Plus rapides à recharger, plus durables et moins chères ; une startup française qui s'appuie sur des travaux du CNRS, s'apprête à industrialiser un nouveau type de batteries plus efficaces que les lithium-ion aujourd'hui dominantes. Nommée Tiamat, elle est implantée à Amiens et espère commercialiser ses batteries d'ici à 2020.

L'ère des batteries lithium-ion touche peut-être à sa fin. Aujourd'hui très répandues, elles présentent cependant des limites en termes de durée de vie, de vitesse de rechargement ou de raréfaction des matières premières. Car les ressources de ce métal alcalin, le plus léger de tous, sont peu abondantes : il ne représente que 0,06 % de la croûte terrestre et les réserves sont principalement localisées en Amérique du sud (Argentine, Chili, Bolivie). Une équipe française présentait, il y a deux ans, une piste prometteuse consistant à utiliser du sodium, quarante-trois fois plus abondant dans la croûte terrestre et exploitable tout simplement dans l'eau des océans. D'autant que les batteries seraient moins chères et plus performantes sous certains aspects, comme la durée de vie (plus de 10 ans contre 3-4 pour celles au lithium) ou la rapidité de charge/décharge (10 fois plus élevée).

 

L'aventure technologique franchit aujourd'hui un pas, avec la création de la société Tiamat, dédiée au développement et à la production de ces batteries alternatives. La startup amiénoise issue du Réseau sur le stockage électrochimique de l'énergie (RS2E) porté par le CNRS, dispose à ce jour d'une dizaine de prototypes fonctionnels de piles au format "18650", très répandu dans l'industrie. Et elle souhaite passer à la production à grande échelle d'ici à 2020.

 

S'orienter d'abord vers les véhicules électriques

 

 

Selon le CNRS, les performances affichées par les batteries sodium-ion "ouvrent des possibilités d'utilisation pour des usages aujourd'hui peu exploités, ou bien développés (mais) avec des technologies peu adaptées". Les scientifiques évoquent le stockage stationnaire des énergies renouvelables intermittentes (éoliennes, photovoltaïque) ou le stockage mobile pour les transports électriques. La jeune pousse déclare s'intéresser aux flottes de véhicules qui requièrent des temps de recharge brefs afin d'assurer une continuité d'usage. Le communiqué laisse entrevoir la possibilité de créer des véhicules disposant de 200 km d'autonomie et rechargeables en… quelques minutes.

 

Tiamat (qui porte le nom d'une divinité des eaux salées en Mésopotamie) entend maintenant développer des collaborations avec d'autres acteurs académiques et industriels du RS2E. Ceci afin de pouvoir lancer l'industrialisation, si possible dans l'Hexagone, "ce qui permettrait à la France de prétendre à un leadership dans les nouvelles solutions de stockage de l'énergie". Un grand pas en avant pour la transition écologique et la mobilité durable.

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