivités locales, etc. Sur le rôle du comité de pilotage, Jean Jouzel, expert du climat, précise à l'AFP : « C'est de parvenir à une solution, les gens ne sont pas forcément là uniquement pour défendre leurs idées ». Pour lui, la priorité de la transition énergétique est de tenir les engagements de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050, en actionnant le levier majeur que constitue le secteur énergétique.
Le débat sur la transition énergétique doit être mené jusqu'au printemps et répondre à quatre questions principales : « Comment aller vers l'efficacité énergétique et la sobriété ? », « Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ? », « Quels choix en matière d'énergies renouvelables ? » et « Quels coûts et quels financements de la transition énergétique ? ». Il débouchera sur la rédaction d'une loi de programmation au mois de juin 2013.