Exposant pour la première fois au salon de l'électronique de Berlin (IFA), Easyplug - société commune entre Thomson Multimédia et Schneider Electric - a mis l'accent sur la technologie des courants porteurs (CPL).
Rencontrée à l'occasion de ce salon, Elizabeth Conraux, directrice ventes et marketing Europe d'Easy Plug, nous explique en quoi cette technique est une évolution fondamentale pour les métiers traditionnels de l'installation électrique.


Quelle place donnez-vous actuellement à la communication par courants porteurs en France et en Europe ?

Elizabeth Conraux : Tout d'abord, le courant porteur a une image relativement ancienne. Les applications étaient principalement domestiques comme la gestion du chauffage quand les installations ne pouvaient communiquer que peu d'informations, des bas débits ou des ordres du style marche/arrêt. Depuis 20 mois, il devient un outil intéressant au niveau de la communication et des hauts débits. En Europe, ça démarre lentement, le côté normatif n'est pas bien abordé et cela ne facilite pas forcément les choses. Aujourd'hui, les inter-technologies qui se positionnent offrent des solutions intéressantes. Beaucoup d'acteurs majeurs y réfléchissent. Cette technologie va de pair avec le développement de l'informatique, de la vidéo, du satellite et d'Internet... L'environnement est donc extrêmement favorable et en plein essor.

Quels marchés de l'habitat sont les plus concernés ?

E.C. : Sur le plan européen, les principaux marchés sont ceux de la rénovation, moins pour ceux du neuf. Cette technologie permet de répartir les moyens de communication partout dans la maison. On pourra faire ce que l'on désire alors qu'actuellement il y a toutes sortes de prises spécifiques : une prise pour la télévision, une prise pour le téléphone, la vidéo, Internet... Mais aujourd'hui, les habitudes des usagers changent. On s'aperçoit très rapidement que l'on a besoin d'utiliser ces points de connexions dans toute la maison. Les enfants réclament leur propre PC, les femmes travaillent plus et ont besoin qu'on leur facilite la vie.

Vous parlez d'une expérience vécue, de la place du PC au foyer ?

E.C. : Finalement les rôles respectifs de l'homme, de la femme et des enfants trouvent une nouvelle dimension grâce aux moyens de communications. Les enfants sont prescripteurs et très exigeants pour les jeux, l'ordinateur ou la télévision... Au niveau de la vie quotidienne, la gestion du confort est également un point clef. On affranchira les personnes de tout un tas de tâches répétitives et fastidieuses. Le fait de pouvoir le faire à distance, se connecter à un certain nombre de services à travers Internet sera un apport extrêmement intéressant. La répartition de l'information est la possibilité d'avoir des maisons communicantes. Mais l'essentiel est la simplicité, tout en apportant une réelle valeur aux gens dans la maison.

La valeur utilitaire ?

EC : Oui, si on applique ces valeurs autour de l'utilité quotidienne, du confort ou de la sécurité on touchera le grand public. Il faut donc apporter la simplicité et la stabilité d'utilisation de nos installations.

Selon vous à quelle période le marché va-t-il se populariser ?
E.C. : Pour le marché de la téléphonie et de l'informatique ce sera extrêmement rapide. Tous nos contacts nous indiquent que le marché est prêt. L'analyse du marché américain à travers le réseau Thomson nous démontre que les gens sont en attente de solutions qui leur permettraient, par exemple, de ne pas tirer des fils partout dans la maison. On est dans l'étape où Internet va devenir un élément clef de la vie des gens, ne serait-ce que pour envoyer des e-mails ou surfer. Or, les réseaux actuels qui ont été conçus il y a 20 ans ne sont pas prêt pour cela.

Cela concerne davantage le marché de la rénovation ?


Oui, à partir du moment où il existe dans un bâtiment une infrastructure électrique disponible partout, il est évident qu'il est moins coûteux, plus convivial et plus esthétique d'utiliser ces infrastructures. Pour les installations traditionnelles, on est obligé de retirer des fils, ce qui impose l'intervention d'un installateur.

