VIDEO. A Montréal, un immeuble de 10 étages grandit sous son toit. Cette nouvelle technique de construction, dite "Upbrella", présenterait différents avantages en termes de délai de mise à disposition des premiers logements ou de protection du chantier. Explications.
Upbrella est un astucieux jeu de mot, né de "umbrella", parapluie, et du préfixe "up", vers le haut. Un nom qui résume tout le concept d'un nouveau mode de construction verticale : un immeuble dont le toit est posé en premier et qui grandit ensuite au rythme de la demande. Une solution originale qui permet une occupation progressive des lieux et de maintenir le chantier à l'abri des éléments. Le cabinet 3L Innogénie, installé au Québec, explique : "La méthode Upbrella permet ainsi d'éviter de supporter financièrement des étages vides et de construire de façon responsable, en limitant l'impact urbain et en réduisant les accidents de travail".
Concrètement, la construction débute par l'installation d'une toiture adaptée et outillée sur le premier plancher répétitif posé au-dessus des fondations. Les ingénieurs précisent : "Cette toiture permanente demeurera sur l'édifice et peut avoir la géométrie désirée". Cette toiture est ensuite soulevée au moyen d'un système de levage afin de ménager un espace de construction protégé. Un transporteur extérieur est utilisé pour acheminer les ouvriers et les matériaux au fur et à mesure de l'élévation de la tour. Le plancher du niveau suivant est assemblé à hauteur d'homme puis positionné grâce au système de levage de la toiture. Une fois cette étape terminée, les structures porteuses, colonnes et murs, sont mises en place pour permettre aux vérins de se rétracter et pouvoir passer à l'étage suivant. Ou de laisser l'immeuble en l'état, pour s'adapter aux besoins.
Un premier chantier à Montréal
3L Innogénie insiste sur les avantages supposés pour le propriétaire, avec un édifice qui est plus rapidement fonctionnel et des revenus qui entrent plus vite, tandis que les nuisances seraient négligeables pour les occupants. Du côté des entrepreneurs, la productivité serait accrue, grâce à un environnement contrôlé, outillé et à l'absence d'installations temporaires comme des échafaudages ou des grues. L'absence d'imprévus, tels que les intempéries, réduirait les délais et les risques pour les ouvriers. Les bénéfices attendus sont tellement nombreux qu'on se demande pourquoi on ne construit pas comme ça depuis toujours. Même si les ingénieurs allemands ont déjà utilisé une technique un peu similaire, pendant la 2e guerre mondiale, pour construire à l'abri des bombardements alliés.
La formule a séduit des promoteurs canadiens qui ont entrepris de construire le Rubic, une première tour à structure composite béton et acier de 10 étages, selon le concept Upbrella. L'immeuble devrait être achevé au mois de juillet 2016 et accueillera en tout 47 logements. Mais dès la fin du mois d'octobre 2015, les quatre premiers étages de l'ensemble pourront être occupés. L'hiver permettra de vérifier si la construction peut se poursuivre en dépit de la rigueur des conditions canadiennes.