Les procédés d'habillage de façades en pierres attachées (calcaire, marbre, granit…) utilisés depuis des décennies ont généré de nombreux sinistres, y compris sur des ouvrages célèbres tels que l'Opéra Bastille de Paris ou la Grande Arche de La Défense. Comment expliquer ces phénomènes ? Quelles en sont les pathologies ? Éléments de réponses avec Ludivine Mouatt, chargée d'affaires Maçonneries et Monuments Historiques chez Ginger CEBTP.

Batiactu : Pouvez-vous rappeler quelle est la technique de la pierre attachée sur façade et quelles sont les différentes techniques de pose ?
Ludivine Mouatt : Les revêtements muraux attachés en pierre mince sont destinés à constituer la face vue des parois verticales de bâtiments, fixées par des attaches à un support en maçonnerie ou en béton. Cette technique de revêtement de la façade s'applique à tous les bâtiments (habitation, bureaux, établissements scolaires, hospitaliers, commerciaux…). Ces revêtements en pierre, en plus d'utiliser des matériaux naturels, permettent l'isolation par l'extérieur des bâtiments lorsque le revêtement est fixé par des attaches métalliques.
Les revêtements peuvent être fixés au support par agrafes métalliques enrobées dans un polochon. Cette technique ne permet pas l'isolation par l'extérieur et est utilisée aujourd'hui dans des configurations de pose de petits éléments et en intérieur.

 

Ludivine Mouatt
Ludivine Mouatt © Ginger CEBTP
Batiactu : Quelles sont les différentes pathologies que vous rencontrez lors de sinistres ? Comment les expliquez-vous ?
Ludivine Mouatt : Dans un grand nombre de cas, les sinistres sont liés à un défaut de mise en œuvre, notamment le non respect des joints de fractionnement et de dilatation du support qui doivent être repris dans le revêtement. DTU 55.2 «Revêtement muraux attachés en pierre mince » d'octobre 2000». Dans une moindre mesure, les différentes pathologies rencontrées sont liées directement à un défaut de la pierre, c'est-à-dire que la pierre posée n'est pas adaptée à la pose en revêtement attaché : défaut de résistance aux attaches, pierre sujette à la décohésion granulaire... Dans tous ces cas la pierre est non conforme à la norme NF B 10601 de juillet 2006 «Prescriptions générales d'emploi des pierres naturelles».

 

Batiactu : Enfin, suite à un sinistre, quelles sont les différentes techniques de remplacement et/ou de consolidation qui peuvent être proposées ?
Ludivine Mouatt : Suite à un sinistre, la première étape est de faire un diagnostic complet afin d'identifier les causes et d'adapter les solutions réparatoires. La priorité étant de mettre en sécurité la façade de façon durable.
J'ajouterai que généralement le coût du diagnostic est négligeable car il permet d'optimiser les techniques de remplacement et/ ou de consolidation.
Les solutions de réparations peuvent, dans les cas les plus défavorables, aller jusqu'au remplacement total des plaques de pierre. Et dans un grand nombre de cas, la refixation des plaques de pierre avec création des joints de fractionnement adaptés peut être envisagée.

 


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