La presse nationale s'est enflammée à l'idée d'un projet de végétalisation de l'emblématique Tour Eiffel. Pourtant, ni la société d'exploitation, ni la mairie de Paris, ne semblaient être au courant. Il s'agissait en fait d'une initiative privée, du groupe d'ingénierie Ginger, qui souhaitait créer une dynamique autour du Développement durable.

La dame de fer ne virera pas au vert. Alors même que des travaux vont être entrepris au premier étage pour réaménager l'accueil des visiteurs de la tour Eiffel, le groupe Ginger Ingénierie a voulu aller plus loin. Le bureau d'études a mobilisé, pendant presque un an, une vingtaine d'ingénieurs afin de conceptualiser un projet fou : végétaliser pendant plusieurs mois l'ensemble des 300 mètres de l'édifice métallique. « Ce projet confidentiel, déclare Jean-Luc Schnoebelen, fondateur et directeur général du groupe Ginger, qui a prématurément été divulgué à la presse, a pour but de marquer les esprits et de donner du rêve ». Ginger a de ce fait souhaité faire de Paris un symbole du 21e siècle en matière de Développement durable en détournant le symbole de l'industrialisation triomphante du 19e siècle.

 

Les ingénieurs ont réfléchi à la réalisation du projet « Arbre de vie » avant tout pour faire évoluer les technologies et leurs connaissances. Ils ont fait face à de très nombreuses contraintes techniques : le bilan carbone de l'opération devait être négatif - l'absorption de gaz carbonique étant supérieure aux émissions, des produits naturels devaient être employés, l'irrigation des plantes devait être résolue et le poids total de l'installation temporaire devait rester contenu.

 

Des études déjà très poussées
Le journal Le Figaro estime ce poids à 378 tonnes, dont 138 tonnes de plantes vertes, 100 tonnes pour le système d'irrigation (dont 12 tonnes de tubes en caoutchouc), 69 tonnes pour le substrat, 30 tonnes pour le filet de chanvre ou en sisal supportant le tout, 30 tonnes pour les poches en toiles de jute de 15 x 15 cm, et 11 tonnes pour les poulies. La consommation des 600.000 plants nécessaires à la végétalisation totale de la Tour serait de 144.000 litres d'eau (enrichie en oligo-éléments) par semaine ! Le bilan serait toutefois positif sur le plan des émissions de CO2 : la Tour végétalisée émettrait 84,2 tonnes de gaz carbonique plus que compensés par les 87,8 tonnes absorbées.

 

Le calendrier des travaux avait même été prévu : développement des plants (thermophiles à forte résistance xérique sur les faces Est et Sud, lierre horticole à capacité de phyto-épuration et plantes semi-persistantes sur les faces Nord et Ouest) en pépinières jusqu'en juin 2012, pose sur le site entre juin 2012 et janvier 2013, phase de croissance des végétaux jusqu'en janvier 2014, pleine expansion en 2014 et 2015, et retrait entre février et juillet 2016. La question du financement des 80 millions d'euros de l'opération, en revanche, n'avait pas encore été tranchée au moment de la révélation du projet. Ginger pensait initialement faire uniquement appel à des sponsors privés. Mais les réactions négatives de la Mairie et de la Société d'Exploitation de la tour face à la divulgation de ce projet sembleraient toutefois vouées à tuer l'initiative dans l'œuf.

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