Fin avril, Kaufman and Broad a présenté "Ma m@isonnet" avec Cysco Systems et France Télécom. Les produits Easy Plug visent-ils ce marché ?

E.C. : On travaille beaucoup avec les fournisseurs d'infrastructures. C'est exactement le même marché. Il y a plusieurs manières de fournir ce moyen de communication. La première est de mettre à disposition ces produits de façon accessoire, à ce moment là les gens peuvent les acheter dans les réseaux type grandes surfaces spécialisées ou FNAC : ce sont les réseaux que l'on utilise à travers la marque Thomson qui sont des réseaux d'électronique grand public. Ceci permet à l'utilisateur de ne plus installer une nouvelle prise. La deuxième manière est d'aborder le marché de la rénovation. Là, il faut impliquer tous les acteurs de la filière les installateurs et les bureaux d'études, qui sont les prescripteurs. Il faut également leur proposer des produits d'infrastructures comme des prises par courant porteur qui vont permettre d'adapter l'installation de la maison.

La prise par courant porteur communicante, c'est peut être la traduction d'Easy Plug ?

E.C. : Oui, tout à fait ! La notion de point de connexion partout dans la maison est la clef. Sachant qu'un point de connexion est un appareil physique (un appareil électroménager, un PC...) ou d'autres technologies comme la radio ou autre... Il est important d'apporter dans la maison une infrastructure par un porteur communiquant pour apporter l'accessibilité, la souplesse d'utilisation et être capable de servir les besoins de chaque individu qui sont aujourd'hui de plus en plus matures.

Cela a un côté magique !

E.C. : C'est tout à fait ça, une bonne technologie est une technologie que l'on ne voit pas mais dont on perçoit que les avantages.

Vous avez l'expérience du marché américain. Quel est l'impact de ce développement aux USA ?

E.C. : Les produits que l'on commence à voir arriver en Europe peuvent déporter une prise téléphonique ailleurs dans la maison pour faire un accès Internet sur un modem 56K.

Cela correspond à votre produit : le "MODEM JACK", il portera le même nom en France et en Europe ?

E.C. : Sans doute, mais il y aura peut être une traduction pour chaque pays. En Angleterre, il s'appelle ainsi. Il y est déjà en vente et bientôt sur le marché espagnol sous la marque Domotica.

Et en France ?

E.C. : En France nous en sommes aux démarches liées à l'agrément. Un autre produit intéressant testé sur le réseau américain, est un produit permettant de constituer un réseau PC sans acheter de cartes réseaux ou de câbles. Il suffit de placer un adaptateur et un logiciel sur chaque PC. Après, on peut travailler de manière totalement transparente sur un autre PC connecté avec des niveaux de débit de l'ordre de 2 Mbits. Cela fonctionne comme un réseau PC sans avoir le problème de l'installation d'un réseau, ce qui n'est pas à la portée du premier venu. (NDLR : un réseau classique est connecté par des liaisons de 10 à 100 Mbits)

Vous parliez de fournisseur d'infrastructure, est-ce que cela en fait partie ?


En terme de produits d'infrastructure, il y a le marché traditionnel de l'installation électrique. C'est un vecteur incontournable de la diffusion de nos produits avec l'expérience de Schneider. Il faut avoir une approche avec les bureaux d'études et leur montrer les avantages de cette technologie. Ensuite il faut présenter le produit aux installateurs et aux artisans, pour leur faire comprendre l'intérêt pour leurs clients. Mais également pour eux car ce sont des gammes de produits très intéressantes, à la fois sur le plan de l'image extrêmement innovante et sur le plan clientèle en terme de prestations. Ils auront un meilleur temps de réponse du fait de la facilité de mise en oeuvre, les installateurs n'ayant pas besoin de tirer des câbles. Je pense que fondamentalement c'est une évolution très positive pour leur métier.

Auprès de toute cette filière, avez vous déjà entamé une communication, une formation ? Ce sera un choc culturel !

