Environ 250 personnes travaillant dans la tour Bretagne se sont rassemblées au pied de l'édifice, ce jeudi 19 octobre 2017, pour manifester leur inquiétude face à la présence d'amiante dans cet immeuble de bureaux. Des poussières avaient été détectées au début de l'année, sans que des mesures précises ne viennent ensuite confirmer cette pollution.

Les tours de bureaux des années 1970, comme la tour Montparnasse et la tour Zamansky à Paris, ont connu des opérations de désamiantage d'envergure particulièrement coûteuses. En sera-t-il de même pour la tour Bretagne située à Nantes ? Des poussières d'amiante avaient été découvertes lors d'une opération d'entretien au mois de février 2017, mais des mesures complémentaires réalisées au cours de l'été n'avaient rien révélé.

 

Pour autant, les occupants de la tour de 32 étages sont inquiets. Environ 250 personnes se sont rassemblées, ce jeudi 19 octobre, au pied de l'édifice en soutien aux personnels et fonctionnaires travaillant quotidiennement dans le bâtiment. Le sitting a été organisé par une intersyndicale CFDT-CFTC-CGT-FO-FSU-Solidaires-UNSA sous le mot d'ordre "Stop à l'amiante". Les syndicats exigent "la plus totale transparence" sur l'exposition à ce matériau des 600 personnes qui occupent les bureaux de la tour, dont environ 200 agents de la métropole nantaise, 190 fonctionnaires des Finances et 90 agents de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi).

 

Les gaines de désenfumage encore mises en cause ?

 

Francis Judas, un des syndicalistes interrogés par l'AFP, témoigne : "On a des doutes sérieux sur les diagnostics qui ont été faits". Il réclame l'accès au Diagnostic technique amiante (DTA) de l'ouvrage afin de savoir exactement si le matériau est bien présent et sa localisation. Sous couvert d'anonymat, une des travailleuses du site, inspectrice du travail qui plus est, déclare : "On veut avoir des réponses précises de nos directions et pas cette peur de venir tous les jours travailler avec cette présence d'amiante". Elle poursuit : "Nous avons été obligés de réintégrer la tour suite à des travaux qui ont consisté à nettoyer les endroits où l'amiante avait été détectée et à mettre du surfactant, une sorte de vernis censé empêcher la dispersion des fibres". L'inspectrice se dit elle aussi sceptique sur les travaux réalisés et sur les mesures qui ont été prises depuis l'été, déplorant également le manque de transparence du chantier. Des interventions sont toujours en cours à certains étages tandis que le remplacement des volets de désenfumage est prévu pour 2018.

 

Tour Zamansky à Paris
Tour Zamansky à Paris © M. Buisson - Wikimedia CC

 

Rappelons que, dans le cas emblématique de la tour Montparnasse, le matériau ignifuge avait été détecté dans les gaines de désenfumage. L'édifice, quasiment deux fois plus haut que la tour Bretagne (210 mètres contre 120, et 58 étages contre 32), subit toujours des interventions de désamiantage, étage par étage, une méthode dénoncée par l'Andeva, l'association des victimes de l'amiante qui estime qu'elle entraîne "des pollutions récurrentes" dans le bâtiment. A l'inverse, la tour Zamansky, située au cœur du campus Jussieu (Paris), d'une taille équivalente à la tour Bretagne (93 mètres et 29 étages) avait été intégralement vidée de ses occupants en 2004, désamiantée à la fin de 2006 et rendue entièrement rénovée à l'université en juin 2009, soit moins de 5 ans en tout. Une solution qui pourrait être répliquée à Nantes ?

 

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