ENTREPRISES. Une enquête, menée par l'Institut supérieur des métiers, révèle qu'un entrepreneur sur quatre reconnaît ses défaillances en termes de gestion d'entreprise. Une situation qui a des conséquences : les choix opérés en cas finances dégradées ne seront pas les mêmes selon la formation du chef d'entreprise.
Les chefs d'entreprise des TPE de moins de 19 salariés sont nombreux à avouer leurs lacunes en matière de gestion. Une enquête de l'Institut supérieur des métiers, commandée par la Siagi, une société de garantie de crédits, révèle que près d'un entrepreneur sur quatre avoue avoir une formation en matière de finance et de gestion défaillante. Une fragilité qui vient s'ajouter à une situation économique dégradée : 47% des TPE ont vu leur chiffre d'affaires décliner en 2024, contre seulement 25% qui l'ont vu augmenter.
Compétences surtout techniques
De nombreux entrepreneurs de TPE se sont mis à travailler tôt et ont une formation axée sur des compétences techniques : ils sont 37 % à être titulaires d'un CAP ou d'un BEP, révèle l'enquête qui a été menée auprès de 1.359 TPE, et seulement 20% ont au moins un Bac+5. "La plupart des chefs d'entreprise des TPE ont des connaissances souvent faibles en gestion", explique l'étude.
Plusieurs entrepreneurs de TPE étaient présents lors de la présentation de l'étude, à l'occasion d'un colloque organisé à la Banque de France le 4 février 2025. "Je me mettrais zéro si je devais me noter en gestion", avoue Rémi Duret, à la tête de la boulangerie Maison Duret en Seine-et-Marne, qui emploie une vingtaine de salariés. Le jeune homme déclare par ailleurs gagner au maximum "1.000 euros par mois". "Si j'avais la possibilité de revenir en arrière, je n'agrandirais pas mon entreprise. Maintenant, je n'ai presque plus de temps pour moi", explique-t-il au public.
Des choix différents en cas de finances dégradées
Un niveau de formation qui a des répercussions sur la manière de gérer les crises. Les moins formés à la gestion d'entreprise auront davantage tendance à augmenter leurs prix et à recourir à leur trésorerie. Des réflexes qui n'ont pas souvent les effets escomptés et qui aggravent parfois la situation initiale. Au contraire, les mieux formés vont plutôt diminuer leurs charges et réduire leur masse salariale, cherchant ainsi à améliorer leur compétitivité. En effet, seulement 43% des TPE établissent un plan de trésorerie, un chiffre qui diminue lorsque le nombre de salariés augmente.
De nombreuses TPE externalisent par ailleurs leur comptabilité, et à des professionnels qui n'ont pas toujours les compétences requises. Cette situation a également pour conséquence de ralentir les possibilités de corrections en cas de difficultés économiques. Face à ce constat et à cette fragilité de nombreux entrepreneurs de TPE, la Banque de France a rappelé les nombreux outils qu'elle propose sur son site internet, comme le dispositif de diagnostic financier Opale, qui permet de mesurer et de comparer les performances d'une entreprise. La ministre déléguée chargée du commerce et des TPE/PME, Véronique Louwagie, présente pour l'occasion, a également souligné les apports que permet l'IA. "Elle est désormais accessible, notamment pour les TPE. L'IA peut jouer un rôle clé, notamment dans la prévision de tensions et dans la proposition rapides de solutions pour les entrepreneurs", a-t-elle expliqué.