Un seul acteur se distingue dans le nouveau Théâtre de Saint-Nazaire : le béton. Elevé ici au rang de « matériau ultime et souverain », il passe de l'aspect lisse au ciselé, jonglant entre le passé et le futur du site. Réalisé par l'agence K-Architecture, il offre à la ville un nouvel écrin pour la création artistique. Détails.
C'est sur le site de l'ancienne gare de Saint-Nazaire que s'élève désormais le nouveau Théâtre de la ville, haut-lieu de la création et de la vie artistique locale. Ouvrir la culture à tous, tel était l'ambition de ce projet mené par Karine Herman et Jérôme Sigwalt de l'agence K-Architecture.
Inscrit dans le projet Ville-Port - qui entend depuis la fin des années 90, à faire se rejoindre la ville avec son port, l'estuaire et la mer - le Théâtre arbore une forme architecturale totalement moderne, mais qui rend également hommage au passé historique du site en étant inséré dans les vestiges de la gare du 19e siècle. Le contraste des matériaux est ainsi flagrant, et illustre les différentes influences de la ville. Il puise sa matière et son langage dans son environnement immédiat, et emprunte ainsi sa masse minérale monolithique au bunker géant, vestige de la Deuxième guerre mondiale. Le béton joue là pleinement son rôle « noble », tantôt lisse, tantôt ciselé dans une matrice inspirée des décors floraux de l'époque romantique.
Multiples procédés
Les façades en béton ont été réalisées selon deux procédés : « coulées sur place » pour les parties lisses et préfabriquées pour les panneaux matricés. Les plus grands d'entre eux, assemblées à la grue, pèsent jusqu'à 5 tonnes. Les motifs de façade ajourés diffusent une lumière tamisée sans ce grand volume d'une hauteur sous plafond de 11.50 m. Les différents volumes du bâtiment sont identifiés par leur revêtement : ainsi, la salle de diffusion et sa cage de scène forment l'édifice principal en béton ; le hall, la salle de création, les loges et ses locaux techniques sont entreposés sur leurs flancs et se distinguent par un bardage en châtaigner.
« Je gage que Le Théâtre intégrera le miroir aux multiples facettes de notre cité, autant le bâtiment que les représentations qui y seront données, et le bâtiment autant par sa forme que par la localisation dans l'ancienne gare », confie avec fierté Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire.
Fiche technique
Maîtrise d'ouvrage : Sonadev pour la ville de Saint-Nazaire
Architectes: K-architectures, Karine Herman et Jérôme Sigwalt, architects - Olivier Jonchère, architecte chef de projet - Alexandre Plantady, architecte chef de projet esquisse
Bureaux d'études : Changement à Vue (scénographe) - Altia (acousticien) - Alto (BET fluides) - Khephren (BET structure) - Bougon (économiste)
Surface du bâtiment : 3 900 m² (surface utile) dont
- accueil : 570 m²
- diffusion : 2 025 m²
- création : 465 m²
- bureaux : 295 m²
- locaux techniques : 545 m²
Hauteurs :
- salle de création = 13,20 m
- salle de diffusion = 18 m
- cage de scène = 24,50 m
Jauge : 773 à 826 places au total, dont 18 pour les personnes à mobilité réduite (PMR)
Mise en œuvre :
6.500 m3 de béton
8.800 m² de planchers béton
190 tonnes d'acier à béton
50 entreprises au total
40 à 50 compagnons pendant 24 mois de travaux,
Budget : 15,5 M€ TTC de travaux (dont 20% consacrés à la scénographie) et un budget global pour la construction et l'aménagement de 21 M€ TTC
Vue générale
Le site du théâtre a connu une époque flamboyante. C'était une gare ferroviaire des plus mondaines qui accueillait les riches passagers des navires transatlantiques.
Rue
La gare est très endommagée et sera abandonnée. Cette zone de Saint-Nazaire deviendra des confins industrieux et ce n'est que très récemment que la ville s'est lancée à sa reconquête urbaine avec le vaste projet Ville-Port dont le théâtre est l'une des étapes clés.
Façade
La salle de diffusion et sa cage de scène forment l'édifice principal en béton. Le reste des fonctions annexes (le hall, la salle de création, les loges et ses locaux techniques) est comme entreposé sur leurs flancs. Leurs volumes se distinguent nettement par un bardage en châtaignier dont l'appareillage est directement inspiré des amas de palettes propres aux sites industrieux.
Ancien bunker
Le théâtre puise sa matière et son langage dans son environnement immédiat. Il empreinte sa masse minérale monolithique au bunker géant et y ajoute des volumes simples à la manière des architectures utilitaires.
Billetterie
Le pavillon ouest, ancien buffet de la gare, loge la billetterie. Cet espace intègre dix panneaux issus de l'ensemble décorant les parois latérales de la salle de spectacle du paquebot France (1962-1979). Déposées lors de la reconversion du transatlantique en navire de croisière, ces panneaux ont été rachetés par la ville de Saint-Nazaire aux enchères en Norvège.
Le maire de Saint-Nazaire demandera ensuite aux architectes de « son » futur théâtre de leur faire une place d'honneur.
Le maire de Saint-Nazaire demandera ensuite aux architectes de « son » futur théâtre de leur faire une place d'honneur.
Escaliers
Des escaliers protocolaires, habillés de tôles perforées reprenant les teintes des panneaux du France, s'y élèvent et annoncent l'échelle de la grande salle.
Salle de spectacle
La salle accueille 826 places. Le parterre, d'un seul tenant, offre une capacité d'environ 530 places, dont 110 places en gradin de fosse rétractable, permettant l'installation d'une fosse d'orchestre. Un balcon enveloppant la salle de part et d'autre offre une capacité complémentaire de 296 places assises.
Lumières
Cette salle est sobre et minérale, comme creusée dans le roc d'une carrière.
La scène
Les textiles épais et généreux des fauteuils sont les seules concessions au confort. Ce rapport est volontairement contrasté pour susciter un lien quasi dramaturgique avec la salle et les spectateurs pendant les minutes qui précèdent le spectacle.
Vue de nuit
L'entrée du site est aujourd'hui cadrée par les vestiges de l'ancienne gare, deux pavillons liés d'une arcade.
Contrastes
Logo
Le béton est élevé au rang de matériau ultime et souverain. Son aspect passe du lisse au ciselé. Une matrice l'anoblit çà et là d'une empreinte florale qui le lie au classicisme de la gare et aux théâtres romantiques.
Coupe