E.C. : Certainement, c'est beaucoup d'innovations d'un coup. En comparaison, lorsque les tableaux modulaires en kit sont apparus cela a complètement changé le métier des " tabletiers ". Ces produits vont leur apporter une bonne image qui peut faire évoluer la profession. C'est à nous de leur montrer, de les convaincre que cette technologie va réellement apporter une innovation déterminante. Il y a une campagne de formation de prévue, certainement avec Schneider, et un certain nombre d'actions pour leur faire appréhender les possibilités de ces nouvelles technologies.

A quelle période cela sera mis en place ?

E.C. : Je ne peux pas encore vous répondre, c'est encore trop tôt. Mais les électriciens commencent petit à petit à monter en compétences en terme de débits. Nous allons les aider avec nos produits.

Revenons sur les applications de vos produits, quelle est celle, selon vous, qui aura le plus d'impact au niveau de la vie quotidienne ?

E.C. : L'application qui va réellement faire percer le courant porteur est sa capacité à distribuer partout dans la maison une infrastructure communicante, en particulier pour la VDI avec le haut débit. L'étape ultime est la diffusion du canal vidéo, de la télévision haute définition et du son. Fondamentalement, avant on avait une télévision, une ligne téléphone, un PC avec des câbles partout, maintenant on aura plusieurs télévisions, PC et surtout une grande flexibilité. On ne pourra pas s'affranchir d'une technologie de communication comme le courant porteur.

En ce qui concerne la télé-assistance aujourd'hui, existent des sociétés de services et des produits d'alerte. Où se positionnent vos produits ?

E.C. : Ce sont des produits qui fonctionnent avec la technologie radio. Nous apportons la connexion au téléphone ou un service relié à l'infrastructure électrique. Après, le débat est de savoir si le courant porteur est une meilleure technologie que la radio, à partir du moment où l'on véhicule aussi des informations dans la maison. Les deux technologies trouvent leur place. Chacune a des avantages et des inconvénients. La radio est une technologie mobile mais elle est susceptible de fonctionner plus ou moins bien suivant l'architecture du bâtiment. L'avantage du courant porteur est d'être une technologie d'infrastructure, elle est indépendante du type de bâtiment dans lequel on se trouve. Mais les deux technologies vont certainement cohabiter. On est persuadé que la technologie radio type Bluetooth va apporter la communication sur des faibles distances et sera relayée par le courant porteur. L'ensemble des acteurs dans la communication du bâtiment considère qu'il y a une place pour le courant porteur. La radio ne résout pas tous les problèmes et c'est une technologie relativement jeune.

Propos recueillis par Jérôme Robert (www.domoclick.com)




Elizabeth Conraux est ingénieur et titulaire d'un doctorat dans le domaine de l'électricité. Après plusieurs postes chez MGS Thomson Micro-électronique, elle a intégré Merlin Gerin (avant de s'appeler Schneider) en 1990, dans le service marketing d'une gamme de logiciels destinée aux clients de Schneider. Aujourd'hui, Elizabeth Conraux a la responsabilité de développer l'activité destinée aux produits de communication par courants porteurs EASYPLUG en Europe, avec le soutien de l'environnement des maisons mères, Schneider-Legrand et Thomson Multimédia.


Easyplug est une société commune entre Thomson Multimédia et Schneider Electric. Elle cible le marché des solutions de communication domestiques et tertiaires utilisant le réseau électrique. Ce marché est estimé à plus d'un milliard d'euros pour 2003/2004.
En 2001, Easyplug ambitionne un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros et de plus de 200 millions d'euros en 2005. Ses objectifs sont :
- atteindre une position de leader mondial dans le domaine des solutions bâties sur les technologies CPL,
- favoriser leur diffusion en contribuant activement aux actions de standardisation et de normalisation qui les concernent.


Pour en savoir plus

www.domoclick.com

Sites des marques :
www.easyplug.com/homefr.htm
www.schneider-electric.com
www.thomson-multimedia.com

Prochaine intervention d'Elizabeth CONRAUX, à Nice lors de la conférence Net @ Home : le 27 novembre 2001
http://www.net-home.com/menu7.htm

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