Les éditions Norma publient ce mois-ci la première monographie consacrée à l’architecte Frédéric Borel. Son auteur : l’architecte Richard Scoffier. Son prix de vente : 58 euros.

Diplômé de l’Ecole spéciale d’architecture en 1982, à l’âge de 23 ans, Frédéric Borel crée deux ans plus tard son agence. En 1989, son premier immeuble de logements sociaux pour la ville de Paris, boulevard de Belleville, apporte un souffle nouveau dans l’architecture contemporaine et attire l’attention des spécialistes.

Se démarquant de «l’architecture d’ingénieur» et du minimalisme ambiant, Frédéric Borel pense que l’architecture doit affronter le réel avec toute son inertie et son imperfection, que les bâtiments qui se comprennent d’un seul regard appauvrissent la ville et que l’espace public doit être un lieu de relation, de halte et de rêverie. Dans les logements sociaux parisiens qu’il insère dans l’uniformité des façades haussmanniennes comme dans ses bâtiments administratifs - centre culturel d’Albi, centre des impôts de Brive-la-Gaillarde, école maternelle de la rue de La Moskowa à Paris - Borel apporte aux contraintes des programmes qu’il réalise des réponses toujours en accord avec le site, à la fois rigoureuses et poétiques, d’une grande liberté formelle et proches de la sensibilité contemporaine. Volumes totémiques chahutant l’alignement du boulevard de Belleville, masque en apesanteur ouvrant la rue Oberkampf, jaillissement de plans colorés rue Pelleport, découvrant les hauteurs de Ménilmontant, ou parallélépipède rendant visible le dessin fragile des collines d’Agen, ses édifices s’apparentent à des sculptures habitables.

A travers une analyse thématique de l’oeuvre de Borel - du projet «Construire la banlieue» pour Romainville de 1984 et des grandes figures anthropomorphiques aux monolithes compacts et abstraits de ses dernières réalisations -, se référant constamment à la littérature, à la musique et à l’art, le livre de Richard Scoffier interroge avec passion, et souvent de manière polémique, les notions essentielles d’usage, de lumière et de forme qui sont la base même de l’architecture.

Richard Scoffier, architecte depuis 1980 et diplômé de philosophie, enseigne le projet et la théorie à l’école d’architecture de Versailles. Lauréat des Albums de la jeune architecture en 1991, il réalise actuellement le Centre musical d’Etouvie à Amiens. Grand connaisseur de l’oeuvre de Frédéric Borel, il a publié plusieurs articles dans différentes revues françaises et étrangères.
Les photographies sont de Nicolas Borel.

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