Usée, mal isolée, amiantée, dépassée, anodine… Tels sont les qualificatifs qui étaient employés pour décrire la tour F de la base aérienne 117 du quartier Balard à Paris. A l'issue d'un chantier de longue haleine, l'immeuble de 62 mètres a été entièrement désossé et reconstruit selon des normes modernes et une esthétique revue. Visite guidée.
Le chantier du Pentagone français débutera prochainement à Balard, dans le sud-ouest parisien (15e arrondissement). Deux tours, implantées à proximité, sur la base aérienne 117 de l'Armée de l'Air, ont cependant déjà fait l'objet d'une déconstruction-reconstruction : la tour A et la tour F. Cette dernière a été livrée en 1971, selon des plans de l'architecte Pierre Large. Haute de plus de 60 mètres, elle a été utilisée comme casernement durant des années. Aujourd'hui dépassée et usée, elle a nécessité de profonds travaux de désamiantage, entre 2005 et 2007.
Le projet a démarré en 2002 avec le lancement d'un concours architectural remporté par AIA (Architectes Ingénieurs Associés) et Frank Hammoutène - qui se désintéressera du projet quelques temps plus tard. Les études ont été menées entre 2003 et 2005 et le chantier de reconstruction à proprement parler a été effectué en 38 mois, pour une livraison à la fin du mois de février 2012. Le programme : un IGH de 740 chambres destinés aux personnels de l'Armée de l'Air dits « célibataires géographiques » travaillant à Paris en semaine et rentrant dans leurs foyers le week-end.
La tour anonyme reprend du sens
Architecturalement, le projet a consisté à donner à l'immeuble de l'élancement qu'il n'avait pas, en créant une extension en bas, avec une avancée de trois étages (au lieu des six prévus au programme) destinée à accueillir des bureaux hors du noyau central. L'augmentation de la surface dans la base a permis de réaliser une découpe de l'arrière de la structure, sur six étages. Car c'est un véritable travail de sculpture qui a été fait, en effeuillant la structure vers les hauts et en affinant les pignons. Le noyau béton du bâtiment s'est révélé, donnant de la puissance à la tour. Les façades ont été revêtues d'une peau en inox et la face Sud s'est vue équipée d'imposants pare-soleils rappelant des ailes d'avion.
Il en résulte un immeuble d'allure moderne, aux performances et prestations adéquates, qui accueillera ses premiers militaires de passage dans quelques semaines. Le groupement Opale récupèrera la tour début mars, afin de l'intégrer à la gestion du futur Pentagone français dans le cadre du PPP décidé entre le ministère de la Défense et Bouygues.
Tour F avant sa reconstruction
La tour F a été inaugurée en 1971. Un IGH médiocre, typique de la période, "sans haut, ni bas. Sans devant, ni derrière", écrit Jean-Pierre Le Dantec.
Coupe de principe
La tour à été retravaillée, sculptée. Afin de lui donner un certain élancement, trois étages de bureaux en avancée ont été créés à la base tandis que le haut de l'édifice a été rogné, jusqu'à la structure du noyau porteur en béton.
Plans R+1 (bureaux) et étage standard (chambres)
Les plans du R+1 (à gauche) montrant l'avancée en courbe, qui abrite les bureaux et d'un étage standard (à droite) montrant la disposition des chambres. On peut distinguer les imposants pare-soleils de la façade Sud (en noir).
Le noyau interne en béton contient les espaces de service, les escaliers et les ascenceurs.
Désamiantage en cours
La déconstruction de la tour a débuté par un désamiantage complet, qui a duré 18 mois entre 2005 et 2007. L'opération a été menée sous bache et dépression d'atmosphère afin qu'une particule d'amiante ne s'échappe.
Structure nue
La structure de la tour F mise à nu.
Façade côté Paris
La tour quasi-achevée, munie de sa peau en inox visible ici sur la façade du côté ville. On apperçoit l'affinement de la structure de l'immeuble laissant apparaître le noyay de béton noir sur les six derniers étages.
Détail des brise-soleil
Vue rapprochée des brise-soleil en inox installés sur la façade Sud et destinés à protéger les chambres d'un échauffement. Ils rappellent une aile d'avion, clin d'oeil à la destination de la tour : héberger des militaires de l'Armée de l'Air.
Tour F de nuit
Installée à proximité du périphérique, la tour F de la base aérienne 117, donne maintenant l'image d'une tour moderne, à l'opposé de son apparence initiale insipide et datée.
Vigie
La structure métallique installée au sommet de la tour, destinée à accueillir des équipements électroniques utiles à l'Armée de l'Air, notamment pour participer à la défense de l'espace aérien de la capitale.
Vue vers la porte de Versailles
La vue, depuis la tour F, de la tour A, elle aussi désamiantée puis reconstruite dernièrement.
Hauteur : 62 mètres (R+16)
Surface : 30.000 m²
Coût : 82,5 M€ HT
Maître d'ouvrage : Armée de l'Air, Direction centrale de l'infrastructure
Architectes : AIA + F. Hammoutène
Ingénierie TCE : CERA
BET façade : Arcora
Calendrier : études 2003-2005 ; désamiantage 2006-2007 ; reconstruction 2008-2011 ; livraison 1er trimestre 2012