Le théâtre de Saint-Dizier retrouve sa magie (diaporama)

 

C'est l'architecte Xavier Fabre et son agence Fabre et Speller qui ont été chargés de la rénovation, qui a consisté, entre autres, à intégrer les éléments techniques de confort et de sécurité actuels, notamment un système de ventilation qui ne se fasse pas trop entendre, ou un renforcement de la résistance thermique «dans une structure bricolée par l'histoire».

 

Car le théâtre de Saint-Dizier est à l'origine une ancienne… halle aux blés ! Après le grand incendie qui ravagea la ville en 1775, on chargea un architecte des Bâtiments civils de construire sur la place d'armes une nouvelle halle aux blés, qui servirait également de marché couvert. Puis en 1860, la halle au blé jugée disgracieuse fut reconstruite, et une salle de spectacle fut aménagée à l'étage. Alors que le lieu devient vétuste et qu'une autre salle de spectacle est construite dans les années 1980, le théâtre est progressivement laissé à l'abandon, puis fermé en 2003 pour des raisons de sécurité.

 

Authenticité désuète
Lorsque la ville de Saint-Dizier a décidé de rénover l'édifice en 2007, elle l'a fait inscrire à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Celui-ci compte en effet parmi les quelque 400 théâtres à l'italienne construits en France depuis le XIXe siècle et la ville souhaitait conserver «l'authenticité un peu désuète» du bâtiment. C'est ainsi que sur les balcons, les fresques d'origine ont été restaurées pour coller à leur aspect d'origine. «Certes, ce n'est pas du Titien, d'ailleurs ces fresques ont certainement été dessinées par les services municipaux des années 1920 ; mais parallèlement au côté solennel des ors et du velours, nous avons voulu assumer une certaine simplicité provinciale, en respectant, notamment, la décoration et le parquet», explique François Cornut-Gentille.

 

Outre la reconstitution du décor, les sièges d'origine ont été gardés et remis à neuf. La nouvelle configuration a cependant espacé les rangées, pour mieux répondre à la morphologie des spectateurs d'aujourd'hui et permettre l'accès aux personnes à mobilité réduite. Le parquet du parterre a été légèrement bombé, pour accroître la visibilité. La scène, d'une dimension de 7 x 12m, est désormais dotée d'un plancher détrappable, et la fosse d'orchestre a été agrandie pour pouvoir accueillir plus de musiciens.

 

Coline Serreau, marraine du théâtre
A peine inauguré, le théâtre a reçu la visite de Bragards* venus nombreux, redécouvrir ce lieux qui a autrefois abrité spectacles professionnels, mais aussi représentations scolaires et réunions associatives. «Tous les Bragards ont une histoire à raconter sur ce théâtre», fait remarquer François Cornut-Gentille. D'ailleurs, l'architecte Xavier Fabre explique «qu'il était bon, pendant la restauration, d'entendre l'avis de ceux qui allaient l'utiliser ; c'est une expérience à la fois culturelle et politique de faire revivre un petit théâtre». A l'image du bâtiment et de son histoire, la programmation sera variée, et surtout pas enfermée dans un genre. C'est pourquoi la ville a choisi la réalisatrice et compositrice Coline Serreau pour être la marraine à l'image des lieux. «Je suis moi-même née dans un théâtre, et quand j'ai su que c'était un théâtre du XIXe siècle que l'on remettait en état, j'ai tout de suite dit oui», indique la réalisatrice. «Le théâtre doit être un lieu populaire, il n'y a pas d'élitisme à faire en culture. Le théâtre est un lieu de rêve, et la culture doit y exister car c'est elle qui nous réconcilie avec la vie».

 

 

*Les habitants de Saint-Dizier doivent leur nom à François 1er, qui, selon la légende, les aurait qualifiés de «Brave gars» en apprenant la résistance de la ville au XVIe siècleOn dit aussi que ce nom est dérivé de la brague, sorte de mât disposé sur les bateaux marnois ou les trains de bois assemblés à Saint-Dizier.