IMMOBILIER. L'agence régionale d'urbanisme et de l'environnement Institut Paris Région remarque une forte croissance des tiers-lieux dans la région. Ils sont souvent vecteurs de lien social et facilitent les échanges entre différents acteurs du territoire.
Ils sont originaux, réunissent souvent plusieurs activités et se multiplient en Île-de-France. Les tiers lieux sont devenus, ces dernières années, "un enjeu d'aménagement des territoires", selon l'Institut Paris Région. Dans une note publiée le 21 septembre 2023, l'agence régionale d'urbanisme et de l'environnement considère que les tiers-lieux sont capables de créer des "conditions favorables" au développement d'activités économiques et de lieu social, "y compris dans les zones rurales".
Occupés par des collectivités territoriales, des entrepreneurs locaux, des entreprises internationales et des associations, ces structures connaissent une dynamique croissante depuis 2017. Le nombre de nouveaux tiers-lieux a, en effet, explosé (+66%) entre 2017 et 2022 dans la région. Fin 2022, on en dénombrait 1.030 sur le territoire.
Le coworking roi
Ceux à occuper ces structures sont surtout des indépendants, des artisans, des TPE, des associations, des jeunes entreprises mais aussi des étudiants. Ces espaces deviennent également, au fur et à mesure des années, de plus en plus hybrides. Ils mêlent plusieurs activités et sont nombreux à proposer un espace d'expérimentation de type laboratoire ou atelier.
"Chaque espace est différent, et compose sa singularité en fonction de la réalité territoriale, autour d'une diversité d'activités, d'approches et de services", indique l'Institut Paris Région. Une majorité de tiers-lieux propose du coworking (40%). Les autres offrent des bureaux mutualisés dans des centres d'affaires ou des télécentres (25%), abritent des activités d'accompagnement à l'entrepreneuriat dans des pépinières ou incubateurs (23%), comme le Quai des possibles, à Saint-Germain-en-Laye, dédié à l'économie solidaire et sociale. Enfin, 12% des tiers-lieux sont des fablab ou makerspace (réseau de laboratoires locaux).
Croissance très forte
Trois-quarts des tiers-lieux sont situés dans la Métropole du Grand Paris. Leur nombre a doublé dans la grande couronne depuis 2017. Dans le XXe arrondissement de la capitale, se tient par exemple le chantier de La Grande Coco, mené par un collectif d'acteurs de la construction qui imagine un projet exemplaire dans un ancien bâtiment industriel d'environ 1.000 m².
Paris concentre d'ailleurs le plus d'espaces, avec 464 tiers-lieux, principalement dans les arrondissements centraux (IIe, VIIIe, Xe, XIe). Ces ouvertures sont souvent guidées par la volonté de grands acteurs privés d'innover et d'avoir des espaces dans des zones à forte densité de population. Le département des Hauts-de-Seine, deuxième territoire attractif pour ce type de lieux, rassemble quant à lui 141 bâtiments.
Pourquoi ces sites ont du succès ?
Ces lieux hybrides proposent des espaces partagés et collaboratifs. "Ils permettent de travailler facilement à distance, d'entreprendre, de produire ou de créer une entreprise" et offrent "une réponse au besoin d'agilité et de cocréation", observe l'institut. Ils sont appréciés des entreprises car ils facilitent les rencontres entre professionnels et les partenariats territoriaux entre différents acteurs. Ainsi, ils "contribuent au rééquilibrage territorial entre le centre et la périphérie", analyse l'agence régionale.
Les tiers-lieux sont souvent imaginés dans une logique de proximité, porté par des initiatives citoyennes et coopératives. Ils "génèrent des externalités territoriales positives." L'institut ajoute : "du fait de leurs apports aux territoires, ils peuvent jouer un rôle moteur à l'échelle locale et, par extension, en Île-de-France. Ceci explique que, depuis quelques années, les collectivités jouent un rôle proactif en multipliant des expérimentations. Elles sont aujourd'hui nombreuses à vouloir faciliter l'implantation de tiers-lieux, notamment en dehors des zones privilégiées par les acteurs privés, et contribuer ainsi à la redynamisation de leur territoire."
Environnement
L'autre bénéfice de ces structures est qu'elles viennent parfois enrichir l'offre culturelle locale, y compris dans les quartiers prioritaires, à l'instar de Mains d'Œuvres à Saint-Ouen. D'un point de vue environnemental, elles jouent "un rôle croissant en faveur de la transition écologique au sein des territoires", soutient l'agence. Neuf tiers-lieux indépendants sur dix affirment avoir mis en place des actions de sensibilisation ou d'incitation auprès des usagers au zéro déchet, à s'engager pour le développement de circuits courts et dans l'économie circulaire. C'est le cas de La Mine, à Cachan, consacrée au réemploi et à l'innovation sociale.
Par ailleurs, ces espaces s'inscrivent dans la logique du zéro artificialisation nette (Zan), puisqu'ils sont souvent installés dans des sites réhabilités, comme des anciennes friches. On pense notamment à la Cité fertile, en occupation temporaire sur un terrain de 10.000 m² de la SNCF, ou bien à Césure, qui réunit des activités diverses sur l'ancien campus de Sorbonne-Nouvelle Censier dans le Ve arrondissement de Paris.
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