Un avenir incertain, des emplois qui continuent d'être détruits, des actions gouvernementales peu convaincantes et un manque de confiance dans les politiques : les très petites entreprises ne prennent pas de gants pour évoquer la situation économique actuelle, alors que leur activité enregistre une baisse de 8% sur le dernier trimestre. Détails.
Encore un baromètre* qui fait état de la fragilité des TPE. Menée par l'IFOP pour Fiducial, l'enquête de conjoncture trimestrielle met le doigt sur la saturation à laquelle sont arrivées les petites entreprises. Saturation envers la situation économique et sociale, saturation envers les politiques et organes représentatifs, qui peinent à proposer des mesures efficaces face au marasme où celles-ci sont plongées depuis de longs mois.
Cependant, dans ce sombre tableau, l'indicateur de la situation financière des TPE se dégrade moins fortement pour s'établir à -28, après avoir atteint, le semestre précédent, son niveau historique le plus bas (-32). L'étude explique que les artisans sont ceux qui pâtissent le plus du contexte économique, avec un indice à -36. Une situation bien évidemment impactante pour la trésorerie. Le BTP et l'artisanat sont les secteurs où l'inquiétude est la plus visible, avec respectivement 46% et 49% des TPE qui se disent préoccupées. Rappelons aussi que plus de la moitié des TPE (52%) ont enregistré un recul de leurs ventes entre juillet et septembre 2014, contre 24% qui les ont vues progresser. Soit un chiffre d'affaires en recul de 8% sur ces trois mois.
Relance de l'emploi : pas de véritables mesures selon eux
Côté emplois, la dégradation se poursuit. Ainsi, la création nette d'emplois s'établit à -1.5 contre -0.5 anticipé par les chefs d'entreprise interrogés au mois de juillet. Un solde négatif pour le 5e trimestre consécutif, constate l'enquête Ifop/Fiducial. Et pas d'amélioration prévue dans les prochains mois : seuls 6% patrons envisagent d'embaucher dans les trois mois à venir.Dans cette situation, qu'attendent les chefs d'entreprise du gouvernement ? Leur position est tranchée sur ce point. Ainsi, 92% d'entre eux considèrent inefficaces les politiques menées depuis 2012 pour faire baisser le chômage, mais pour autant ils réfutent les idées proposées par le patronat pour relancer l'emploi (suppression de jours fériés, smic jeune…), et restent campés sur leurs acquis sociaux. Seules deux mesures retiennent leur attention : la suppression des 35 heures (27%) et l'exonération de charges sociales pendant deux ans pour tout nouvel emploi supplémentaire (19%).
La simplification : un leurre
A fortiori, leur reconnaissance envers les politiques n'est pas des plus favorables. Malgré son amour proclamé pour l'entreprise, Manuel Valls n'a plus la confiance que de 18% des patrons de TPE (-15 points en six mois). Pas mieux pour Nicolas Sarkozy, qui a annoncé son retour en politique, et qui fut autrefois le chouchou des entrepreneurs : 56% d'entre eux rejettent désormais sa candidature.La conclusion du directeur des techniques professionnels de Fiducial, Jean-Marc Jaumouillé, est sans appel : "Rien n'y fait et ce ne sont pas les tentatives d'hypnose avec le sujet de la simplification qui rassurera les dirigeants de TPE (…). Comptez par vous-même : 50 mesures de simplification depuis 18 mois, 50 nouvelles mesures annoncées, alors que, depuis le 1er janvier 2014, l'appareil législatif et administratif a accouché de 15 lois, 38 ordonnances, 1.057 décrets et 2.925 arrêtés".
Echantillon de 1.001 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés (hors auto-entrepreneurs), raisonné sur les critères secteur d'acitivité de l'entreprise, taille de l'entreprise, région d'implantation de l'entreprise et interrogés par téléphone du 6 au 20 octobre 2014.